Someone

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The Neighbourhood— Void

Je sens mon dos se briser, chaque mouvement est une torture. Une douleur vive s'empare de mes muscles, qui se tendent à chaque geste. Je ne douterais plus jamais des paroles de Lov, même si, parfois, il m'arrive de me perdre dans ses bras. La souffrance que je ressens n'est rien comparée à l'intensité de ce qu'il me fait vivre. Je tourne la tête et le regarde, endormi profondément, son visage calme et apaisé. Ses taches de rousseur, encore visibles sous la lueur douce du matin. Il porte une légère barbe qui commence à pousser, particulièrement au niveau de sa moustache, et je sais que je vais bientôt avoir le goût piquant de ses lèvres contre les miennes.

Je n'arrive pas à détacher mes yeux de lui. Il est si beau. Quand il m'embrasse, cette barbe me chatouille, mais c'est presque agréable. Ça fait mal et c'est doux en même temps, comme une passion dangereuse que j'embrasse malgré moi. Je me souviens de l'instant où je me suis évanouie, peut-être deux fois. Je me souviens de lui, me nettoyant délicatement, murmurer combien il m'aimait. C'était doux, presque tendre, mais dans cette tendresse, je sais que son amour est un poison qui me consume lentement.

Je soulève la couverture pour observer son corps, encore parfait, ses muscles, bien dessinés, sa peau chaude. Ses pectoraux légèrement duveteux, ses bras forts. Il est magnifique, irrésistible, et pourtant, ce n'est pas la beauté de son corps qui me trouble le plus. C'est ce qu'il éveille en moi. Il bouge, son corps se tend sous les draps, et, instinctivement, la couverture glisse sur son bassin, révélant la forme imposante de son désir. Pourquoi n'est-il pas habillé ?

Je le regarde, mes doigts frôlent sa peau, il gémit dans son sommeil, et je souris doucement, comme une enfant prise dans la toile de son propre désir. Avant même que j'aie eu le temps de profiter de ce moment, je remonte précipitamment la couverture pour le cacher. Je me lève doucement, essayant de ne pas faire de bruit, mes muscles encore douloureux.

Je me glisse hors du lit, enfile un sweat, le froid de la pièce m'accueille, mais cela ne me fait que plus de bien. Je me dirige dans le couloir, le cœur battant. La lumière tamisée de la veilleuse éclaire faiblement la chambre de Jayden. Il dort, suçant son pouce, son doudou fermement dans les bras. Ses pieds sont dehors, son corps tout en travers du lit. Je rigole légèrement, les enfants ont toujours cette manière de dormir dans des positions improbables. Je m'accroupis doucement, le regardant un instant, et je le replace sous la couverture, ajustant son oreiller. Il respire paisiblement, complètement inconscient de tout ce qui se joue autour de lui. En caressant ses cheveux, je me prends à le comparer à Lov. Les mêmes taches de rousseur, la même couleur de cheveux bouclés, noirs comme les siens. Je l'imagine adulte, sa prestance similaire à celle de son père. Un petit sourire me prend, imaginant ce qu'il deviendra. Je suis fière de lui, fière qu'il ressemble à Lov.

Mais en même temps, une nausée sourde me prend. Je pose ma main sur mon ventre, soudainement envahie par une pensée qui me glace. Est-ce que je pourrais être...? Non, ce n'est pas possible. C'est vrais que on ne se protège pas, mais c'est tellement tôt pour ça. Il est encore si jeune, Jayden est encore petit. Mon esprit est en tourmente, les pensées se bousculent. Je pourrais prendre un test, mais il faut que je sois certaine. Je respire profondément. Pas maintenant. Pas dans cet instant.

Je m'éloigne silencieusement et me précipite dans les toilettes. Je me penche au-dessus de la cuvette, et mon estomac se retourne, un cri muet de panique m'envahit. Qu'est-ce qu'il m'arrive ? Je ne peux plus réfléchir clairement. Je me lève, essaie de respirer, et je me demande si j'ai simplement besoin de me rassurer. J'ouvre la porte, les yeux cherchant à s'assurer que Lov ne se trouve pas dans le couloir. Personne. Je souffle. En direction de la chambre, je me glisse silencieusement. Il dort toujours, paisiblement. Je saisis son téléphone, le déverrouille grâce à la reconnaissance faciale, et je me précipite sur Internet. Je dois savoir. Je n'ai pas le droit à l'erreur.

Obsessive Control II [Sous contrat d'édition]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant