William Darcy, le 2 septembre 2024 à 8h45
Le bâtiment de briques rouges de Pemberley se dresse devant moi, imposant et inévitable. Mon nouveau lycée pour l'année à venir. Un mélange d'appréhension et de résignation m'envahit alors que je pénètre dans l'arène.
Ce n'est pas que je me considère au-dessus de tout ça, mais... si, peut-être, un peu. La foule m'a toujours mis mal à l'aise, et là, c'est une véritable marée humaine qui se déverse par les portes principales. Leurs rires, leurs cris, leur exubérance...
Je rajuste machinalement le col de ma chemise, cherchant un peu de réconfort dans la familiarité du geste. Mon regard s'attarde sur ma montre, un cadeau de mon père. Je me demande ce qu'il dirait s'il me voyait maintenant. Probablement qu'un Darcy devrait se montrer plus assuré.
Heureusement, Charles sera là. Sa présence est rassurante. Mon point d'ancrage dans ce chaos. Son enthousiasme rayonne comme toujours, et contraste avec ma réserve. Il a toujours eu ce don pour me rendre les situations sociales moins... pénibles.
Je prends une grande inspiration et redresse les épaules. Peut-être que ce ne sera pas si terrible après tout. Peut-être que cette année sera l'occasion de sortir un peu de ma zone de confort.
Les mots de ma sœur Georgiana me reviennent : « Un peu de changement ne fait pas de mal, Will. » Elle a peut-être raison.
Et qui sait ? Après tout, je suis William Darcy. Peut-être que je pourrais surprendre tout le monde. Moi le premier.***
Alors que la cloche sonne, annonçant le début des cours, je suis toujours sous le coup de la colère et ne parvient pas à chasser ce garçon de mon esprit. Le livre, sa voix... Et ses yeux, surtout. Moqueurs et provocants, mais avec une étincelle d'intelligence. Je secoue la tête pour me remettre les idées en place. Non mais c'est bon, on la connaît par cœur l'histoire du beau brun ténébreux. Aucune chance que je me fasse avoir. Je ne suis pas Lydia, et cette année, j'ai d'autres projets !
La voix de Jane me tire de mes divagations débiles :
« Lizzie, viens, on doit rejoindre notre classe. Lydia, Kitty, vous savez où aller ?
— Oui, oui, répondent-elles à l'unisson comme des jumelles maléfiques, en s'éloignant vers l'aile des secondes.
Jane et moi nous dirigeons vers notre premier cours de la journée. Depuis que j'ai sauté un niveau en primaire, c'est la première fois que nous nous retrouvons toutes les deux dans la même classe, et je suis vraiment folle de joie à cette idée. À Pemberley, sa douceur et sa patience lui ont valu le surnom "d'ange du lycée". Ok, c'est un peu culcul comme surnom, mais il faut admettre qu'elle a ce truc céleste, et qu'elle soit blonde aux yeux bleus dans notre famille de bruns aux yeux noisette relève autant du comble que du miracle. Elle entre dans une pièce, et pouf ! L'ambiance s'apaise comme par magie. Elle vous jette un regard, et hop, vous vous sentez mieux. Ça relève presque du paranormal. Même si, tout ange qu'elle soit, elle n'est pas d'acier et je la connais trop bien pour ne pas déceler quand son armure se craque. Si Lydia et Kitty sont jumelles, Jane est pour moi bien plus qu'une simple sœur. C'est une sorte d'âme sœur.
En me dirigeant vers la salle de classe, je ne peux m'empêcher de remarquer à quel point Pemberley a déjà changé. Les couloirs autrefois calmes et ordonnés sont maintenant un mélange chaotique d'uniformes bleus et gris. Des groupes de filles gloussent en regardant passer les nouveaux arrivants, tandis que les garçons tentent maladroitement de paraître à l'aise et déjà chez eux.
Alors que Jane pénètre dans la salle de notre premier cours, une voix familière m'interpelle.
