10. Le chasseur

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Trick or Cheat – Diggy Graves

— Petit faon, la provoqué-je en étirant chaque syllabe. Qu'ai-je dit au sujet de me fuir ?

Je sais parfaitement où la pétasse se cache, mais je joue le jeu. Tout comme j'ai su, grâce à la caméra dans son jardin, qu'elle m'attendait sur sa terrasse comme un gamin attendrait le père Noël le soir du réveillon. Mais là encore, j'ai joué le jeu. J'étais curieux de découvrir ce qu'elle m'avait réservé dans sa petite tête démoniaque.

Et putain, je n'ai pas vu l'assiette venir.

Tout en m'essuyant le visage avec le torchon que j'ai choppé dans la cuisine, je me dirige vers la chambre d'ami. Mes ombres l'ont guidée ici sans qu'elle soupçonne quoi que ce soit. Tout pour l'acculer là où je n'aurai plus qu'à la cueillir... tout pour l'éloigner des chambres du rez-de-chaussée.

C'est là que Daisy et moi étions enfermés pendant huit jours, et je serais incapable de l'y suivre.

Animé d'une froide détermination, je m'approche de l'armoire, pensant que ma proie se cache là, lorsque soudain je détecte un mouvement à ma gauche. Elle ne me repère pas immédiatement, mais quand elle le fait... je jure apercevoir un tressautement.

Un large sourire aux lèvres, j'allume le flash de mon téléphone.

— On a peur maintenant, petit faon ?

Le temps se suspend. Le vent fait craquer la bâtisse. La poussière qui virevolte dans l'air me chatouille les narines. Puis, soudain, la pétasse bondit par-dessus le lit et s'enfuit en courant vers le couloir.

Putain, je vais me la farcir.

Lorsque j'émerge de la chambre, elle est déjà en train d'actionner la poignée de la porte d'entrée. J'aurais dû laisser les lumières allumer pour voir sa tête quand elle se rendra compte qu'on a verrouillé toutes les sorties.

Sa peur est pour moi ce que le sang est pour un vampire.

En entendant mes pas lourds dévaler les fragiles escaliers en bois, elle lâche un long défilé de jurons avant de se ruer vers le salon. Elle n'a pas le temps d'atteindre le canapé que je la chope par les cheveux et la tire en arrière d'un coup sec.

— Je m'attendais à plus de résistance de ta part, petit faon.

La connasse éclate de rire.

— Peut-être que je voulais que tu m'attrapes.

Soudain, je l'aperçois : un couteau. L'acier de sa lame scintille à la lumière tremblante de mon flash. Elle prend son élan, mais je parviens à déjouer l'attaque en lui tordant le poignet. Elle lâche son arme qui heurte le parquet dans un son métallique.

— Tu veux déjà me tuer ? Je croyais qu'on s'amusait bien, toi et moi ?

— Je ne veux pas te tuer, me corrige-t-elle en serrant les dents. Juste te blesser un petit peu. S'il te plaît ?

Elle est dos à moi, mais je l'imagine parfaitement papillonner ses longs cils pour me magnétiser. Je l'ai observée faire avec les connards qui lui servent de gardes. Elle utilise la séduction comme une arme pour anesthésier ses peurs et conserver un semblant de contrôle sur sa pathétique vie.

C'est la preuve qu'elle n'est pas aussi innocente que sa gueule d'ange le laisse entendre.

Tout à coup, je la projette au sol pour lui rappeler où est sa place. Elle se retrouve à genoux encerclée par mes ombres et moi.

— Espèce de garce, craché-je en lui balançant mon torchon au visage.

Elle l'attrape au vol et le serre dans son poing avant d'ancrer son regard provocateur au mien.

Ravagés [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant