🎠CHAPITRE 4 🎠

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Un pas après l'autre, vous avez grimpé.

Un pas après l'autre, vous avez appréhendé.

Un pas après l'autre, vous êtes venu à regretter.

Et pourtant, vous y voilà. Vous avez pénétré à l'intérieur même du sanctuaire et vous vous êtes posé bien des questions, prêt à rebrousser chemin, mais n'est-ce pas là l'expérience d'une vie ? Après tout, vous avez pris votre temps pour analyser un tour du circuit et ça n'a pas l'air de durer si longtemps... Peut-être deux minutes et encore. Qu'est-ce donc deux petites minutes dans votre vie ? Pas grand chose.

Allez, ne reculez pas... Avancez ! Avancez donc, elle vous attend.

Elle ?

Oui, il y a, en contrebas, une jeune femme qui vous attend. Elle ne dit rien, mais elle affiche un faible sourire en coin. Probablement de la courtoisie. Elle vous regarde hésiter et attend patiemment que vous la regardiez à son tour avant de crier ardemment :

— Allez, on descend !

Décidément. On ne vous laisse pas le temps de souffler. Pour la troisième fois depuis que vous êtes rentré dans l'attraction, vous jetez un énième coup d'œil par-dessus votre épaule et constatez avec grand regret que vous êtes toujours bel et bien le seul à être présent. Alors pourquoi donc vous pressez ? Ils ne vont tout de même pas vous expédier dans cette infernale machine sans aucune compagnie... Si ?

Néanmoins, vous vous exécutez, car vous sentez le regard insistant de la personne se trouvant en bas des escaliers. Elle est là, appuyée contre une toise, se tenant de façon presque nonchalante. À l'instar de ses collègues que vous avez trouvés à l'extérieur, elle n'a, elle aussi, pas vraiment l'air de respirer la joie de vivre. Quel dommage, c'est un bel endroit et une belle journée, non ?

— Vous êtes seul ? Rangée numéro une, s'il vous plaît, dit-elle d'un ton un petit peu expéditif.

Vous vous dirigez vers le chiffre indiqué sans plus de formalités. Vous n'avez pas eu le droit de dire quoi que ce soit ni même le temps et tandis qu'elle vous observe vous parquer dans votre petite lignée, vous attendez patiemment que celle-ci ait le dos tourné pour changer de place discrètement.

Jamais, ô grand jamais, vous ne serez devant ! Tout le monde dit que ce sont là les pires places qu'il soit. Être seul, c'est une chose, mais souffrir seul ? Oh que non !

— Rangée numéro une, j'ai dit ! Pensez aux autres !

Finalement, vous vous êtes fait attraper, tel un voleur débutant. Débusqué tandis que vous aviez subtilement glissé sur la rangée trois. Le milieu, c'est bien le milieu.

En outre, elle a mentionné d'autres personnes, mais il n'y a que vous, non ? Qu'est-ce que ça peut bien lui faire que vous vous soyez décalé... Il n'y a que vous. Quels autres

Néanmoins, elle ne vous lâche pas du regard, telle une vigie, et s'assure que vous ne bougiez pas de nouveau.

Un quatrième coup d'œil et vous confirmez... Oui, vous êtes bel et bien seul.

Les portillons de sécurité s'ouvrent dans un grand fracas qui vous arrache un léger sursaut tant, l'espace d'un instant, vous aviez oublié que vous deviez embarquer.

— Allez, on y va ! Pensez à retirer votre sac et attention à la fermeture des portes !

Ça y est, le moment est venu. Vous ne pouvez plus reculer, ni même renoncer. Vous êtes assis, là, devant, et l'angoisse monte, vous saisissant le cœur et l'estomac. À présent, vous regrettez. Vous regrettez d'être monté. Vous regrettez même d'être venu jusque-là.

On vous baisse un harnais sur la tête, manquant de vous assommer au passage, et vous voyez une autre personne devant vous qui vous regarde tout aussi bizarrement que toutes les autres avant elle. Un jeune homme. Il tient ses poings fermés et fait des gestes à votre égard que vous ne comprenez pas. Il vous regarde, vous dévisage et avec un léger sourire en coin amusé vous dit :

— On tire, on pousse !

On fait quoi

WickedOù les histoires vivent. Découvrez maintenant