Chapitre 16
Point de vue : Valerius
Une lumière crue et jaune brule mon visage. J'ouvre mes yeux, et je les referme aussitôt quand les rayons du soleil levant brûlent mes iris.
Hier soir, après mon combat contre les espions, je n'avais plus aucune force.
Il y a du bruit à côté de moi ; comme si on effleurait des feuilles mortes. Je tourne l'œil vers la droite.
Octavius ?
Le fils de l'empereur est allongé à mes côtés, il est endormi et bouge dans son sommeil. Oh. C'est vrai. Ce qui s'est passé la veille, j'avais oublié... Il m'a hurlé dessus, à nouveau, il m'a aussi frappé, pas que ses coups étaient la pire chose que j'ai eu, mais il a réussi à me faire saigner, et après... Je ne sais pas, il s'est calmé, il s'est allongé là et il a commencé à me parler.
Je ne sais plus si j'avais raison de négocier pour rester avec lui. J'ai toujours une dette envers lui, il m'a sauvé la vie, alors... Il n'allait plus accepter de me garder, il me déteste plus que je ne le fais envers lui, mais il a accepté, à la fin. Peut-être qu'il était trop fatigué, peut-être que, quand il va se réveiller, il va changer d'avis et me rejeter à nouveau.
Mais il est intelligent, il sait qu'il ne peut pas continuer seul, et après tout, il m'a acheté moi, le gladiateur, pour pouvoir assurer sa défense pendant cette mission.
La pluie a arrêté de couler, depuis longtemps, je pense, puisque le sol a eu le temps de sécher.
Octavius bouge encore, il grimace. Surement à cause du soleil, il est lumineux au point que je me suis réveillé à cause de lui.
Octavius... Pourquoi a-t-il essayé de me parler, hier soir, comme si rien ne s'était passé ? Que m'avait-il dit, déjà ? Ah, oui, qu'il est censé être parfait, que je suis insupportable, que je le trouble et il m'a aussi demandé pourquoi je ne réagis jamais...
D'habitude, je ne fais confiance à personne. Je suis censé être une arme, sans émotions et sans désir, mais rien n'est plus simple depuis que Octavius m'a acheté. Maintenant, je me retrouve à lui faire presque confiance, parfois... Il m'a chassé, et je suis revenu, contre ses ordres, pour le protéger, parce que c'est mon devoir et que je l'ai promis, mais...
Je savais, ou du moins, je pensais qu'il me manipulait depuis que... Depuis que je me suis presque énervé, sous la pluie, ce jour-là en ville.
Je savais qu'il me manipulait, peut-être était-il le premier maître à me manipuler au lieu de me blesser directement, mais d'une manière ou d'une autre, lui est pire que les autres. Pire parce que je ne sais pas quand quelque chose est réel ou non. Mais de toute façon, j'ai abandonné.
Même si je savais qu'il me manipule, il y avait quelque chose au fond de moi qui se tordait, comme si j'y croyais, un peu...
Mais hier, il a dit qu'il me manipule, alors j'avais bien raison, je veux dire, il me mens depuis le début. Et je suis tombé dans son piège. Pas que je puisse m'en sortir, c'est lui qui décide entre nous.
Quand il m'a dit que c'était vrai, qu'il m'utilisais, ça m'a fait plus mal que ce que je ne pensais. Pourtant, je savais que c'était vrai, j'y étais préparé, mais pourtant, le froid de la déception m'a encore planté dans le dos.
Octavius a raison de dire que je ne suis qu'un stupide gladiateur. Parce que c'est ce que je suis. Mais Octavius a aussi été, d'une certaine façon, le seul maître qui ne m'a pas traité comme les autres l'ont fait. Mais c'est aussi ce qui le rend plus dangereux, parce que ça rend toute cette situation pire.
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Foedus Umbrea
Historical FictionEmpire Romain. Octavius, le fils de l'empereur, doit retourner au palais pour délivrer une information capitale. Il achète le meilleur gladiateur qu'il trouve : Valerius. Mais les deux jeunes hommes se détestent dés qu'ils se rencontrent : Octavius...