le banc // lestappen

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C’est la fin de la saison, tout devient fatigant et le soleil se couche sur le circuit déserté. Plus aucun pilotes n'y règnent ni même aucunes autres personnes.

Charles est assis seul dans vers le paddock, ses yeux verts perdus dans la lumière orangée. Le soleil est d'une beauté sans pareille ce soir, sa lumière éclaire tout le paysage qui semble s'être maintenant arrêté rien que pour lui. Il pense à la saison, à chaque tour, chaque bataille, et il ferme simplement les yeux, attendant que le temps passe.

Max, lui, sort discrètement de son garage, attiré par la silhouette immobile de Charles.

Ils ne se parlent pas souvent en dehors de la piste. Ce n’est pas l’amitié qui les unit, mais quelque chose d’inclassable.

Ils se sont battus trop de fois pour être simplement des collègues ou même des amis, mais à chaque course un fossé se creuse autant qu'il créé un lien étrangement fort.

Une connexion particulière, presque magnétique, née de l'intensité de la compétition, des risques partagés, et des moments où, au bord du danger, ils ont lu dans les yeux de l’autre la même faim, la même solitude.

Le néerlandais s'assoit près de lui, sans dire un mot, c'est bizarre puisque d'habitude il passe son temps à parler en sa présence.

Ils ne se regardent même pas, c'est alors que quelques secondes passent, puis Max brise l’immobilité en parlant d’une voix douce, presque inaudible.

-« C’était intense cette saison, tu t'es bien démerdé. »

Le brun hoche la tête.

-« Ouais, et c’est loin d’être fini, je me donnerais à fond. »

Max tourne enfin la tête vers lui, ses yeux capturant l’éclat de la lumière déclinante. Le orange du soleil frappe dans le vert de ses yeux, le mélange de ces deux couleurs forment une nouvelle teinte jamais vue dans un regard auparavant : cuivre.

Le blond sourit légèrement, un sourire dépourvu d'orgueil et de méchanceté.

-« Pourquoi est-ce que tu continues ? »

Charles hésite, surpris par la question. Il pourrait parler de la passion, du besoin de gagner, mais il sait que ce n’est pas ce que Max cherche à entendre.

Dans ce genre de moment être sincère s'avère être bénéfique pour les autres et pour soit même. Pour son être et pour son cœur.

Il soupire, baisse les yeux sur ses mains.

-« Parce que c’est la seule chose qui me fait me sentir vivant...            Et, j'ai vraiment peur de la mort Max.»

Verstappen le fixe, sentant que ce moment est plus réel que n’importe quelle victoire ou autre folie de sa vie.

Pour une fois depuis longtemps, il ressent et vit l'instant présent, la même sensation qu'avant le départ d'une course. Les quelques secondes qui précèdent le feu qui s'éteint sur le devant de la piste.

Il se penche légèrement, et dans ce geste minuscule, il y a une offrande, une ouverture rare. Ils sont seuls, loin du bruit et des regards, et la tension, d’abord née de la rivalité, glisse vers autre chose de plus doux.

Un câlin.

Une accolade pour eux. Un réconfort entre collègues.

Mais tout simplement un câlin pur et délicat.

« Moi aussi, » murmure Max, et leurs regards se croisent enfin, authentiques, dépouillés de tout ce que la piste impose.

Et dans ce silence partagé, ils comprennent que leur connexion a toujours été plus qu'une rivalité, plus que des risques, plus qu'une guerre pour la première place.

L'intensité qui les a poussés l’un contre l’autre est la même qui les rapproche, doucement et inévitablement. celle qui les a fait mûrir et apprendre à se tolérer.

Ni l’un ni l’autre ne sait où cela les mènera, si un jour ils apprendront à s'aimer, mais ce soir, sous ce ciel rougeoyant, ils n’ont plus besoin de mots pour ce dire à quel point ils d'admirent mutuellement.

Fin.

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