𝐴𝑢 𝑑𝑒-𝑙𝑎̀ 𝑑𝑒𝑠 𝑠𝑜𝑢𝑣𝑒𝑛𝑖𝑟𝑠

Révélations

Je hochai la tête en silence, prêt à entendre tout ce qu'elle avait à nous dire. Elle inspira longuement, et commença:

-J'ai retrouvé la mémoire dès que votre mère a prononcé mon nom: Emma Passy. Elle est revenue progressivement. Puis, lorsque celui qui a prétendu être mon père est arrivé, tout m'est revenu en mémoire.

Elle marqua une pause, réfléchissant à comment elle pouvait expliquer la suite, lorsque Ellie l'interrompît:

-Mais...serait-tu de la même famille que... George Passy?

-Qui ça?demandais-je.

-George Passy, répéta ma sœur. Il a été arrêté il y a quelques années.

Nalia soupira, et murmura:

-Oui. C'était mon père.

Je m'enquis aussitôt:

-Minute...pourquoi as tu fais semblant alors lorsque tu l'a vu? Il devait savoir que tu l'avais reconnu...

Elle me rectifia:

-Je n'avais pas d'autre solution. Il savait que j'avais perdu la mémoire, et je ne pouvait que contrer son attaque avec son arme: le mensonge. Il a bien dû être surpris, et tant mieux pour nous. Il doit croire que je n'ai pas recouvré ma mémoire, et que je me suis trompée, à son avantage.

Nalia resta quelques instant dans ses pensées avant de poursuivre:

-Mon père à été arrêté il y a quelques années pour avoir créé une entreprise, ou un laboratoire secret. Il aurait pu devenir un des meilleurs scientifiques du siècle, mais les autres scientifiques n'approuvaient pas ses idées, ni ses recherches. Il était persuadé de trouver le moyen pour un individu de changer sa spatio-temporalité. Mon père cherchait un moyen pour changer de lieu et d'époque. Les quelques individus au courant de ses ambitions le prenait pour un génie, ou pour un fou.

Je buvais ses paroles, impatient d'attendre la suite.

-Plusieurs fois des groupes de savants lui demandaient de s'intéresser à quelque chose de plus...utile. Il refusait, et il a créé un laboratoire, où il testait ses expériences

à longueur de journée. Mais un jour, quelque chose a mal tourné... Il n'y a eu aucun blessé, mais la police n'a pas eu de mal à remarquer que quelque chose se tramait, et mon père a été repéré. Il a été emmené au tribunal, mais a été relâché. Cependant, il n'avait pas le droit de recréer ce laboratoire, ni de refaire ces expériences-la. Mais pris dans sa folie, et son envie de révolutionner le monde, il a repris ses expériences.

Elle pris une pause pour se calmer avant de continuer son récit:

-Et...il a fait une découverte, une nouvelle substance chimique. C'en était pas une comme les autres, elle n'avait pas de consistance matérielle, et il était persuadé que cela allait lui mener à l'aboutissement de ses recherches. C'était, disais t'il, le néant incarné. Il travaillait trop. Ne dormait presque plus. Ma mère s'inquiétait vraiment. Ce n'est que lorsqu'il a frôlé un accident qu'il a semblé retrouver la raison. Il a promis de passer sa découverte à un autre scientifique de confiance, afin que cet individu poursuive les recherches de mon père. Mais ce scientifique l'a dénoncé. Mon père s'est fait arrêté.

Personne ne dit de mot, mais pourtant, j'étais persuadé que chacun voulait entendre la suite. Elle hésita avant de finir son récit:

-Ma mère et moi avons déménagé en Bretagne. Nous devions passer quelques jours à Paris, mais arrivés là bas, l'homme qui a trahit mon père est apparu. Il était persuadé que mon père m'avait confié les résultats de ses recherches, afin de le mettre en sûreté. La suite, c'est encore un peu flou. Comment et quand je suis devenue amnésique, je n'en ai aucune idée.

Nous échangeâmes un regard compris, et je Victoire demanda alors d'une voix douce:

-Et...maintenant? On fait quoi?

Ma sœur proposa gentiment:

-On averti la police?

Rien que le regard effaré de Nalia me fit instantanément répondre par la négative. Ce fut au tour de Victoire de demander:

-Et...mes parents?

-Ne risquent-ils pas d'avertir ma mère?questionna ma sœur.

Victoire hésita avant d'avouer:

-Sûrement...

Je sentais Nalia trembloter légèrement, et je lui pris la main, en espérant qu'elle le prenne comme signe de réconfort. Puis, Victoire proposa:

-Sinon...j'ai Tom, mon frère de 20 ans...qui loue un appartement à Bordeaux...on peut peut-être s'arranger?

-Il ferait ça?fit Nalia, tremblotante.

Mon amie sourit:

-Si vous débarquez comme ça devant sa porte, il y a de fortes chance qu'il y ait des doutes mais...je peux tenter de l'appeler...

J'acquiesçais, et elle sortit son portable (dont j'enviais depuis voilà fort longtemps!), et passa à la salle d'à côté. Nalia se blottit alors contre moi, me laissant le temps d'apercevoir une perle de larme briller au coin de ses yeux. Je la pris dans mes bras, et lui chuchota:

-On va y arriver...

Je ne prêtai même pas attention au fait de l'absence de commentaire de ma sœur.

***

Quelques temps après, (cinq minutes, où peut-être trente, qui sait?) Victoire vint un sourire au lèvres.

-Alors?s'empressa Ellie.

-J'ai dû négocier....beaucoup. Mais il accepte du moment que dans une à deux semaines l'histoire soit réglée.

Alors se dessina sur le visage de Nalia un magnifique sourire, tel que je l'aimais.

-Parfait, déclara Ellie. On prend le train?

-Heu...oui?fis-je.

Je me tournai vers Ellie, qui, à mon étonnement, était sur son téléphone. Je ne dis pas de commentaires, jusqu'à ce que ma sœur ne déclare:

-Il y en a un dans 3 heures. Je prends 2 places?

Je m'apprêtais à acquiescer quand une question surgit dans mon esprit:

-Minute...2 places?

Ellie pris alors un air désolé en me résumant la situation:

-Ce serait sympa pour Victoire de ne pas l'embêter plus longtemps avec notre histoire, déjà qu'on demande l'hospitalité de son frère. Un accompagnateur pour Nalia suffit largement et toi, tu es trop jeune et surtout -ne te vexe pas- inutile et encombrant en nous accompagnant. Je suis plus âgée que vous et enfin, je n'ai pas de quoi payer 3 billets.

Nous échangeâmes un long regard, et celui d'Ellie, passant de Nalia à moi, ne cessait de changer.

Elle souffla:

-Vous y arriverez seuls?

Comme si l'histoire était déjà réglée, je lui murmurai:

-Merci.