Chapitre 4 - Wilhelm

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- J'ai pas envie de te voir te taper ta meuf, moi aussi.

Et puis il sort de la chambre, me laissant là. Ma meuf ? Quelle meuf ? Je ne sais pas d'où il sort ça, mais son information est fausse. Je ne suis pas en couple. Je l'ai été une fois, elle m'a trompé. Depuis, je ne me suis plus mis en couple. Puis, dès que je commence à leur parler de ma santé mentale, elles fuient...

Je finis par faire ce que j'étais venu faire ici. Je fouille dans mon bureau pour trouver une enveloppe et glisse le papier pour ma mère dedans. Une fois ça fait, je me dirige vers le bureau de la directrice et toque à la porte.

- Entrez !

Discrètement, j'entre dans la pièce et vais m'installer sur la chaise de l'autre côté de son bureau.

- Wilhelm ! Comment allez-vous ?

- Bien, bien. 

- Vous avez rencontré votre nouveau colocataire ?

- Oui, on s'est croisé.

- J'espère que vous vous entendrez bien ! Nous mettons beaucoup d'espérance en Simon et...

- Madame, je ne suis pas là pour ça.

Je pose l'enveloppe sur son bureau.

- Est-ce que vous pourriez faire parvenir ça le plus rapidement à ma mère ?

Elle prend la lettre en hochant la tête.

- J'enverrais quelqu'un dès demain matin. 

- Merci madame.

Je me relève et sors. Pourquoi autant me parler de mon coloc ? C'est pas comme si l'entente entre nous deux étaient très bien passé. Sur le chemin pour aller vers la salle commune, je croise Felice avec une fille que je ne connais pas.

- Will' ! Elle m'appelle.

Je m'approche d'elles et, une fois à leur hauteur, regarde la fille avec qui elle est. Elle ressemble à Simon, mon coloc, avec ses longs cheveux bruns bouclés et sa peau mate.

- Je te présente Sara, la sœur de Simon. Elle vient d'arriver dans notre chambre, à Maddie et moi.

Je hoche la tête en lui souriant et elle me sourit également. Elle a l'air beaucoup plus joyeuse et aimable que son frère.

- Wilhelm. Ton frère vient d'intégrer ma chambre.

- Oh ! C'est donc toi, son coloc. Simon n'est pas facile à vivre, au début. Puis, soit on s'y habitue, soit il s'adoucit. ça dépendra de comment tu te comportes avec lui.

Elle a également l'air très bavarde et de ne pas savoir tenir sa langue.

Je n'ose pas demander plus d'explication. Ce n'est pas à elle de me les fournir, mais à Simon lui même. Mais j'en conclu que je vais devoir faire un effort si je veux qu'une bonne ambiance arrive dans la chambre.

- T'allais où ? Me demande ma meilleure amie.

- Salle commune. Vous voulez venir ? 

- Oh, je suis désolé mais j'ai promis à Simon de le rejoindre à la cafet', nous explique Sara. On se revoit au diner, Felice ?

- Ouais, on te gardera une place avec nous.

- Super ! A plus Wilhelm !

- Au revoir.

Elle s'en va vers la cafet' et Felice et moi prenons le chemin de la salle commune.

- Elle est sympa, je dis. Bien plus gentille que son frère, en tout cas.

- Elle m'a parlé un peu de Simon. Il a l'air d'avoir un passé compliqué niveau relation. Trahison, tromperie et tout les trucs du genre. Tu sais ce que c'est, tout ça. Essaye de... Je ne sais pas. Engager la conversation ? De sympathiser et tout. Je sais que tu n'aimes pas faire les premiers pas, mais Simon ne le fera pas.

- Il me lance une pique dès qu'il me voit, Felice !

- Son mode de défense. D'après Sara, il est très gentil quand on arrive à briser sa coquille. 

Je stop la conversation au moment où on arrive à la salle commune. J'aimerais bien parler d'autre chose que de mon coloc, juste une fois dans cette journée. Henry et Walter sont là, se chamaillant pour un truc sur l'ordinateur du roux. Quand ils nous voient, ils se séparent rapidement, comme si on les avait surpris faisant une chose qu'on ne devait pas voir. Mais ils se chamaillent tout le temps comme ça, pourquoi on ne devrait pas le voir aujourd'hui ?

- Felice ! Wilhelm ! S'exclame Henry. Qu'est-ce que vous faites là ?

- Bah, on vient faire un tour en salle commune, je réponds. Son nom l'indique, elle est commune.

- Ah, ouais...

Henry reprend l'ordinateur sur ses genoux et tape frénétiquement sur son clavier. Felice et moi, on s'installe prêt de la fenêtre.

- T'as fini le papier pour ta mère ? Me demande Walter.

- Ouais. Je viens d'aller le donner à la directrice pour qu'elle lui fasse parvenir.

- Mais... C'est vraiment ce que tu veux ?

- Non, mais j'y suis obligé. 

Je sors ma tablette graphique que j'avais pensé à prendre et commence un nouveau projet.

- C'est ce que veut ma mère, et je dois rendre hommage à Erik. C'est ce qu'il aurait fait, alors je dois le faire aussi. 

Ils ne posent pas plus de question et je me concentre dans mon dessin. Rapidement, je reconnais la forme que je suis en train de faire. Je reconnais la personne que je dessine. Erik. Parce qu'il était mon grande frère, mon exemple, mon monde. Parce que je ne vivais que parce que je lui avais fait la promesse de rester avec lui. Mais, maintenant qu'il n'est plus là, qu'est-ce qui me retient ?

I draw your songs. I sing your drawings.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant