Chapitre 9
Point de vue : Valerius
Jamais plus je ne ferais confiance, ni à un maître, ni à un noble, ni à quelqu'un du peuple, ni à un esclave ou un gladiateur comme moi. Je ne sais plus si je peux me faire confiance, ma vie n'est qu'un fardeau.
Le matin est bientôt là, et l'odeur fraîche de la rosée est très agréable, pas comme celle des rats dans mon arène.
Octavius dort toujours, hier soir, il m'a demandé une chose folle ; l'aider à réussir sa mission... Sauf que... Il y a une chose que je ne comprends pas, il n'a pas besoin de mon accord pour l'aider, il ne devrait même pas me le demander, je ne suis que son esclave, le gladiateur qui le protège pendant son voyage. Mais lui, il me demande si je veux l'aider dans sa mission ?
Octavius, que cachez-vous ?
Je ne suis pas dupe, mais ses raisons sont obscures. Pourquoi un noble, le fils de l'empereur, voudrait que je l'aide de moi-même ? En dehors de mon devoir ?
D'un autre côté, c'est bizarrement agréable... Je ne veux pas ressentir cela, mais il m'a demandé de l'aide... C'est la première fois qu'on me fait ce genre de proposition, comme si mon avis comptait. Mais, encore une fois, j'étouffe l'espoir qui me réchauffe la poitrine. C'est obligatoirement une ruse, un moyen de me manipuler pour mieux me brûler.
Et je ne veux plus jamais être brûlé.
Je ne sais même plus ce que je veux. Avant Octavius, tout était simple ; obéir, survivre, oublier. Mais maintenant, maintenant qu'il s'est passé des choses, je ne sais plus ce que je dois faire. Il y a eu Marcus, et puis j'ai pris pour la première fois de ma vie un vrai choix, Octavius est trop flou pour que je le pense vraiment, mais il fait... Attention à moi, d'une certaine manière.
C'est plus que je ne peux gérer, mais j'encaisse. Je suis une arme de spectacle, je ne devrais même pas ressentir tout ça.
Et pourtant, malgré que ce soit moi qui ai sauvé Octavius, qu'il m'ai noyé, puni, frappé... Je crois que je ressens de la gratitude envers lui ? Pourquoi ? Pourquoi est-ce que ça m'arrive ? Parce qu'il m'a donné à manger, parce qu'il me laisse dormir, parce qu'il ne se moque pas de moi, parce qu'il me soigne ? Son regard qui m'analyse. Comme si j'étais... Quelque chose... Quelqu'un.
Peut être la fois où il m'a aidé à traverser la foule, dans le marché, quand j'en avais le plus besoin.
La peau de mon poignet, là où sa paume et ses doigts me tenaient me brûle encore. Pourquoi m'a-t-il aidé ? Par pur esprit de stratégie ?
Ça suffit.
Mes pensées sont trop dangereuses, la vérité, la vérité seule, c'est que je ne peux faire confiance à personne, vraiment personne. Parce qu'au moment où je commencerais à espérer, on me plantera le dos, plusieurs fois, au même endroit et ailleurs, juste pour me voir saigner et me laisser voir mon coeur se briser à nouveau.
Je n'ai plus confiance. Je ne veux plus faire confiance. J'ai besoin d'avoir confiance en quelqu'un. Mais je ne veux plus. Ça fait trop mal.
Plus jamais.
Octavius : -Valerius ?
Octavius vient de se réveiller, il s'est assis, et je ne l'avais pas remarqué. Il a déjà rabattu sa cape sur ses épaules, et recoiffé ses cheveux de ses mains. Ce qui veut dire... Qu'il s'est réveillé il y a un moment, mais que je ne l'avais pas entendu ? Encore une fois, il ne m'a pas puni ?
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Foedus Umbrea
Historical FictionEmpire Romain. Octavius, le fils de l'empereur, doit retourner au palais pour délivrer une information capitale. Il achète le meilleur gladiateur qu'il trouve : Valerius. Mais les deux jeunes hommes se détestent dés qu'ils se rencontrent : Octavius...