Le Véritable Amour

les doutes refoulés

Le lien entre Lucie et Thomas, bien qu'intense, était encore fragile, comme une flamme vacillante qui avait besoin de protection pour survivre. Chacun avait trouvé en l'autre un soutien inattendu, une épaule solide pour s'appuyer, mais malgré les promesses et les mots tendres échangés, des ombres subsistaient, tapis dans leurs cœurs.

Depuis qu'ils avaient fait l'amour pour la première fois, un fossé invisible s'était creusé entre eux, alimenté par des peurs latentes et des doutes non exprimés. Lucie ressentait cette distance subtile, comme si Thomas, malgré sa présence physique, était parfois absorbé par un monde qui lui échappait.

Une nuit, alors qu'ils regardaient un film sur le canapé, Lucie sentit le poids de ce silence. Elle posa sa tête sur son épaule, cherchant la chaleur de son contact, mais son esprit était ailleurs. Elle hésita, puis laissa échapper la question qui la tourmentait depuis des jours.

— Thomas... est-ce que tu penses encore à elle ?

Il se raidit, visiblement pris au dépourvu par la question. Il tourna la tête vers elle, cherchant ses mots, mais son silence disait tout. Lucie se sentit blessée, une douleur sourde lui serrant la poitrine. Elle savait qu'il portait encore en lui le souvenir d'Anna, cette femme qui avait laissé un vide béant dans sa vie.

— Lucie... ce n'est pas ce que tu crois, murmura-t-il en prenant sa main.

Mais Lucie n'avait pas besoin d'explications. Elle le voyait dans son regard, cette absence fugitive, ce moment où il s'échappait dans ses pensées, et elle savait qu'il était encore hanté par cette perte. Elle détourna les yeux, tentant de dissimuler les larmes qui menaçaient de couler.

— Peut-être qu'on a précipité les choses, Thomas, dit-elle dans un souffle. Peut-être que tu n'es pas encore prêt.

— Non, je veux être avec toi, Lucie. Je te veux toi, seulement toi, insista-t-il, mais son propre regard trahissait l'incertitude.

La distance entre eux semblait soudain insurmontable. Lucie savait qu'elle avait besoin de faire face à ses propres insécurités, qu'elle ne pouvait pas construire leur relation en ayant peur d'être éclipsée par une autre. Elle décida de prendre du recul pour laisser Thomas réfléchir, mais aussi pour se retrouver elle-même.

Les jours suivants furent étranges, empreints de silence et de vide. Lucie se replongea dans ses souvenirs, repensant à son propre passé et à ses blessures. Elle revit les attentes de son père, son besoin constant de prouver qu'elle méritait d'être aimée. Elle réalisa combien ce passé influençait encore ses choix, ses peurs et ses insécurités.

De son côté, Thomas retournait dans la petite maison en haut de la falaise, là où il avait souvent trouvé du réconfort. Il y découvrit une ancienne lettre d'Anna, écrite peu avant l'accident, où elle lui parlait de son amour et de son espoir pour l'avenir. À travers ses mots, il ressentit une paix inattendue, comme si Anna lui disait que son bonheur ne devait pas s'arrêter avec elle.

Cette révélation le bouleversa. Il comprit qu'il devait lâcher prise, que pour aimer Lucie, il devait cesser de vivre dans les souvenirs. Il réalisa qu'il était temps de s'ouvrir pleinement, d'accepter l'amour que Lucie lui offrait sans réserve.