𝙰𝚛𝚒𝚊 . 1

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 On arrive aux bancs délabrés, et elle me fait asseoir sans cérémonie. Elle s'installe juste à côté, posant son dos contre le mur grisâtre.

— Reste là. Bouge pas trop, t'as déjà l'air sur le point de t'effondrer.

Je hoche la tête, encore trop sonnée pour parler. Autour de nous, l'atmosphère est lourde, presque étouffante, mais sa présence à mes côtés semble repousser un peu des ténèbres.

 Elle laisse un court silence s'installer, observant les alentours. Son regard est vif, alerte, comme toujours.

— On va s'en sortir, Aria. Faut juste attendre le bon moment.

Mon cœur rate un battement. Ce n'est pas tant ce qu'elle dit, mais comment elle le dit. Avec cette assurance qui m'a toujours poussée à la suivre, même quand tout semblait perdu.

Je sens son regard se tourner vers moi pour m'analyser. Elle ne le dira probablement pas, mais je sais qu'elle s'inquiète de me voir dans cet état.

— Pas mal pour quelqu'un qui devait s'effondrer, non ? Je murmure entre mes dents, jetant un coup d'œil à Éléna.

Elle lève un sourcil, comme si elle s'attendait à mieux. Toujours cette fichue perfection incarnée. Je déteste ça, enfin... pas vraiment, mais ça m'agace.

— Si t'as fini de faire ta diva, on va pouvoir parler sérieusement.

Je ne peux m'empêcher de sourire, ou du moins, d'essayer. Mon corps tout entier proteste, mais mon esprit refuse de s'avouer vaincu. Sarcastique jusqu'au bout, même en morceaux.

— Bien sûr, Éléna, vas-y. Dis-moi donc, c'est quand qu'on se fait la belle ? Avant ou après que je finisse estropiée ?

Elle ne répond pas immédiatement, mais je capte un éclat amusé dans ses yeux. Et ça, ça vaut tout l'or du monde ici. Elle croise ses bras sur sa poitrine, son regard droit devant, comme si elle évaluait toutes les sorties possibles de cet enfer.

— T'as toujours eu ce talent pour la comédie.

— Merci, je fais de mon mieux.

En vrai, elle sait. Elle sait que je ne lâche jamais prise, même quand je devrai. Que je préfère crever plutôt que de montrer que j'ai peur. 

Ça l'agace autant que ça l'amuse, et au fond, ça me fait marrer aussi. Parce que si je ne peux pas rire, alors quoi ? Pleurer ? Très peu pour moi.

Je tente de bouger, mais mes jambes semblent constituée de plomb. Un soupir m'échappe, malgré moi.

— Prends ton temps, Aria. La voix d'Éléna se fait un peu plus douce, presque imperceptible. On va sortir d'ici, mais pas en courant.

Je la fixe un moment. Son calme. Sa patience. Comment fait-elle pour rester aussi posée dans ce genre de situation ? Moi, je suis déjà en train de planifier cinq façons de m'échapper, même si chacune d'elles implique probablement de perdre ou de me casser quelque chose au passage.

— T'es trop zen pour moi, je lâche en secouant la tête. Si ce n'était pas toi, je parierais que t'as avalé un truc.

Elle rit, un vrai rire, léger, mais sincère. Ça tranche avec la noirceur de l'endroit, et pour un instant, l'atmosphère semble moins lourde. Juste un instant.

Puis, son regard se durcit à nouveau, sa mâchoire se serre. Elle retourne à son analyse de la pièce, son esprit probablement déjà trois coups d'avance sur la prochaine étape. Éléna, toujours la stratège, la tête froide, là où moi je suis prête à foncer dans le tas si ça devient nécessaire.

The Devil's Embrace (Réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant