Obsessive Control II [Sous contrat d'édition]

Someone

Girl in Red— DOING IT AGAIN BABY

La faculté se dessine devant nous, ses murs ternes me ramènent brutalement au passé. Lov ralentit la moto et coupe le moteur, mais il ne dit toujours rien. Le silence entre nous devient presque tangible, lourd de sens cachés, d'interprétations troubles. Je descends, retire mon casque, et mon cœur se serre violemment. La dernière fois que j'ai mis les pieds ici, c'était le jour où Lov est tombé de cette falaise. Rien que d'y penser, mes yeux s'humidifient.

Il retire son casque, ses yeux se posent sur moi, froids, distants, comme un inconnu. Est-ce qu'il essaie de me faire culpabiliser pour ce que je lui ai dit plus tôt? Pourquoi refuse-t-il d'être honnête, de me montrer ce qu'il ressent vraiment?

— Lov... je commence, mais il me coupe sans une once d'émotion.

— Allons-y, dit-il simplement, d'une voix glaciale.

Sa froideur me frappe de plein fouet. Je le connais bien, trop bien même. C'est sa manière de se protéger, de se barricader derrière ce masque de contrôle. Il ne veut pas paraître faible devant moi. Mais c'est précisément ses faiblesses qui m'ont attiré au départ. Ce Lov sensible, celui qui sait aimer, celui qui existe sous cette carapace... Je ne le reconnais plus. Ce masque impénétrable, cette distance, me terrifient. Chaque pas que je fais derrière lui me rappelle à quel point il peut être dangereux, pas seulement pour moi, mais aussi pour Jayden.

S'il décidait de nous séparer, je ne survivrais pas.

Lov avance à grands pas, et je le suis en silence. Ses yeux scrutent les lieux, et soudain, un souvenir refait surface. Ici. C'est ici que tout a commencé. Notre première véritable interaction. J'avais fait tomber un tableau, et il s'était retrouvé par terre, brisé. Après ça, je me suis accroché à chaque prétexte pour le revoir, pour croiser son chemin. J'assistais à ses conférences, choisissant même des cours que je n'avais pas besoin de prendre, juste pour être proche de lui, le voir chaque jeudi. Mais ensuite, tout s'était brouillé.

Je réfléchis, les souvenirs s'entremêlent, mais Lov avance sans me laisser le temps de me ressaisir. Il s'arrête devant une pièce. Je reconnais cet endroit. La première fois où on a réellement parlé. Il pleuvait des cordes ce jour-là.

— Tu te rappelles... Ce jour-là, nous étions dans cette salle, commence Lov, sans une once de chaleur dans la voix. Je t'ai regardé peindre, et on a discuté un peu. Mais avant que tu ne viennes ici, je t'ai pris quelque chose.

Je cherche dans ma mémoire, fouillant dans le brouillard de ce moment, mais les détails m'échappent. Lov se tient là, impassible, ses yeux fixés sur moi, attendant. Puis ça me revient, comme une claque.

— Mes clés, dis-je, me retournant pour le regarder.

Lov ne réagit pas. Son visage reste impassible, comme s'il se refusait à toute émotion. Ce mur, ce refus de me laisser voir quoi que ce soit, de me laisser l'atteindre, c'est insupportable. Je m'approche de lui, prenant sa main dans la mienne. Je sens la tension dans son corps, cette résistance.

— Tout a commencé quand tu m'as volé mes clés, murmuré-je, mes doigts effleurant son visage. C'est comme ça que tu es entré dans mon intimité. Mais Lov...

Je serre une lame dans ma poche, le métal froid et tranchant contre ma paume. Il fronce les sourcils, attendant que je continue. Il est attentif, mais il ne sait pas ce qui l'attend.

— Pourquoi crois-tu que c'était aussi facile?

Je fais une pause, savourant ce moment, sentant la puissance que j'ai enfin sur lui.