Leurs rencontres quotidiennes devenaient une habitude douce et réconfortante pour Lucie, presque un rituel. Chaque matin, elle se levait avec l'espoir de retrouver Thomas, et chaque soir, elle se couchait en repensant à leurs discussions, à leurs regards, à ce lien mystérieux et fragile qui semblait les rapprocher. Pourtant, plus les jours passaient, plus elle sentait une ombre planer sur leur relation, un poids qu'elle n'arrivait pas à nommer.
Thomas, malgré son sourire et ses mots doux, semblait parfois distant, comme retenu par un mur invisible. Lucie le ressentait chaque fois qu'elle tentait d'en apprendre davantage sur lui, sur son passé. Lorsqu'elle abordait certains sujets – des questions anodines, parfois –, elle voyait son visage se fermer, et ses réponses devenaient vagues, presque évasives. Elle comprenait alors qu'il gardait en lui quelque chose de profond, une blessure ou un secret qu'il n'était pas prêt à partager.
Un matin, ils décidèrent de quitter la plage et de marcher dans les ruelles de la petite ville, longeant les maisons aux façades colorées et les étals du marché. Thomas semblait étrangement silencieux, perdu dans ses pensées. Lucie, elle, essayait de faire comme si de rien n'était, même si un malaise commençait à la ronger.
Au détour d'une rue, ils tombèrent sur un parc ombragé. Lucie proposa de s'asseoir sur un banc, espérant que cet endroit calme et paisible pourrait détendre l'atmosphère.
— Tu sembles pensif aujourd'hui, Thomas, murmura-t-elle en s'asseyant à côté de lui.
Il la regarda, esquissa un léger sourire, mais ses yeux trahissaient une tristesse qui la toucha en plein cœur.
— Pardonne-moi, Lucie. Je suis... ailleurs, je crois, répondit-il en regardant le sol.
Un silence inconfortable s'installa entre eux, et Lucie sentit la frustration monter en elle. Elle l'aimait, elle le sentait au fond d'elle-même, mais elle avait l'impression que quelque chose se dressait entre eux, quelque chose qu'elle ne comprenait pas.
Prenant une grande inspiration, elle décida de confronter la situation.
— Thomas, qu'est-ce qui te retient ? J'ai l'impression que tu as peur de quelque chose, ou que tu ne me fais pas confiance... Je suis peut-être naïve, mais je veux comprendre.
Thomas resta silencieux pendant un long moment, puis finit par murmurer, presque pour lui-même :
— Ce n'est pas toi, Lucie. C'est moi... et ce que j'ai vécu.
Elle posa une main douce sur son bras, l'encourageant à continuer. Il hésita, mais, sentant son soutien, il finit par parler, d'une voix basse et empreinte de mélancolie.
— Il y a deux ans, j'ai perdu quelqu'un de très important pour moi. Elle... elle était mon monde. Sa disparition a laissé un vide, une douleur qui ne me quitte jamais vraiment.
Lucie resta immobile, touchée par la vulnérabilité de ses mots. Elle comprenait maintenant la distance qu'il mettait entre eux, cette peur de s'attacher à nouveau, de risquer d'ouvrir son cœur pour revivre la souffrance de la perte.
— Je suis désolée, murmura-t-elle doucement, consciente que ces mots étaient bien faibles face à la douleur qu'il portait en lui.
Thomas lui adressa un regard rempli de gratitude, mais elle sentit qu'il n'était pas prêt à aller plus loin. Elle respecta son silence, malgré le bouleversement intérieur qu'elle ressentait. Elle l'aimait, mais elle savait maintenant qu'il n'était peut-être pas prêt à l'aimer en retour, pas de la façon dont elle en rêvait.
Les jours suivants furent marqués par un étrange éloignement entre eux. Lucie continuait de le retrouver chaque matin, mais leur relation semblait avoir perdu de sa spontanéité, comme si les mots de Thomas avaient brisé quelque chose en eux. Elle se sentait tiraillée entre son désir de l'aider et la frustration de voir ses propres sentiments grandir sans retour évident de sa part.
Un soir, alors qu'elle errait seule sur la plage, elle se surprit à verser quelques larmes. Elle s'en voulait de s'être attachée si vite, de s'être laissée emporter par un amour qui, elle le sentait, risquait de rester à sens unique. Elle savait qu'elle pouvait se blesser dans cette histoire, mais quelque chose en elle refusait de renoncer.
La nuit suivante, lors de leur promenade habituelle, Lucie ne put retenir plus longtemps la tension qui la rongeait.
— Thomas, je ne sais pas si je peux continuer comme ça. Je ressens quelque chose de fort pour toi, mais j'ai l'impression de frapper contre un mur. Est-ce que tu ressens quelque chose pour moi ? Est-ce que tu es prêt à avancer ?
Thomas resta silencieux, fixant l'océan comme s'il cherchait des réponses dans les vagues qui s'écrasaient sur le rivage. Finalement, il se tourna vers elle, le visage empreint d'une tristesse qui fit battre le cœur de Lucie plus fort.
— Lucie... je ressens quelque chose de profond pour toi, vraiment. Mais une part de moi reste attachée à ce passé que je n'ai pas réussi à surmonter. J'ai peur de te blesser, de ne pas pouvoir t'aimer comme tu le mérites.
Elle sentit son cœur se serrer à ces mots. Malgré tout ce qu'il lui avouait, elle percevait encore cette retenue, cette peur qui le paralysait. Mais elle comprenait aussi que cet homme qu'elle aimait était brisé, et que peut-être, il lui faudrait du temps pour retrouver le chemin vers l'amour.
La nuit les enveloppait de son obscurité bienveillante, et Lucie, malgré ses doutes, décida de prendre sa main, de l'entrelacer avec la sienne, pour lui montrer qu'elle restait là, même si rien n'était simple. Ils restèrent ainsi un moment, silencieux, main dans la main, chacun perdu dans ses pensées.
Ce soir-là, elle réalisa qu'aimer Thomas signifiait accepter ses peurs et ses blessures, sans rien attendre en retour. Elle savait qu'elle s'aventurait dans un amour incertain, mais elle se sentait prête à prendre ce risque, guidée par une intuition qu'elle ne pouvait ignorer.
---
Fin du chapitre 3.
YOU ARE READING
Le Véritable Amour
RomanceLucie, une photographe passionnée et rêveuse, décide de prendre quelques jours de repos dans une petite ville en bord de mer pour s'éloigner du tumulte de la ville et trouver l'inspiration. Lors d'une balade sur la plage, elle rencontre Thomas, un é...