Chapitre 1 : Retour à Paris

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"Nous arrivons à Paris Gare de l'Est, terminus de ce train. Avant votre départ, veillez à ne rien laisser derrière vous. Nous espérons que vous avez effectué un bon voyage et à bientôt sur le réseau ferroviaire." 

Après cinq heures de trajet, Adélaïde a enfin foulé le sol parisien. C'est la première fois qu'elle revient dans la capitale depuis la fin de ses études, il y a deux ans. Si elle ne peut pas dire que Paris lui a véritablement manqué, la revoir lui fait tout de même un drôle d'effet. Elle se retrouve de nouveau plongée dans cette foule incessante. Métro, boulot, dodo : c'est ce qu'elle lit sur les visages fatigués des passagers. Une existence qui ne lui correspond guère. Voilà pourquoi elle avait décidé de regagner la campagne après ses études. Pourtant, en dépit de sa volonté de fuir ce mode de vie, elle ne peut s'empêcher d'admettre, avec une certaine déception, qu'elle n'a guère fait mieux. Depuis six mois, elle négocie avec ses employeurs pour obtenir trois malheureux jours de congé. Et elle compte bien en profiter.

Rapidement, elle atteint la station de métro où elle doit descendre. Une fois les escaliers gravis, elle aperçoit une silhouette familière.

« Lucas ! » s'écrie-t-elle.

« Ah, te voilà ! Comment va ma campagnarde préférée ? » répond son meilleur ami d'université, tout en prenant sa valise.

« Je vais bien, merci ! Le voyage a été long, mais ça va. Et toi ? Toujours des soucis avec ta chasse d'eau ? »

« Non, tout est en ordre. Le plombier est enfin passé. Je te jure, mettre deux semaines à venir réparer cette minuscule pièce, c'est du délire. »

Adélaïde laisse échapper un rire discret, ravie de constater que son ami est resté fidèle à son esprit parisien. En chemin vers l'appartement de Lucas, ils échangent des anecdotes sur leurs petites galères respectives. Adélaïde reprend ses repères dans ces rues qui avaient autrefois rythmé son quotidien.

Les deux amis mangent rapidement chez Lucas, puis se préparent à sortir pour visiter le musée d'Orsay. C'est devenu une tradition : chaque fois qu'Adélaïde revient à Paris, c'est la première chose qu'elle fait. Ce musée est comme son havre de paix. Elle adore les œuvres qui y sont exposées, ainsi que le calme qui y règne. N'importe quel musée pourrait offrir cette sérénité, mais c'est ici qu'elle retrouve La femme à l'ombrelle. Elle ne sait pas pourquoi, mais ce tableau l'attire irrésistiblement. Elle pourrait passer des heures à le contempler sans jamais se lasser.

À peine arrivés, les deux amis ne s'attardent pas près des statues. Lucas le sait bien : ils sont là pour admirer le fameux tableau. Par chance, le banc faisant face à l'œuvre est libre. Adélaïde s'y installe et sort son carnet.

« Tu trouves encore l'inspiration dans ce tableau ? » demande Lucas.

« Oui et non. Il m'aide à trouver des idées, c'est tout », explique-t-elle en griffonnant rapidement quelques symboles.

« Que signifient ces dessins ? »

« Je ne le sais pas encore, mais cela viendra. » Adélaïde relève la tête vers son ami et poursuit : « Si tu veux voir autre chose, n'hésite pas, mais... wow ! » Elle ouvre grand les yeux en regardant derrière lui, plaçant sa main sur sa bouche.

« Quoi ? Qu'est-ce qui se passe ? Tu te rends seulement maintenant compte que je suis aussi une œuvre d'art ? » plaisante Lucas.

Elle lui donne un léger coup sur l'épaule.

« Tu n'es pas croyable ! Non ! Derrière toi, au banc d'à côté, il y a... purée, je n'y crois pas. Il y a Jacob ! »

« Jacob ? » Lucas lève un sourcil perplexe, puis comprend. « Jacob, le danseur d'internet ? » demande-t-il en se retournant.

« Ne te retourne pas ! Oui, Jacob Bae lui-même. » chuchote Adélaïde.

« Oh purée, Addy, tu dois aller le voir ! Depuis le temps que tu me spams de ses vidéos et de ses messages, tu ne peux pas laisser filer ton crush sans au moins lui dire bonjour. »

« D'abord, ce n'est pas mon crush... » rétorque la jeune femme alors que Lucas fait des mimiques moqueuses. « Et tu es fou. Je ne vais pas aller l'embêter. Il mérite aussi d'avoir de l'espace et du temps tranquille. »

« Très bien... alors c'est moi qui y vais ! » s'exclame Lucas en se levant sans attendre sa réponse et en se dirigeant directement vers le danseur. Adélaïde tente de le retenir, mais pour ne pas attirer l'attention sur eux, elle se résigne et plonge son regard sur son carnet pour se faire la plus discrète possible.

Nectar (FF)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant