Le Véritable Amour

L'attirance

Le lendemain matin, Lucie se réveilla avec un sourire qu'elle ne parvenait pas à expliquer. Elle repensa à sa rencontre avec Thomas et se demanda si elle le reverrait vraiment aujourd'hui. Cette pensée la fit frissonner, emplie d'une curieuse excitation. Elle enfila son pull favori, un appareil photo à la main, prête à retourner sur la plage à l'aube, là où tout avait commencé.

En arrivant, elle balaya la plage du regard, cherchant instinctivement la silhouette de Thomas, mais il n'était pas là. Elle se mit à marcher le long du rivage, le bruit des vagues la plongeant peu à peu dans ses pensées. Quelques minutes passèrent, et elle se persuada qu'il ne viendrait sans doute pas. Peut-être était-il un simple voyageur de passage, quelqu'un qu'elle ne reverrait jamais.

Soudain, une voix douce mais familière l'interrompit.

- Vous attendez quelque chose ? Ou peut-être quelqu'un ?

Lucie se retourna, le cœur battant, pour découvrir Thomas, debout à quelques pas derrière elle, un sourire mystérieux aux lèvres. Il portait une écharpe autour du cou, et l'air frais du matin lui donnait un teint rosé. Lucie ne put s'empêcher de sourire.

- Peut-être... un peu des deux, répondit-elle en riant.

Ils se mirent à marcher côte à côte, leurs pas s'accordant naturellement. La conversation, d'abord timide, devint rapidement fluide et pleine de légèreté. Thomas lui parla de son amour pour l'écriture, de la façon dont les mots lui permettaient de comprendre le monde et ses propres émotions. Il lui expliqua qu'il écrivait un roman, sans toutefois en dévoiler le sujet, préférant garder une part de mystère.

- Et vous, qu'est-ce qui vous passionne tant dans la photographie ? demanda-t-il.

Lucie prit un moment pour répondre, cherchant les mots justes.

- Je pense que c'est la façon dont elle me permet de capturer l'instant, de figer des émotions ou des fragments de vie. C'est comme si, à travers l'objectif, je pouvais voir les choses plus profondément, presque comme si chaque détail avait une histoire à raconter.

Thomas la regarda attentivement, impressionné par sa sensibilité. Ils passèrent ainsi la matinée à discuter de leurs passions, de leurs rêves, de ce qui les inspirait. Plus ils parlaient, plus ils découvraient des points communs inattendus. Thomas se révélait aussi passionné que Lucie, et derrière son apparente réserve, elle perçut un homme curieux, avide de comprendre le monde, mais aussi rempli de doutes et de nostalgie.

Au fil des jours, leurs rencontres devinrent presque rituelles. Chaque matin, ils se retrouvaient sur la plage, partageant des moments de complicité que peu de mots suffisaient à exprimer. Leur attirance devenait chaque jour plus forte, palpable dans leurs regards et leurs sourires échangés.

Un matin, alors qu'ils étaient assis côte à côte sur un banc en bois face à la mer, Lucie sentit le regard de Thomas posé sur elle, plus intense que d'habitude. Elle se tourna vers lui, troublée.

- Pourquoi me regardez-vous comme ça ? murmura-t-elle, soudain nerveuse.

Thomas hésita, cherchant ses mots.

- C'est juste que... vous êtes différente, Lucie. Avec vous, j'ai l'impression de pouvoir être moi-même, sans masque, sans peur. C'est rare... si rare.

Lucie sentit son cœur battre plus fort. Elle détourna les yeux, troublée, car ces mots résonnaient profondément en elle. Elle aussi se sentait différente en sa présence, comme si chaque échange, chaque rire, chaque silence renforçait ce lien inexplicable qui se tissait entre eux.

Pourtant, malgré cette connexion, un doute commençait à naître en elle. Elle ne connaissait finalement que peu de choses de Thomas. Une part de lui semblait inaccessible, verrouillée, comme si une ombre planait sur son cœur. Elle avait l'impression qu'il se laissait approcher, mais qu'il gardait toujours une certaine distance, comme par crainte d'aller trop loin.

Un jour, alors qu'ils marchaient ensemble en bord de mer, elle osa briser ce silence mystérieux qui entourait Thomas.

- Pourquoi écrivez-vous ? demanda-t-elle doucement, sentant que cette question pouvait ouvrir une porte.

Il se tut un instant, comme s'il réfléchissait à la réponse, puis murmura :

- Pour me souvenir, je crois. Pour garder en mémoire des choses qui sont importantes, même si elles font parfois mal.

Ces mots la bouleversèrent. Elle pressentait que son passé cachait des blessures qu'il n'était pas encore prêt à partager. Elle se sentit attirée par cette vulnérabilité, mais aussi par la force qu'elle devinait en lui, cette force qui le poussait à chercher du sens malgré la douleur.

En fin de journée, alors qu'ils se disaient au revoir, Thomas posa une main douce sur son épaule, un geste hésitant mais sincère. Lucie leva les yeux, leurs regards se croisèrent, et pendant un instant, elle crut qu'il allait l'embrasser. Mais il se contenta de sourire et de lui murmurer un à demain avant de s'éloigner dans la lumière dorée du crépuscule.

Lucie resta là, debout, le cœur battant, sentant que quelque chose de profond venait de se passer, même sans mots, sans gestes. Elle savait qu'elle s'attachait à lui, peut-être plus qu'elle ne l'aurait souhaité. Elle sentait cette attirance grandir jour après jour, la troublant, la remplissant d'un mélange de peur et de bonheur.

La nuit venue, alors qu'elle se trouvait seule dans sa chambre, elle se surprit à penser à lui, à sa voix, à la profondeur de ses yeux. Elle se demandait jusqu'où tout cela les mènerait. Mais malgré ses doutes, une certitude s'imposait : elle voulait le revoir, encore et encore, même si cela signifiait s'ouvrir à l'inconnu et aux risques que cet amour naissant pouvait lui faire courir.

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Fin du chapitre 2.