Chapitre 5 - Simon

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- J'ai rencontré ton coloc, me dit Sara en s'asseyant face à moi. Il a l'air cool !

Mouais, c'est pas vraiment comme ça que je le décrirais.

- J'en sais rien, je ne lui ai pas vraiment parlé.

Sara souffle.

- Vous allez partager la même chambre, Simon ! Je sais ton passé, j'étais là quand ils se sont tous servis de ta popularité pour grimper aussi et que, après, ils sont parties. Mais ils sont tous populaire, ici ! Sa famille est la plus connu du pays ! Il ne se servira pas de toi.

- On n'est pas de leur monde, Sara ! Eux, ils ont tout ! Nous, on est là parce qu'on nous a donné une place pour mon chant. On a eu une bourse ! Eux, ils payent, ils veulent être là.

- Comment ça "ils veulent être là" ?

- J'ai jamais demandé à rejoindre Hillerska. Mes amis sont ailleurs, Sara ! Nous, on est seul ici. 

- On n'est pas seul, Simon. Je me suis fait des amis, ici. Felice et Maddie, mes colocs, sont super sympa ! C'est juste toi qui est coincé et qui n'arrive pas à te faire des amis !

Sa phrase me fait un choc. Comment ça je suis coincé ?!

- Je ne te permets pas, Sara ! Je ne suis pas "coincé", comme tu dis ! J'ai des problèmes, un mauvais passé ! Ce n'est pas la même chose ! J'avais confiance et j'ai toujours confiance en Ayub et Rosh, je n'ai pas envie de repasser ma confiance alors que j'ai déjà mes deux meilleurs potes !

- Tu dois le faire, Simon. Sinon, tu resteras seul. 

- Et bah, tu sais quoi, je préfère être seul. 

Je me lève, prends mes affaires et sors d'ici. Elle m'a énervé et je déteste m'énerver contre elle, alors je vais passer ma colère sur la musique. Problème, la salle de musique est remplie. Les gens s'entrainent de partout et, préférant ma solitude, je me réfugie dans la chambre. Pas de problème, mon coloc n'est pas là. Je sors doucement ma guitare de son étui et, assis sur mon lit et contre le mur, je commence à jouer quelques accords. La musique me détend. Je m'enferme dans mon monde, ne pense plus à rien. 

J'ai découvert cette passion quand j'étais enfant, quand papa a décidé de partir du jour au lendemain sans rien nous dire. Ce n'était pas une très bonne personne mais c'était mon père, et j'ai mal pris son départ. Même maman n'était pas au courant, et nous ne savons pas où il est. Papa adorait la musique et, dans son départ, a laissé sa guitare. Seul, dans ma chambre, j'ai appris à en faire. Puis, plus tard, j'ai commencé à me filmer et à poster ça sur les réseaux sociaux. ça a marché, j'ai gagné en popularité. Naïf, j'ai laissé des gens malhonnêtes entrer dans ma vie, apparaitre dans mes musiques. Je les ai montré au public, identifier dans les publications. Ils sont montés en abonné puis sont partis. ça m'est arrivé une fois, deux fois, trois fois... Trop de fois. J'ai trop fait confiance. Ayub et Rosh étaient là avant tout ça et sont restés même après. Ce sont mes meilleurs amis depuis que je suis un gamin et ça ne changera pas. Je ne veux pas d'autre ami. Je ne veux qu'eux et Sara. Mais elle, elle n'a pas l'air trop d'accord avec ça.

°°°

Hier soir, j'ai raté le repas. Je n'étais pas d'humeur à manger et je me suis couché tôt. Je n'ai pas entendu Wilhelm rentrer, il a été discret. Quand je me réveil, il est emmitouflé dans sa couette et n'a pas l'air de très bien dormir, vu la grimace sur son visage. Je n'y fais pas plus attention et me lève. J'avance doucement vers le lavabo et me passe un simple coup d'eau sur le visage pour me réveiller. Je retourne vers mon lit et attrape ma trousse de toilette que j'ai rangé en dessous. Dedans, je prends certains de mes produits de beauté et retourne devant le miroir. 

- Qu'est-ce que tu fous ? J'entends derrière moi. 

- T'as pas besoin de le savoir.

- Tu te maquilles ?

- Wouah ! Bravo Sherlock ! Et ça te pose un problème ?

- Bah... Non, mais...

- C'est pour les filles ? Je le coupe. Saches que, à notre époque, beaucoup d'hommes se maquillent aussi ! Les commentaires comme ça, tu oublies !

- J'allais simplement dire que cette couleur ne te va pas au teint. T'as pas trop la peau foncé, alors pourquoi un truc aussi sombre ? Mets du plus clair, ça t'iras mieux.

- Comment tu t'y connais autant ? 

- Les couleurs, c'est mon truc.

Il se lève et, pour ma plus grande surprise, je le trouve en caleçon. Je me détourne rapidement, essayant d'arrêter le rouge qui me monte aux joues.

- Préviens ! Je râle.

- De quoi ? 

Je tends ma main dans mon dos et espère que le geste pour le désigner le montre bien lui.

- ça t'embête que je dorme comme ça ? Enfin, je m'en fous, je changerais pas.

- La pudeur, Wilhelm. 

- Je suis pas à poil, quand même.

Pourquoi mon cerveau l'imagine à poil ? Et pourquoi cette partie de mon corps réagit à cette image ?

- Habits toi et ferme là, je marmonne.

Je démaquille la partie trop foncé pour mettre du plus clair, comme il me l'a dit. Et il a raison, ça me va mieux. Il est fort, ce con. Je finis par retourner tout ranger et, quand je me retourne, je le surprends en train de me regarder.

- Tu vois, c'est mieux comme ça, il me dit en souriant.

Il s'approche de moi et, sans que je comprenne et que j'ai le temps de réagir, il m'embrasse la joue puis sort de la chambre sans rien dire.

Putain, c'était quoi ça ?

I draw your songs. I sing your drawings.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant