C'était la vérité.
L'établissement fournissait presque tout le nécessaire et ne tolérait quasiment rien, si bien qu'au bout du compte, elle n'avais apporter que deux sacs de taille moyenne principalement remplis de livres et de cahiers. Son père les sortit du coffre. Isabelle souleva le plus gros avec une facilité déconcertante. Elle échangea encore quelques courtoisies avec M. et Mme Sheridan, puis elle s'écarte pour les laisser embrasser leur fille.
- Travaille dur et écris-nous un petit mot de temps en temps, dit son père.
Il conservait une attique distante, mais sa mine était triste lorsqu'il la serra brièvement dans ses bras.
Sa mère, évitant de croiser son regard, lui lissa une mèche de cheveux sur le front.
- S'il te plaît, ne te braque pas contre cette école. Laisse lui une chance. Et appelle si tu as besoin de nous.
Pendant une seconde, elle pressa fort Marina contre elle, puis elle relâcha son étreinte et marcha jusqu'à la voiture sans se retourner.
Marina resta immobile, les bras ballants, tandis que la voiture remontait la belle allée de gravier et tournait pour disparaître sous les arbres. Sentant ses yeux picoter, elle secoua la tête pour refouler ses larmes. Ensuite elle se pencha afin de ramasser son sac noir et fit face à Isabelle qui l'observait.
- C'est toujours difficile la première fois, affirma celle-ci d'une voix douce. Ça passe avec le temps, tu verras.
Sur ces mots, elle se dirigea d'un pas leste vers le perron.
- Prépare-toi à marcher, cria-t-elle. Tu ne vas pas tarder à t'apercevoir que les couloirs de ce bâtiment sont sans fin.
Sa voix s'assourdit quand elle franchit le seuil. Après un moment d'hésitation, Marina la suivit.
- Je te propose la visite guidée en chemin, le petit circuit, du moins...
Marina l'entendait à peine: bouche bée, elle contemplait le vaste hall d'entrée.
À l'intérieur, il faisait sombre et frais ; la vive lumière du jour était adoucie par une verrière colorée qui se déployait au-dessus de leurs têtes. Le plafond, soutenu par d'épaisses voûtes, culminait à au moins six mètres de hauteur. Le sol de pierre avait été poli par des milliers de pieds au fil des siècles. Des chandeliers hauts d'un bon mètre cinquante se dressaient comme des sentinelles dans chaque coin. Des tapisseries anciennes recouvraient certains murs, mais elle n'eut pas le temps de les regarder dans le détail: elle devait se dépêcher si elle ne voulait pas se laisser distancer par la directrice.
Depuis le hall elles empruntèrent un grand couloir revêtu d'un plancher sombre. Isabelle tourna dans la première pièce à leur droite. Là se trouvaient plus d'une douzaine de grandes tables en bois rondes, chacune entourée de huit chaises. Une énorme cheminée adossée à un mur dépassait la directrice de plusieurs dizaines de centimètres.
- Voici le réfectoire. Tu prendras tous tes repas ici. Elle marqua une pause pour laisser le temps à Marina d'enregistrer cette information, puis elle retourna à grands pas dans le couloir.
Quelques mètres plus loin, du côté opposé au réfectoire, elle passa sous une autre porte cintrée, pénétrant dans une immense pièce presque vide avec un parquet ciré et un plafond presque aussi élevé que celui de l'entrée. Sa cheminée gigantesque donnait à la directrice des proportions de lilliputienne par contraste, et d'énormes candélabres en métal tombaient du plafond, suspendus à des chaînes.
- Voici la grande galerie. Nous organisons des événements ici - des bals, des rassemblements, etc, expliqua Isabelle.
- Là, nous sommes dans la partie la plus ancienne du bâtiment. Elle remonte à une époque beaucoup plus lointaine que la façade. Cette pierre est encore plus vieille qu'elle n'en a l'air, figure-toi.
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Night School
Teen FictionMarina Sheridan déteste son lycée. Son grand frère a disparu. Et elle vient d'être arrêtée. Une énième fois. C'en est trop pour ses parents, qui l'envoient dans un internat au règlement quasi militaire. Contre toute attente, s'y plaît. Elle se fait...