Sa longue robe aux teintes écarlates traînant sur le sol tendit que la princesse marchait autour de la fontaine toute sourire.
— Si tu savais Polo... Affronter son regard pour moi c'est comme affronter une immense vague de chaleur.
— Je n'ai point besoin de tant de détails, princesse.
— Mais je ne plaisante pas ! Son regard est aussi doux que charmeur; une caresse sur la joue qui descend jusqu'à l'épaule pour remonter sur la nuque.
— Il ne vous a pas faite la morale pour votre retard injustifié ?
— Qui penses-tu qu'il est, voyons. Mon père ?
Temps.
— Non, il était accompagné de Alphonse pour la matinée.
— Alphonse Truffeau, le fils de la femme de chambre ?
— Oui. Ils sont amis.
— En voilà une surprise. Et qu'avez-vous fait ?
— J'aurais tellement aimé te dire l'amour...
— Princesse !
Elle rit.
— Nous avons pris le thé. Il a fermé la bibliothèque pour l'occasion.
— Et puis ?
— Et puis il m'as regardé, nous nous sommes taquiné et...
Son sourire s'efface légèrement.
— Et ?
— Il s'est amusé de la beauté de certaines liseuses régulières.
— Mais quel gouja, je le savais ! Il ne vaut pas mieux que le prince Solal.
— Ne dit pas de telles choses, Polo... il ne faisait que plaisanter.
— En êtes-vous sûr ?
— Oui.
— Vous mentez.
— Oui.
Elle s'assoit au bord de la fontaine, pensive.
— Que faire pour qu'il m'aime Polo ? Mes robes ne sont-elles pas assez élégantes ?
— Bien sûr que si princesse... Mais les hommes ne tombent pas amoureux des robes.
— Mais des femmes qui les portent.
— Exact.
La princesse soupire.
— Et s'il est comme les autres ? Qu'il ne m'aime pas ? Qu'il se moque de moi ?
— Non.
— Comment tu peux le savoir toi, Polo.
— Parce que vous aimez son regard. Les yeux ne mentent pas; jamais.
— Bien sûr que si ils peuvent mentirent ! Reprend tes phrase de pacotilles Polo, n'importe qui peut mentir, même les yeux ! Les larmes lui montent.
— Allons princesse... j'essayais de vous rassurer.
— C'est raté ! Raté, raté. Tout est raté !
Temps
— Alors... vous ne voulez pas qu'il vous sauve ?
— Il ne le fera pas. Il ne me fera pas assez de mal.
— Pourquoi cette attache à la douleur, princesse ?
— Pourquoi pas ?!
— Jane.
Temps.
— Parce que je ne connais que ça. Et puis peut-être que je ne peux donner que ça qui sait... Alors si l'autre aussi me fait mal, je culpabiliserai moins.
— Tu es peut-être irréparable...
— Oui.
— Mais tu mérites tout de même le bonheur.
Jane sèche ses larmes.
— Tais toi Polo. Elle sourit.
— Bien, plus un mot de ma bouche.
Temps.
— Oh Polo je dois vraiment l'embrasser, c'est fou !
— ÇA SUFFIT !
Fin.