→ C'est un O.S. dans l'univers de Kimetsu No Yaiba sur la rencontre de Yushiro et Tamayo qui contient donc du spoil sur la saison 1 (autour du tome 2, je pense). Je me suis permis•e de rajouter des détails canoniquement pas présents, mais j'ai suivi la plupart des informations qui nous sont données sur eux.
Bonne lecture ! :D
A. Willows
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—Garde ? C'est moi qui viens de te sauver, pourtant, balbutia la démone d'un air perdu. Je peine à saisir ta logique, si tu me proposes ça parce que tu te sens redevable...
— Non ! Enfin si ! Mais non ! Je veux vous protéger, c'est ma manière de payer ma dette mais aussi de veiller à votre sécurité. Vous êtes une guérisseuse, laissez-moi me charger des combats. Je peux le faire, je vous protégerai à tout prix.
— Qu'est-ce qui te fait dire que j'ai besoin de quelqu'un pour me protéger ? s'étonna-t-elle, les yeux pétillant légèrement malgré tout. Tu viens de devenir un démon, tu devrais te morfondre sur ton sort, c'est comme ça qu'on fait généralement, non ?
Il haussa les épaules. Il était facilement visible qu'il n'était pas le plus ordinaire du lot, avec ses cheveux couleur laitue et son visage détaché, mais il restait un petit maigrichon, les bras comme des branches et la tenue trop grande pour lui.
— Il semblerait que j'entre pas dans le généralement, alors.
La démone à l'apparence de jeune femme secoua la tête sans savoir quoi répondre, puis finit par pousser un profond soupir qui était plutôt semblable à un râle rauque. On aurait dit que toutes ses préoccupations étaient évacuées en une expiration, mais que vu qu'elle avait besoin d'oxygène, elle se voyait obligée à ramener l'air à nouveau dans ses poumons.
— Bon, dans ce cas, laisse-moi me présenter de nouveau de manière plus claire... et quand tu as l'esprit lucide. Je suis Tamayo. Te souviens-tu de ton ancien nom ?
— Oui, évidemment, c'est... je suis...
— À partir de maintenant, tu es Yushiro, décida dame Tamayo d'un ton sec sans lui laisser le temps de protester. Tu as fait le choix de vivre en étant un démon, alors... je te souhaite la bienvenue dans la splendide vie de monstres mangeurs d'humains. Tu peux rester ici, si tu veux, mais c'est dangereux d'être à mes côtés.
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C'est ainsi qu'il avait rencontré la seule démone à sa connaissance qui n'obéissait pas à Muzan. Enfin, maintenant, il y avait lui.
Yushiro rejeta la tête en arrière et laissa ses boucles verdâtres retomber sur ses yeux. Étendu platement sur son lit comme une vieille nouille qu'on s'apprête à couper et des légères cernes se détachant de son visage pâle et un peu plus mince qu'avant. L'estomac tout tordu et retourné parce qu'il avait qu'une seule foutue envie : stopper tout.
Et il aurait sans doute déjà tout fait stopper s'il ne s'était pas fixé comme objectif d'assister et protéger du mieux qu'il pouvait Tamayo, même si c'était surtout l'inverse qui se produisait lorsqu'ils se retrouvaient dans le pétrin. Il en était venu à se demander comment avait fait la démone pour vivre comme ça, rejetée par son espèce et par l'autre.
Il tendait déjà les doigts vers les volets, prêt à se faire aveugler par la lueur doucereuse et taquine du soleil, mais son bras retomba mollement tandis qu'il serrait le poing.
Évidemment, le soleil est dangereux pour nous.
Il enfouit à la place la tête dans son coussin, tentant de se faire réconforter par des rêves impossibles à atteindre, mais même eux ne semblaient ne pas tenir à lui, car ils le rejetèrent violemment et le laissèrent seul comme un idiot avec son coussin humide.
C'était long, le temps devenait long et lui donnait l'impression de s'étirer, il devait être ici depuis un mois. Ou plus. Peut-être deux. Ou trois. Ou quatre. Le temps lui avait échappé. Mais au moins il vivait. Enfin, sans Tamayo, il n'aurait même pas pu dire qu'il était en train de vivre. Les pensées embrouillées, il agrippa quelque chose dans la pièce et le passa sur sa toile. Tout y resta, pinceaux, eau, aquarelle, baies écrasées, encre renversée, c'était un chaos.
Yushiro était endormi lorsque la guérisseuse entra dans la pièce et la découvrit mise de haut en bas. Son regard s'adoucit lorsqu'il se posa sur la toile du peintre, qu'elle prit délicatement.
— Des glycines sous un paysage ensoleillé... C'est beau et mortel pour nous à la fois. J'espère que tu ne deviendras pas comme Muzan, mieux vaut ne pas essayer de conquérir le soleil. Le soleil n'est là que pour ceux qui le méritent, Yushiro. Et on ne le mérite pas, le fait qu'on ne soit pas humains suffit à le justifier.
Le jeune démon releva la tête, encore à moitié ensommeillé, vit qu'elle tenait dans ses mains son tableau duquel coulait encore de la peinture mauve pas tout à fait sèche, puis la regarda dans les yeux, chose rare pour celui qui les évitait tout le temps. Il eut besoin de cligner des yeux plusieurs fois, mais finit par réussir à parler.
— Tu sais qu'avant, j'aimais me promener sous les glycines ? Je les regardais, je lisais là-bas, parfois, parce que pour moi, c'était synonyme à la sécurité, un peu comme une maison où nous attendent nos proches. J'étais peureux à mort et je le suis toujours, mais maintenant, c'est différent. Je suis pas celui qui est heureux d'être en sécurité des monstres, je suis le monstre.
— Injuste ? Tu penses que c'est injuste ? Je te dirai que oui, tu es peureux, mais tu mérites de voir le monde encore un peu. Il faut faire avec. On est des criminels rejetés par les démons et les humains, les deux côtés n'aiment pas la différence, mais au moins on est nous et on vit à notre façon. Même si tu vis dans la nuit et sans fleurs mauves, on fera sans lumière pour nous guider.
Un long silence flotta dans la pièce qu'aucun ne put se décider à briser. Yushiro se mit à tenter de mettre de l'ordre dans son désordre et pour verser du juste dans l'injuste, il sourit un tout petit peu afin de la remercier.
Ni les démons ni les humains n'auraient pu s'attendre à ce que des exceptions existent qui ne réussissent pas à se glisser des les moules qu'ils avaient si soigneusement forgé pour eux, pourtant ils étaient là avec leurs qualités et leurs défauts, avec leur peur de mourir qui leur serrait le cœur et l'envie de changer les choses dans les yeux.
Peut-être qu'un jour ils ne seraient plus ces solitaires. Mais pour l'instant, ils devaient se serrer les coudes, c'était leur seul moyen de se persuader qu'ils méritaient de voir le monde de leurs yeux de monstres.
Et ils se prirent la main.
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