The Devil's Embrace (Réécriture)

𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝟸 : 𝙰𝚛𝚒𝚊

Éléna n'arrête pas de bouger. Elle jette des coups d'œil rapides partout dans la salle, comme si elle s'attendait à ce que quelque chose explose à tout moment. Ses doigts tressautent, ses pieds tapent nerveusement le sol, et elle fait le tour de la pièce pour la énième fois.

Moi, je suis assise, les bras croisés, adossée à ce banc en bois miteux. Habituellement, on est toutes entassées ici pour une raison bien précise : des « auditions ».

C'est là qu'ils viennent nous inspecter, nous juger, décider si l'on est prêtes pour leur sale marché. Ils nous toisent du regard, nous traitent comme du bétail à vendre. Je devrais m'y être habituée.

Mais là, quelque chose est différent.

Je regarde Éléna. Elle ne tient plus en place. Je la comprends, même si je préfère jouer la carte de l'indifférence. C'est ma façon à moi de tenir. Mais son agitation commence à me taper sur les nerfs.

— Tu sais que tourner en rond ne va pas faire apparaître une issue magique, hein ?

Elle ne répond pas tout de suite. Elle m'ignore, ou du moins, fait semblant de ne pas m'entendre.

  — T'as pas remarqué ? finit-elle par lâcher, sa voix tendue, sans me regarder. C'est trop calme.

— Sérieusement ? Tu t'attendais à quoi ? Une fête surprise avec ballons et cotillons ?

Pas de réponse. Pas un sourire. Rien. C'est là que je comprends. Elle ne plaisante pas. Je fronce les sourcils, me redressant légèrement.

— Ils nous ont laissées seules...

Je la fixe, essayant de comprendre où elle veut en venir.

— Mais c'est déjà arrivé ?

Je dis ça pour me rassurer, mais au fond, je sais que non.

— Pas comme ça, non. D'habitude, ils sont toujours là. Ils contrôlent. Ils donnent des ordres. Elle baisse la voix, presque comme un murmure. Là, c'est comme s'ils attendaient... quelque chose.

Ça me donne un léger frisson. Je déteste quand elle a ce ton-là. Ce ton qui signifie qu'elle en sait bien plus que moi.

— Et qu'est-ce qu'on fait, alors ? On attend aussi, c'est ça ?

Son visage reste crispé.

— J'en sais rien. Mais ça pue.

Ça, je ne peux pas la contredire. Elle a raison. Ça pue vraiment.

Et comme si l'univers entendait mes pensées, le grondement d'un rideau électrique déchire l'air. Tout le monde se fige. Mes yeux se plissent.

Doucement, le rideau se lève, dévoilant des silhouettes noires, menaçantes. Mais parmi elles, une seule attire tous les regards.

Le Passeur d'âmes. Lui-même. Ça commence bien...

Le chef de tout ce cirque. De l'Étreinte pour être exacte. Oui, c'est ironique, n'est-ce pas ? Que cet endroit soit baptisé ainsi, vu ceux qui le dirigent.

Il est connu comme une légende, un monstre qu'on ne croise jamais. Sauf que là, c'est réel. Il est là, en chair et en ombres.

Capuche sur la tête, masque sur le visage, gants en cuir. Aucune peau visible. Un vrai fantôme.

Si ça devait faire peur, c'est raté.

À côté de moi, Éléna se tend. Elle balaye la salle du regard comme si elle cherchait un moyen de s'échapper.