Le disciple du coeur | A.D

T R O I S

Deux jours après avoir visité le splendide domaine où devait avoir lieu son mariage, Olivia décida de prendre du bon temps dans cette ville qu'elle aimait tant et qu'elle n'avait pas parcouru depuis plusieurs années.

Vivre à Paris lui plaisait, malgré un coût de la vie élevé et surtout un rythme bien différent de celui qu'elle avait toujours connu en province. Elle aimait avoir une panoplie gigantesque de restaurants, des activités et des musées rares, sans parler du faite que Paris était tout de même l'une des plus belle ville au monde, la capitale même de l'amour, de la mode et de l'élégance. Toulouse possédait pourtant toujours le cœur de la jeune femme. Ici, elle aimait la simplicité des habitants, la douceur des températures et surtout ses coins et paysages magnifiques. Ce n'était certainement pas à Paris que l'on croiserait des gens sympa et souriants, et ça, elle en avait pleinement conscience. Toulouse faisait ressortir la meilleure partie de son être, et elle se sentait quelque peu revivre loin du tumulte de la capitale, ce qui était plus qu'appréciable pour elle mais aussi pour ses proches.

Aux alentours de quatorze heures, alors que le ciel était d'un bleu idyllique, Olivia proposa à sa jeune sœur de l'accompagner faire un tour au centre-ville. Julia ne se fit pas prier, ravie de pouvoir passer du temps en compagnie de sa grande sœur, et une demi-heure plus tard, les deux sœurs arpentaient les rues animés de la ville Rose. Bras dessus bras dessous, elles semblaient prêtes à affronter le monde entier tant qu'elles étaient ensemble.

— Alors, Tim arrive bientôt ?

— Je ne sais pas... On a échangé quelques messages depuis la visite du domaine, mais rien de bien concret...

— Vous n'allez pas vous faire la gueule éternellement quand même, railla Julia. Vous êtes censé vous mariez dans moins d'un mois.

— Ça va, c'est seulement une petite incompréhension, ça n'empêche en rien le mariage. Tim est toujours super pris par son boulot, mais à chaque fois il trouve le temps pour nous, donc je ne m'inquiète pas. C'est juste que ça va être compliqué de tout organiser toute seule...

— Hé, souffla Julia. Je suis là moi, et puis il y a maman aussi. On te laissera pas tomber ok ?

Olivia lança un sourire de remerciement a sa petite sœur, songeant alors a la chance qu'elle avait d'avoir une famille aussi unie et soudée, et ce même malgré la distance qu'elle avait mis durant des années, et surtout après le décès de son père.

Julia et elle n'avait d'ailleurs jamais évoqué cette période de leur vie. Olivia avait conscience que pour sa petite sœur, perdre son père a tout juste vingt ans avait dû être un énorme traumatisme, mais elles se muraient toutes les deux dans le silence quand il s'agissait d'évoquer leur père, ou simplement des souvenirs le concernant. Elles pensaient sûrement que la plaie était encore bien trop béante chez chacune d'elle.

— Pourquoi on irait pas rendre visite à Aurel ? Elle habite juste derrière la petite place à côté de l'église, proposa Julia.

— Pourquoi pas, sourit Olivia. Ça fait un bail que je ne l'ai pas vu !

Julia, tout excitée à l'idée de rendre visite à une vieille amie d'enfance, ne tenait plus en place. Heureusement, les talons qu'elle avait enfilé en quittant la maison familiale permettaient à sa sœur aînée de pouvoir suivre le rythme qu'elle lui imposait.

En traversant les quelques rues qui les séparaient de l'appartement de leurs amis, Olivia ne pu s'empêcher de penser aux années qui venaient de passer, et qui avait incontestablement cassé quelque chose entre son passé et son futur. Non seulement, elle ne se sentait pas légitime de se rendre chez son amie d'enfance, mais en plus de ça, elle en voulait presque à sa jeune sœur de tout faire pour qu'elle ne se retrouve dans les traces de son adolescence.
Olivia avait haïs cette période, littéralement, et même si elle s'apprêtait à épouser celui qu'elle avait rencontré à ses dix sept ans, elle savait aussi qu'en parcourant les rues de Toulouse, elle pouvait à tout moment tomber sur certains moments de son passé qu'elle avait longtemps réfuté. Elle détestait l'hypervigilance qu'elle développait depuis son retour dans sa ville d'enfance, mais elle appréciait de pouvoir renouer avec certaines personnes de son passé, et encore plus avec sa famille.