« Lizzie ! Par ici ! »
Je me retourne pour voir Charlotte, ma meilleure amie depuis la sixième, se frayer un chemin à travers la foule. Ses cheveux bruns sont coiffés en une tresse complexe que je ne serais bien incapable de reproduire, et ses yeux pétillent derrière ses lunettes à monture écaille.
— Charlotte ! Je m'exclame en la serrant dans mes bras. Mon phare dans la nuit !
Elle me rend mon étreinte avant de reculer, un sourire malicieux aux lèvres.
— Et dans la journée aussi a priori. Alors, prête pour cette nouvelle année ? J'ai déjà repéré trois nouveaux spécimens intéressants.
Je lève les yeux au ciel, amusée.
— Tu ne perds pas de temps ! Laisse-moi deviner, je parie que tu as déjà fait des recherches sur eux ?
— Évidemment, répond-elle en sortant son téléphone. Regarde, j'ai même créé un tableau comparatif avec leurs antécédents scolaires, leurs activités extrascolaires et leurs réseaux sociaux.
Je jette un coup d'œil à l'écran, impressionnée malgré moi par la quantité d'informations qu'elle a réussi à rassembler.
— Tu sais que c'est un peu flippant, n'est-ce pas ?
Charlotte hausse les épaules.
— Je t'arrête tout de suite. Ce n'est pas du tout du stalking, c'est de la "recherche approfondie sur la potentielle concurrence". Car l'information c'est le pouvoir, ma chère.
Je ne peux pas m'empêcher de rire.
— Tu es impossible. Mais c'est pour ça que je t'aime.
— Et moi qui pensais que c'était pour mon sens de l'humour affûté et ma beauté ravageuse, réplique-t-elle d'un ton faussement vexé.
— Ça aussi, bien sûr, acquiesce-je solennellement.
Charlotte passe son bras sous le mien tandis que nous passons enfin la porte.
— Allez, raconte-moi tout. Comment s'est passée la discussion avec ton père ? As-tu finalement réussi à le convaincre de te laisser partir faire ce stage d'écriture en février ? »
Alors que je commence à lui raconter mes dernières aventures familiales, mon regard est immédiatement attiré vers un coin de la salle. Il est là, assis au fond. Le fan de Hardy malpoli que j'ai bousculé dans le hall. Les mains jointes sous son menton en signe d'intense réflexion, arborant un air distant et un peu snob, il semble analyser chaque détail autour de lui, et son expression traduit clairement qu'il se pense trop bien pour être ici. À côté de lui, un charmant garçon blond au sourire chaleureux, qui semble être son parfait opposé, joue distraitement avec une balle de tennis, mettant un point d'honneur à accueillir chaque nouvel élève avec un sourire.
Je détourne un instant les yeux afin de trouver Jane qui nous a devancées et nous fait signe de la rejoindre en nous indiquant les deux bureaux libres près d'elle. La salle de classe est spacieuse, avec de hauts plafonds et de grandes fenêtres qui offrent une vue imprenable sur le parc de l'école. Mais je ne peux m'empêcher de regarder à nouveau vers le fond de la classe.
« Qui est-ce ? demande-je à Charlotte, nouvellement encyclopédie ambulante des garçons du lycée.
— William Darcy. Nouveau à Meryton. Riche. Il vient de Londres et vit chez sa tante Catherine de Bourgh.
Évidemment, il faut que ce soit ce genre de garçon. Je hoche la tête, absorbant l'information. DAR-CY. Même son nom est prétentieux.
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The Austen Academy - Livre 1 : Lizzie
Romance- Une adaptation moderne du roman « Orgueil et préjugés » de Jane Austen - Lizzie Bennet, 16 ans, brillante et sarcastique, entame sa dernière année au prestigieux lycée mixte de Pemberley. Issue d'une famille modeste, elle est déterminée à briller...