Chapitre 1

41 19 62
                                    


  C'était un samedi. Un samedi habituel, comme on en a toutes les semaines.

On est contents de pas avoir cours, tous les ados comme moi traînent dans leur lit et engueulent leur petite sœur quand elle vient les déranger.

Tranquille, quoi.

Vers dix-heures, environ, ma petite sœur, Thalia, vint dans ma chambre, sans toquer.

-Emyyyyyyy, me dit-elle de sa voix nasillarde.

-Thalia ! Combien de fois je vais devoir te le dire ? Je ne veux pas que tu rentres dans ma chambre sans prévenir, tu toques ! répliquai-je, de mauvais poil.

Elle fit la moue :

-Je vois pas pourquoi, si j'ai pas envie !

Je soupirai avec agacement :

-J'aurais pu être nue.

-Et alors ? T'es ma sœur, on s'en fiche !

Je me mordis la lèvre pour me retenir de lui crier dessus. À dix ans, elle était plus énervante que jamais.

-Bon, tu veux quoi ? demandai-je avec humeur.

-On va faire les courses, avec Maman et Papa.

J'attendis qu'elle continue, mais elle ne disait rien d'autre.

-Ok... et donc ?

-Bah... Tu viens ?

Je clignai des yeux. Non mais qu'est-ce qu'elle croyait ?

Je fis une moue de dégoût. Elle savait que je détestais sortir en famille.

J'aimais bien ma famille, oui. Mais à la longue, ils étaient lourds. Et puis, et si quelqu'un du lycée était au supermarché et me voyait avec eux ? La honteeeee !

-Nan. Franchement, nan.

Thalia se décomposa sous mes yeux.

-Quoi... ? Mais allez, steuplai ! Tu viens jamais avec nous...

-Oui, bah voilà. Vous avez l'habitude au moins.

Elle me supplia un instant du regard. Je l'ignorai complètement, absorbée par mon téléphone.

Au bout d'une minute, je relevai les yeux :

-Bon, tu dégages ?

Elle me regarda un instant d'un air peiné :

-Tu sais, toutes mes amies elles ont des grandes sœurs trop gentilles qui passent du temps avec elles...

Je n'éprouvai rien en entendant ces phrases. Elle tentait juste de me faire céder.

-Je m'en fiche, Thalia ! m'énervai-je d'une voix neutre. Dégage, maintenant.

Elle partit en me lançant un dernier regard déçu.

Je me détendis quand j'entendis la porte se fermer. Ils étaient partis.

Ils me saoulaient, franchement ! Ils n'avaient pas l'air de comprendre que j'avais pas envie de traîner avec eux. C'est pas parce que toutes mes copines étaient en week-end ailleurs que j'allais me rabattre sur ma famille, quoi !

Je recommençais à rigoler en regardant la réponse de ma pote.

J'envoyai deux émojis qui rigolaient, puis je sortis de Snap et partis traîner sur YouTube.

Au bout dix minutes, environ, un soudain mal de tête me prit.

J'éteignis mon téléphone, me levai et me dirigeai vers mon miroir, la main sur le front. Qu'est-ce qui m'arrivait, d'un coup ?

Tout à coup, la migraine disparut aussi vite qu'elle était venue.

Je me fixai dans le miroir, perplexe, puis je haussai les épaules, et retournai sur mon lit.

Je ne le savais pas encore mais venait de se produire le pire drame de mon existence.

La jeep d'un homme du nom de Williams Hitremi avait percuté la voiture où se trouvait ma famille. Celle-ci avait valsé, d'abord dans le ravin, à l'envers, puis s'était écrasée contre un arbre, broyant le corps de mon père, au volant et pulvérisant celui de ma mère, à côté. Ma sœur Thalia, n'a pas survécu au looping. Son crâne a explosé en tapant plusieurs fois contre la vitre.

Quand à la jeep, elle a longuement dérapé, jusqu'à foncer dans une barrière, se retourner, et s'aplatir sur le dos. Williams avait connu à peu près le même sort que mon père.

Et moi, pendant ce temps, j'étais affalée sur mon lit, à traîner su mon téléphone, après avoir engueulé ma petite sœur parce que je ne voulais pas rester avec eux.

J'étais décidément la meilleure des filles et des sœurs.

Grâce à euxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant