Halsey – Him and I
Apricity. La chaleur du soleil en hiver.
C'est cette sensation agréable quand ses rayons réchauffent notre peau pendant une journée glaciale. Je la ressentais par moment dans les redrooms, lorsque ses filets de lumière perçaient les trous dans le toit de la grange pour éclairer ma cage de fortune. Les rares fois où c'est arrivé, je m'allongeais dans la poussière pour m'en imprégner, oubliant qui j'étais et où j'étais.
Le soleil ne s'est pas encore levé, mais je l'attends avec impatience. Son apparition marquera la fin de vingt ans de cauchemar, de souffrances profondes et de détresse silencieuse, pour laisser place à une nouvelle vie, remplie d'espoir et d'opportunités.
Pour faire passer le temps avant l'aube, les mecs s'occupent de couvrir la baraque d'essence pendant que je vagabonde dans chacune de ses pièces, les gravant une dernière fois dans ma mémoire. Les rares souvenirs que je conserve de cet endroit sont souillés par l'aura maléfique de Rob, alors je me concentre sur le seul dans lequel il est absent. C'est celui où ma mère et moi dansions sans honte dans le salon sur un morceau des Beatles. Je peux presque entendre nos rires éclater dans mes oreilles.
Nous étions tellement heureuses.
Je continue d'errer sans but jusqu'à atterrir dans le couloir, devant l'une des portes ornées d'un macabre verrou extérieur. Le souffle figé dans ma poitrine, je l'ouvre. Un froid lugubre me mord l'épiderme, tandis qu'un cocktail de métal et de moisissure m'envahit les narines. La pièce est plongée dans une pénombre étouffante que je repousse d'un coup de doigt sur l'interrupteur.
La bile me monte aussitôt à la gorge.
Malgré les horreurs que je viens d'infliger à mon frère, cet endroit parvient à me retourner l'estomac. Les murs, autrefois rose pâle, sont désormais criblés de taches brunes et de longues fissures, comme des cicatrices ouvertes. Et là où avant il n'y avait qu'un lit, aujourd'hui j'en compte deux, des chaînes rouillées reposant sur les matelas jaunâtres. Et tout ce sang...
Rob méritait chaque seconde du supplice que je lui ai administré, et plus encore. Mais les horreurs qu'il a commises ici... personne ne les méritait. Pas Caleb, pas Daisy, et certainement pas moi du haut de mes cinq ans.
Les jambes soudain fébriles, je m'agenouille par terre. Cette fois, quand les larmes montent, je les laisse couler.
— Maddie ? résonne la voix de Caleb depuis la cuisine.
Une boule m'entrave la gorge et m'empêche de répondre.
— Maddie, t'es là ?
J'entends ses pas dans le salon, le couloir, jusqu'à ce qu'ils se figent à l'entrée de la chambre. Il y a un lourd silence, uniquement interrompu par la discussion des mecs à l'étage, puis Caleb m'implore d'un ton déchiré :
— Sors de là, Maddie.
Je secoue la tête à travers mes sanglots, incapable de lutter contre mes émotions. J'essaie toutefois de me relever, mais mes muscles semblent faits de plomb, et je m'écroule à quatre pattes. Dans mon dos, le chasseur jure dans sa barbe.
Trois secondes plus tard, je sens ses bras solides m'envelopper.
— Ça va aller, chuchote-t-il d'une voix tremblante. Je suis là, petit faon.
Mes pleurs me secouent le corps, et je fonds contre Caleb. C'est comme si la mort de Rob avait déterré et défoncé la porte qu'Ellis m'avait contrainte de fermer et oublier.
— Ça va aller, je te le promets. Ça va aller.
Il inspire profondément avant de reprendre :
— Je suis tellement désolé, Madelyn. Pour toutes les fois où je t'ai blessée alors que j'aurais dû te serrer dans mes bras comme ça.
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Ravagés [TERMINÉE]
Romans| 𝘿𝙖𝙧𝙠 𝙍𝙤𝙢𝙖𝙣𝙘𝙚 | Maddie n'a toujours souhaité qu'une chose: la liberté. Alors quand Rob l'enferme dans une maison au beau milieu de la campagne anglaise pour sa protection, elle en rêve plus que jamais, détestant se sentir comme un animal...