J'ai attendu ce moment depuis si longtemps, ne serait-ce que pour avoir une parcelle de réponse à mes éternelles questions. Pourquoi est-ce que je ne meurs pas après un peu plus d'un siècle et demi d'existence ?
J'étais certaine que cet homme plus...
Sans m'en rendre compte, je porte soudainement toute mon attention à la vie qui a repris autour de nous. La pluie ayant cessé, le parvis est maintenant occupé par quelques mortels qui sont sortis de leur tanière.
—Vous auriez dû venir me voir plus tôt, lorsque je n'étais qu'un novice scientifique égocentrique. Vous auriez changé ma vie et j'aurais fait de vous un petit rat de laboratoire. Oh ! J'aurais pris soin de vous, je vous assure.
Je lui souris d'un air incertain. Mes pensées se tournent maintenant vers lui et vers cet univers secondaire. C'est un scientifique après tout.
—Le voilà, votre beau temps, dis-je pour me moquer de lui et pour briser cette sensation de déjà-vu.
Dans ce miroir infini, à quel endroit nous trouvons-nous en ce moment ? Combien de fois ai-je, ou une autre moi, eu cette conversation avec lui ? Dans la mesure où sa théorie est la bonne. Mais, logique, est le mot qui me vient aussi à l'esprit.
Il me sourit de toutes ses dents.
—Ce beau temps me ramène à la réalité, il me faut malheureusement retourner à mon hôtel. Mon avion part très bientôt. J'ai été ravi de faire votre connaissance, mademoiselle... je ne sais même pas votre nom.
Je m'approche de lui et je le chuchote dans son oreille. Il ricane de son rire haut perché.
—Alors, ravis de vous avoir rencontrée, Mlle Singularité.
Je sors de ma poche un petit carnet et un crayon à mine de plomb et dessine un crochet à côté de son nom. Intrigué, il revient sur ses pas et se penche sur la page que j'ai ouverte et y lit son nom, Einstein.
—Qu'est-ce donc cette liste ?
—C'est en quelque sorte, ma Bucket list.
—Une... Bucket list?
—Oui, bien... lorsque j'ai constaté mon... immortalité, j'ai pensé qu'il serait intéressant de rencontrer ces gens qui ont marqué ce siècle. Alors je me suis fait une liste de personnage que je souhaitais un jour faire la connaissance.
—Ah ! fit-il en me regardant d'un air circonspect, sa pipe sur le bord de ses lèvres.
—Et... qui avez-vous rencontré jusqu'à maintenant ? Mis à part moi, évidemment.
—Et bien ! J'ai eu l'incroyable chance de me faire rembarrer par le charmant poète, M. Victor Hugo. Thomas Edison n'a même pas daigné poser les yeux sur moi et je suis arrivée trop tard pour rencontrer Klimt, je n'ai pu que déposer une pierre dorée sur sa tombe. J'ai rencontré M. Jules Verne au printemps de 1858 à Paris. Ouf ! Vous n'imaginez pas la discussion que nous avons eue. J'en ai peut-être trop dit sur mes connaissances du futur d'ailleurs. Et maintenant vous.
—Et, qui sera l'heureux élu après moi ?
Je penche la tête et regarde le nom suivant le sien.
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