𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟓

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❝ Des adieux à l'aube ❞

𝐋 𝐄 𝐎 𝐍 𝐎 𝐑 𝐀

Le souffle de Nash est saccadé, chaque inspiration semble plus douloureuse que la précédente. Nous l'avons allongé contre la paroi de la cabane de jardin, à l'abri des regards, son visage pâle éclairé par la lueur froide de la lune. Son sang s'étend en une flaque sombre sur le sol, la tache s'élargissant comme une ombre menaçante. Kayce est à genoux à côté de lui, son haut taché de rouge, et son regard désemparé trahit une détresse que je n'avais jamais vue chez lui auparavant.

— Nash... murmure Kayce, sa voix brisée par l'émotion. Reste avec moi, putain... Tu peux pas me laisser comme ça.

Nash sourit faiblement, mais ses lèvres tremblent, et il peine à garder les yeux ouverts. Je reste en retrait, le cœur battant la chamade, sentant une terreur sourde me dévorer. Je veux me rapprocher, lui dire quelque chose, mais les mots meurent dans ma gorge.

— Kayce, c'est... c'est bon, réussit à articuler Nash dans un souffle. On savait que... ça finirait comme ça. Je t'ai toujours dit que cette vie, elle nous laisserait pas de... chance.

Kayce serre les dents, une larme solitaire roulant sur sa joue, déchirant son masque de dureté. Il attrape le visage de Nash entre ses mains, le pressant contre son front, comme pour sceller un dernier lien, une dernière promesse. Sa voix, lorsqu'elle se brise, est pleine de cette douleur brute que je ne pensais pas possible chez lui.

— T'as toujours été là pour moi, Nash, souffle Kayce, sa voix à peine audible, étranglée par les sanglots. T'es ma famille, bordel... T'as pas le droit de me laisser maintenant.

— Hey... souffle Nash, un sourire triste étirant ses lèvres gercées. Prends soin de... la princesse, d'accord ? Et fais pas trop le con...

Son rire, bien que faible, résonne comme une blessure ouverte. Kayce éclate en sanglots contre lui, un cri étouffé déchirant la nuit. La scène est insupportable, d'une tristesse à fendre l'âme, et mon propre cœur se serre si fort que j'ai l'impression qu'il va éclater. Je m'approche lentement, posant une main tremblante sur l'épaule de Kayce. Je ne sais pas quoi dire. Les mots ne suffisent pas face à la perte.

— Kayce... murmuré-je d'une voix cassée.

Il ne me répond pas tout de suite, trop perdu dans la douleur de voir son meilleur ami s'éteindre sous ses yeux. Nash expire une dernière fois, son regard s'éteignant avec la lueur de la lune, et la vie le quitte sans bruit, laissant derrière elle un vide immense. Le silence retombe, lourd et glacé, seulement brisé par les sanglots de Kayce.

Je me laisse glisser à genoux à côté de lui, et doucement, je l'attire contre moi. Kayce se laisse faire, enfouissant son visage contre mon épaule, secoué par les larmes. Je le serre de toutes mes forces, sentant mon propre corps trembler contre le sien.

Puis quelque chose change dans le regard de Kayce, quelque chose de sombre et de déterminé. La douleur de la perte se transforme en une rage froide, une promesse de vengeance qui brûle dans ses yeux sombres. Il se redresse, une main se posant sur l'épaule de Nash, comme pour ancrer ce serment silencieux.

— Je vais te venger, jure-t-il d'une voix basse, presque un grondement. Ils vont tous payer pour ça.

Je sens la détermination qui l'anime, une force implacable qui me fait frissonner. Kayce ne pleure plus ; ses larmes ont laissé place à une dureté implacable, une froideur qui me glace jusqu'aux os. Il se penche sur le corps de Nash, fermant ses yeux définitivement, puis murmure :

— Je m'occuperai de toi au lever du jour, mon frère. Quand tout ça sera fini, je te promets que tu auras la paix.

Il se redresse ensuite, porte le corps sans vie de Nash, et me tend la main. Je la prends sans réfléchir, et il me guide jusqu'à une voiture abandonnée non loin. Il brise une vitre d'un coup de coude, le bruit du verre brisé se mêlant aux ombres de la nuit. Les alarmes d'Halloween, les cris et les rires lointains ne semblent plus qu'un écho sinistre de notre réalité. Il s'installe au volant après avoir déposé délicatement le corps dans le coffre, et démarre d'un coup sec, me jetant un regard où je lis une promesse de violence.

Cicatrice de minuit | 𝐇𝐚𝐥𝐥𝐨𝐰𝐞𝐞𝐧Où les histoires vivent. Découvrez maintenant