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Lorsqu'on se remet aux prédications de la dévotion, qu'on la laisse nourrir le brasier dont elle veut nous voir ressortir les rutilants orphelins de nos doutes ; lorsque, dans un élan de confiance totale, nous laissons Dieu remonter le fleuve tout là-haut vers sa contrée mère — lorsqu'on accepte que nos consciences étriquées et nos mains malhabiles ne sont pas plus destinées à appréhender ces monts et vallées (élusifs aux paradigmes, à l'espace-temps, aux contours même de ce qui est) qu'une fourmi ne l'est à cartographier l'Afrique, alors l'on remarque qu'il nous devient impossible de démordre de Dieu. Alors le deuil, l'humiliation, la souffrance prennent un sens qui évade toute articulation. Alors la beauté rompt son silence terrifiant, brise le sort de son arrogance archaïque pour nous intimer qu'elle n'a jamais saisi l'intensité de nos réserves face à la souffrance, à l'humiliation, au deuil. Alors l'on capte dans son regard aveuglant la révélation perturbante d'une infinité d'amour pour ces choses hideuses. Alors le sacré cesse d'être un feu follet évanescent ; sans effort de notre part, il vient de lui-même faire crépiter la chair de nos flancs, coaguler les méandres souffreteux de notre âme, puiser dans la mythique besace où il recèle le Sens, et à en répandre les graines – tantôt susurrantes, tantôt cantatrices — dans les recoins où on ne les escompte point, où l'on ne s'attend même pas à voir s'unifier l'existence sous leur chant conquérant.


début octobre deux-mille-vingt-quatre

les pâturages de l'âmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant