Chapitre 3

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 Je fermai les yeux, prête à sauter.

Je n'avais plus qu'à tendre mes jambes...

Une voix retentit soudain :

-Non ! Attends !

Déséquilibrée, je manquai de tomber, mais retrouvai mon équilibre.

Je tournai la tête vers ma droite.

Une fille courait vers moi, l'air paniquée.

-Attends ! cria-t-elle à nouveau.

Je clignai des yeux, figée par la surprise.

Qu'est-ce qu'elle faisait.

La fille arriva à mon niveau. Je remarquai alors qu'un garçon, sa copie conforme, la suivait.

La fille m'attrapa la main et me tira en arrière. Je trébuchai et fut obligée de descendre de la barrière. Je retrouvai mon équilibre, et me tournai vers eux :

-Vous vous foutez de ma gueule ! Dégagez ! Laissez moi tranquille !

La fille écarquilla les yeux. Elle n'avait pas l'air de comprendre pourquoi je n'étais pas reconnaissante. Le garçon, lui, s'avança.

-On ne pouvait pas te laisser sauter, dit-il, stoïque.

Je haussai les sourcils, narquoise :

-Bien sûr que si.

Il me fixa un instant, puis dit d'une voix très calme :

-Est-ce qu'au moins tu es sûre que ça en vaille la peine ?

Ma lèvre se mit à trembler. Je me mordis la lèvre pour l'arrêter.

-Je le sais mieux que toi, en tout cas.

La fille prit un air énervé :

-Oui bon bah écoute, si t'as envie de terminer ta vie en crêpe, comme une merde, vas y !

Le garçon lui donna un coup de coude, puis ajouta :

-Mais je te conseille d'y réfléchir.

Je relevai la tête d'un air fier.

-J'y ai déjà réfléchis, merci bien.

Je commençais à remonter sur la barrière, mais le garçon m'attrapa par le bras.

-Eh. Je sais ce que ça fait, d'avoir mal. Callia et moi avons perdu notre père.

Je souris d'un air ironique. S'il savait...

-Tu peux t'estimer chanceux, alors.

La fille, Callia, écarquilla les yeux, et d'un geste violent, me saisit par le col, me ramena une nouvelle fois par terre, approcha son visage du mien, et siffla avec haine :

-Ne redis plus jamais ça. Je ne sais pas ce que tu as vécu, mais c'est pire que tout de perdre une personne de sa famille.

Je m'approchai encore plus d'elle, et murmurai :

-Oh, mais tu crois que j'ai juste subi une peine de cœur ? C'est pire que ça...

Le garçon nous sépara, une main sur mon épaule, une main sur celle de Callia.

-Ça suffit. Callia, tu la laisses, et toi, tu viens avec nous. Je vais pas te laisser sauter comme ça.

Je me décomposai. Pourquoi tout était si compliqué ? Je ne pouvais même plus mourir en paix !

-Quoi ? Mais vous vous prenez pour qui, en fait ? Je saute si je veux, j'ai pas besoin de votre autorisation, oh !

Le garçon rit, passa son bras autour de mes épaules, et dit :

-Il faut bien que quelqu'un t'aide.

Il commença à avancer, me poussant en même temps. Je refusais de bouger.

Je n'en revenais pas. Pour qui ces deux-là se prenaient ? Je faisais ce que je voulais, quand même ! Mais bientôt, la fille se mit à me tirer, en plus de son frère.

Je ne pouvais plus résister. Alors je finis par avancer.

Je ne comprenais pas ce qui m'arrivait. On venait d'arrêter mon suicide, et maintenant on me forçait à avancer pour aller... je ne savais même pas où.

Mais qui était ces gens ?

Au bout de deux minutes de marche, les deux ados me lâchèrent, estimant sans doute que je n'allais plus m'enfuir. Je ne savais pas quoi faire, alors je continuai à marcher avec eux. J'observai la fille. Elle était plutôt jolie. Elle avait des cheveux lisses, blonds un peu cuivrés, qui tombaient jusqu'à ses fesses. Une peau claire, aussi et de très beaux yeux bleus. Elle faisait à peu près ma taille. Je tournai ensuite la tête vers le garçon. Il lui ressemblait beaucoup : les mêmes cheveux, mêmes s'ils étaient coupés en une coupe masculine, les mêmes yeux... il n'y avait pas grand chose qui changeait, le garçon était juste plus grand. Les deux devaient avoir mon âge, environ, c'est-à-dire 17 ans.

Le garçon vit que je le regardai, et me demanda :

-Comment tu t'appelles ?

-Emy, répondis-je, hésitante.

-Enchanté, Emy. Moi c'est Alex.

Sa sœur se pencha pour ajouter :

-Et moi c'est Callia, Callia Hitremi !

Je pâlis violemment. Les jumeaux continuaient à discuter :

-Tu sais Callia, t'es pas tout le temps obligée de rajouter notre nom de famille quand tu te présente !

-Mais si ! riposta-t-elle en souriant. Ça rend mieux.

Mais je ne les écoutais plus. Hitremi... comme l'homme qui avait tué ma famille. Celui qui était mort en même qu'eux.

Je repensai à la phrase d'Alex : « Callia et moi avons perdu notre père ».

Non... ?

-Vous... Vous avez dit... commençai-je d'une voix blanche. Hitremi ? Comme... l'homme qui est mort dans un accident de voiture ?

Les deux ados me regardèrent, surpris.

-Oui... c'est notre père, pourquoi ? répondit Callia avec hésitation.

Je m'arrêtai d'un coup.

Alors oui. J'étais devant la progéniture de celui qui m'avait tout pris, bien que ce soit involontaire.

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