J'aime la vie.
Il m'est souvent difficile de la désirer, mais je l'aime.
Que ce soit un papillon que je remarque au loin ou une bourrasque qui me fait tomber et éclater de rire, je trouve merveilleux le monde qui m'entoure.
J'aimais me rendre au collège en transports en commun. J'avais l'habitude de faire l'heure de trajet sans musique, pour prendre le temps d'apprécier le son constant des machines et des gens. J'aime me demander ce que les inconnus autour de moi ressentent, d'où ils viennent, où ils se rendent.
J'aime les couleurs du monde. Quelle chance incroyable j'ai d'avoir accès à toutes ces merveilles. Je me dis que d'attendre d'être finalement en mesure de recréer la beauté d'un lever de soleil avant de quitter ce monde est une méthode comme une autre de me maintenir en vie.
Au fil du temps, je me suis construit une liste de ce qui est aimable dans la vie.
Je ne me sens pas méritante de tous ces bonheurs, mais quand je pense à la possibilité statistique que je sois même née, je me sens encore plus égoïste de cracher sur cette chance.
Je suis encore parfois dégoûtée par mon existence. Je trouve absurde que de tous les êtres potentiels qui auraient pu avoir ma vie, c'est moi qui existe aujourd'hui. Moi qui suis incapable de réellement désirer la vie.
Mais je l'aime, je l'aime.
Je me sens coupable de me détester. Je me sens coupable parce que je sais que je suis aussi incroyable et merveilleuse que toutes ces choses qui me fascinent.
Je suis en vie, je rêve chaque nuit, mon esprit fonctionne d'une façon immensément complexe et variée, j'ai des opinions, des choses à partager, des créations incessantes.
Quand je regarde un papillon, sa simple biologie m'émerveille, ses couleurs, son mouvement.
Je suis capable de rationaliser, je suis capable de comprendre en quoi je possède au moins autant d'émerveillement que cette petite créature.
J'aimerais être capable de le ressentir, non pas seulement de le rationaliser.
J'aimerais me sentir comme faisant partie du monde en tant que composante autant importante que tout autre.
Je n'ai pas envie d'être en vie.
Mais je le suis, et mon appréciation de cet accès privilégié à l'existence m'est jusque-là suffisante pour continuer à avancer.
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Après le néant
PuisiRecueil de textes, de réflexions et de poèmes dont le thème principal est la guérison. Suite spirituelle de « cent poèmes », un recueil que j'avais rédigé dans les premières années de mon adolescence, la période la plus souffrante de ma vie. J'ai s...