Prologue

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Evanescence - My immortal.


Un crissement de pneus, des hurlements. Je n'ai pas le temps de réaliser ce qu'il se passe que la carrosserie se tord près de moi. L'impact frappe comme une décharge électrique, la collision est brutale. Mon corps est propulsé et ma tête se cogne sur toutes les surfaces qui se trouvent autour de moi, je ne peux la retenir tant les secousses sont puissantes. Mon cœur bat à tout rompre, si bien que j'ai l'impression qu'il va exploser. Je sens la voiture glisser, perdre le contrôle. La vue extérieure se brouille. Les tonneaux s'enchaînent, paraissant ne jamais s'arrêter. Une bulle d'angoisse se forme dans ma gorge, m'empêchant de respirer convenablement. Des cris de terreur étouffés sortent de ma bouche. Quand soudain, un bruit assourdissant gronde, un choc violent immobilise le véhicule et tout s'arrête.

Paniqué et confus, je ne comprends pas vraiment ce qu'il vient de se passer. Je ne sais pas si il s'agit de ma vision ou si c'est l'épaisse couche de fumée grise qui envahit l'intérieur de la voiture, mais je n'y vois rien. Je me frotte les yeux afin de pouvoir déterminer ce qu'il se passe autour de moi. L'odeur âcre du métal chaud et du caoutchouc brûlé attaque mon nez et mes poumons, si bien que je ne peux empêcher une toux grave. Une grimace déforme mon visage lorsqu'une douleur diffuse et intense traverse ma boite crânienne. Mes jambes sont coincées par la banquette face à moi, mais lorsque je tente de me libérer, je remarque que ma ceinture est bloquée également. Le sort s'acharne à me retenir prisonnier. Mon cœur s'emballe et la crainte m'envahit. Je réalise que je suis piégé dans cet amas de tôle déformée.

—Papa ? l'imploré-je d'une voix tremblante.

Un frisson de terreur traverse ma colonne vertébrale.

—Putain papa, réponds, crié-je en secouant son siège.

Je dois me sortir de là, nous sortir d'ici.

L'adrénaline mêlée à la frayeur me pousse à libérer mes jambes brutalement, ce qui n'est pas sans conséquence. Je sens un liquide chaud et épais couler sous mon jean, cependant, je ne m'y attarde pas et m'acharne sur cette foutue sangle qui me brûle le cou. Je réussis en quelques secondes à m'en défaire. Épuisé, je reprends mon souffle quelques instants, mon corps ne semble pas être en accord avec mon cerveau, il me fait atrocement mal, m'empêchant presque de bouger. Une douleur lancinante se diffuse rapidement dans ma tête jusqu'à mes tempes, j'ai la sensation que mon crâne est pris au piège dans un étau qui se resserre au fur et à mesure des secondes. Je passe rapidement une main dans mes cheveux et ce n'est que lorsque je la retire que je constate avec frayeur une couleur rouge vif sur les bouts de mes doigts, et merde. Je n'ai pas de temps à perdre et me force à ne pas songer au pire. Je glisse mon corps entre les deux sièges avant pour évaluer les dégâts et la vision d'horreur qui s'y trouve me déclenche un cri d'effroi. Je plaque ma main sur ma bouche, puis détourne le regard quelques secondes.

Du sang, beaucoup de sang !

Quand je prends conscience de l'ampleur de cet accident, la panique ne cesse de m'envahir. Des scénarios prennent forme dans mon esprit. J'ai peur, et je crois n'avoir jamais eu aussi peur de ma vie. Je ne suis pourtant pas le genre d'homme à craindre la mort, mais je redoute le plus c'est de subir la mort de l'être le plus important dans ma vie.

Je m'approche des corps amochés, et pose ma main droite sur l'épaule de ma belle-mère puis mon autre main sur celle de mon père. Je les secoue doucement.

—Charlotte, murmuré-je près de son oreille.

Aucune réponse. Je tourne ma tête lentement.

—Papa, sangloté-je, s'il te plaît.

Il ne réagit pas. Mes mains tremblantes cherchent à évaluer ses blessures. Lorsque soudain, entre deux quintes de toux sanglante, il chuchote.

