Beaucoup de mystiques se fourvoient sur un point majeur : ils considèrent le corps comme un obstacle à la transcendance, comme une maladie, un pesant faix de chair à épousseter loin du somptueux appareil de l'âme pour goûter à une gnose éclatante de gloire; pour la satisfaction arrogante de glaner les vérités d'outre-terre ils fuient constamment la bête, et encore l'accablent d'invectives, laissent fleurir à leurs bouches le buis pourri de mille blasphèmes quant à son rôle; il leur semble ardu de réaliser que la concupiscence est la clé insoupçonnée de l'illumination; ils talonnent un miracle qui n'existe pas; ou plutôt, ils cherchent dans l'idée brumeuse de l'infinité cosmique, de la quiétude tout au bout du chemin, le souffle de perfection divine qui soulève déjà le sein de la Création à chaque instant qui passe. le jardin de la conscience humaine n'est insatisfaisant qu'à celui qui se fait délibérément aveugle à sa vastitude. Percevoir toute carence en merveilleux dans un ramage si riche, si délicieusement absurde est non seulement une folle audace, mais aussi la manifestation d'une mauvaise foi rédhibitoire.
— début octobre deux-mille-vingt-quatre
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les pâturages de l'âme
DiversosOù le récit de ma vie se fait en réflexions et en histoires, où je tente d'établir un dialogue entre mes appétits de perfection et la nécessité du chaos.