SEVEN ASHES

Chapitre 2

★Willow★

L'anxiété, c'est un peu comme la pluie. Au début, ce n'est qu'un murmure dans l'air, un ciel un peu tout gris, une sensation que quelque chose ne va pas. Ceux qui ne sont pas habitués craignent la pluie, et les plus vaillants apprennent à vivre avec. Les premières gouttes tombent toujours plus légères. Elles sont presque imperceptibles, comme les pensées qui surgissent sans prévenir. Mais très vite, tout s'intensifie. La pluie devient plus forte, plus insistante, et bientôt, c'est une tempête qui s'abat sur toi. Tu te sens submergée, comme si chaque goutte était une inquiétude qui te martelait sans relâche, te laissant à peine le temps de reprendre ton souffle.

C'est exactement ça. Une pluie qui semble ne jamais vouloir s'arrêter. Tu essaies de t'abriter, de fuir, mais peu importe où tu vas, elle te suit, elle s'infiltre partout, sans que tu ne saches où elle va, ni pour combien de temps elle va rester là. Tu as beau essayer de te calmer, de te convaincre que ça va passer, l'orage est là, et tu te sens prisonnière de cette tempête. Ton cœur s'emballe, ton souffle se coupe, et tout devient flou, comme si l'univers entier rétrécissait autour de toi.

Mais même les plus violentes tempêtes finissent par se dissiper. Peu à peu, les nuages s'éloignent, la pluie se calme, et le ciel reprend sa couleur. C'est là que tu réalises que, malgré tout, tu es encore là. Essoufflée, peut-être, mais debout. Et tout comme la pluie nourrit la terre, ces moments où tu te croyais perdue finissent par te rendre plus forte.

Parce que, après la pluie, il y a toujours ce moment où tout semble plus clair, plus pur. Aussi terrifiant soit-il, l'orage finit par passer, et tu en ressors différent. Plus solide, plus prêt à affronter la prochaine averse, même si elle te prend par surprise.

Assise contre le rebord de ma fenêtre, je fixe mon sac posé sur le lit, de l'autre côté de la pièce. Mes lèvres sont déjà un peu mordillées, et ma jambe tremble nerveusement sans que je puisse la calmer. Tout est prêt... ou presque ? Deux carnets, une trousse rouge carmin neuve remplie de mes stylos préférés. Chaque chose à sa place. Pourtant, cette sensation oppressante continue de me nouer la poitrine. Un étau qui se resserre. La crise d'angoisse continue.

Aujourd'hui, c'est le grand jour : ma première journée à l'université de Portland. Une nouvelle étape, celle que j'ai toujours rêvée de franchir. Alors pourquoi est-ce que je panique ? Si j'intègre cet endroit, c'est grâce à cette bourse inespérée pour le cursus musical. En théorie, je devrais être comblée. C'est ce que j'ai toujours voulu : plonger dans l'univers de la musique, apprendre à composer, à jouer comme les plus grands.

Pourtant, maintenant que c'est réel, cette peur me paralyse. Une petite voix maudite, dans ma tête, me murmure que je ne mérite pas d'être là. Que va-t-il se passer si je ne suis pas à la hauteur ? Si je ne trouve pas ma place dans cette mer d'inconnus ? Je me redresse, et mes yeux se posent encore une fois sur mon sac. Tout est en ordre. Mais ça n'apaise pas le poids qui pèse sur mes épaules.

- Willow ?

Je sursaute, ramenée à la réalité. Ma petite sœur, Olivia, se tient dans l'encadrement de la porte, ses grands yeux clairs me fixant avec cette douceur familière. Elle ressemble tellement à maman dans ces moments-là.

- Qu'est-ce qu'il y a ? je lui demande, tentant de dissimuler mes émotions derrière un sourire forcé.

- Tu pars vraiment aujourd'hui ? demande-t-elle d'une petite voix hésitante.

Je laisse échapper un léger soupir. Olivia sait bien que je ne m'en vais pas définitivement, mais je saisis ce qu'elle veut dire. Mon départ à l'université va la laisser encore plus isolée, surtout avec Marcus à la maison. Leur relation n'a jamais été très forte, et cela n'a pas évolué avec les années.