—Sort d'ici Maiden, je t'aime.

Il lutte quelques secondes, s'accrochant désespérément à mes prunelles. Je souffre de ce que je découvre dans le fond de ses yeux voilés et chargés de larmes. Puis ses pupilles se fige et son corps se ramollit sous mes mains.

Non, non, non...

—Papa, reste avec moi ! crié-je en tentant de plaquer son dos contre son siège.

Je peine à respirer. Il est tout ce qu'il me reste.

Je colle mon front sur ses cheveux ensanglantés, le suppliant dans un murmure, de rester en vie. Je pose ma main sur son buste et approche mon oreille devant sa bouche, aucun courant d'air ne passe. Putain, non.

—Au secouuuurs !!! hurlé-je, ma voix résonnant dans la voiture. Aidez-moi !!

Je ne suis plus en capacité physique de le maintenir dans cette position. Impuissant, je lui murmure :

—Je t'aime aussi papa. Je suis désolé, tellement désolé.

Je dépose son corps doucement, en faisant attention à ne pas heurter sa tête puis me laisse tomber sur le siège arrière. Mes mains encerclent ma tête, puis un hurlement de détresse s'échappe de ma gorge, il est si puissant que l'écho résonne dans la voiture. La souffrance est telle, que j'ai l'impression qu'un trou béant se forme dans ma poitrine.

C'est n'est pas possible...Pas ça. Non, pas toi, papa.

Malheureusement, je n'ai pas le temps de laisser la tristesse prendre le dessus sur ma volonté de m'en sortir. Je tente de réunir mes esprits et ravale ma peine

Toutefois, la douleur qui encercle ma boîte crânienne commence à m'inquiéter, elle semble être plus importante que je ne l'estimais. Elle se propage sur mon visage ainsi que dans mes yeux. Je le sens, je le sais que c'est grave. Mon rythme cardiaque s'affole au point de rendre mon cœur douloureux. Je suis tellement terrifié à l'idée de mourir ici. Mais je n'abandonnerais pas. Mes muscles se tendent de rage.

Je.ne.crèverai.pas.ici.

Je m'allonge le long des sièges et avec de gros coups de pieds, je tente d'ouvrir ma portière. Mes mouvements sont énergiques, presque désespérés. Malheureusement, elle ne cède pas sous mes assauts. Je suis à bout de force, le corps endolori par la douleur, je m'arrête. Ma tête est lourde et ma vision se trouble. J'ai la sensation que mon corps flotte et que le monde tourne autour de moi. Je pose mes mains sur mon buste afin de mesurer les battements de mon cœur qui me paraissent beaucoup trop rapides. Ma respiration se fait erratique, cherchant de l'air. Mes membres s'engourdissent. Que m'arrive-t-il,?

Quand mes paupières lourdes se ferment malgré ma résistance, un soulagement diffus se propage en moi. Mes muscles se relâchent, mes épaules s'enfoncent dans le cuir et mes mains glissent le long de mon corps. J'ai besoin de repos, juste un petit instant.

Ne t'endors surtout pas Maiden ! crie ma voix intérieure.

Surpris par l'écho dans ma tête, je tente de lutter de toutes mes forces, mais je n'y arrive pas, je n'y arrive plus.

—A L'AIDE ! hurlé-je une dernière fois.

Je ne suis plus capable, physiquement et mentalement, d'entreprendre une quelconque tentative pour me sortir d'ici. Je suis foutu. Je me sens tellement impuissant, que des larmes coulent le long de mes joues, je peux sentir l'une d'entre elles atterrir entre mes lèvres sèches. Effrayé par ce qu'il me semble être la fin, je me laisse aller à un sanglot digne d'un enfant perdu et le sommeil me rattrape puis m'emporte avec lui.

" Il respire, sortez-le de la voiture, vite !"

—Monsieur, ouvrez les yeux, entends-je au loin.

Je suis vivant ?

—Vous m'entendez ?

Oui ? Non ?

Je n'ai pas le temps de répondre que je sombre à nouveau mais cette fois-ci, je pars rejoindre les ténèbres.

Forbidden Flower. 1-Liens toxiques Où les histoires vivent. Découvrez maintenant