Il était tard lorsque j'avais reçu le message de Gabriel, laconique et sans équivoque :Gabriel : « Réunion demain à 9h avec des investisseurs. Votre présence est impérative. Ne soyez pas en retard. »
Je relus les mots plusieurs fois, incrédule. C’était bien son style de m’annoncer cela au dernier moment, comme si j’étais à sa disposition. Un mélange de colère et d’exaspération monta en moi. Le terme « impératif » me fit presque rire. Encore une fois, Gabriel usait de son autorité sans la moindre considération pour mon emploi du temps.
Je pris une profonde inspiration avant de lui répondre, veillant à conserver un ton professionnel tout en glissant une pointe d'ironie.
Moi : « Merci pour le préavis, Gabriel. Je serai là. Heureuse de voir que l’impératif fait partie de notre nouvelle dynamique. »
Il ne répondit pas, évidemment. Ce silence, je le connaissais bien maintenant. Un silence qui en disait long sur sa façon de tout contrôler. Mais cette fois, je décidai de ne pas me laisser abattre. Au contraire, cette réunion serait l’occasion de lui prouver que je pouvais être aussi exigeante que lui.
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Le lendemain matin, je me rendis au siège de la société de production, vêtue d'un tailleur noir impeccable, mes cheveux relevés en un chignon strict. L’atmosphère qui régnait dans la salle de réunion était tendue. Les investisseurs, des hommes et des femmes d’un certain âge, affichaient des visages fermés, des regards aiguisés. Gabriel était déjà là, parfaitement à l’aise dans son rôle de maître de cérémonie, distribuant des salutations polies et des regards calculés. Lorsqu’il me vit entrer, il me fit un signe de tête presque imperceptible, un léger sourire en coin.
— Content que vous ayez pu vous libérer, murmura-t-il alors que je prenais place à ses côtés.
Je lui lançai un regard perçant.
— Ne vous y habituez pas trop, rétorquai-je d’un ton calme. J’ai une fâcheuse tendance à gérer mon emploi du temps de manière… autonome.
Un éclat d’amusement traversa ses yeux, mais il n’eut pas le temps de répondre. La réunion commença, et tout le monde se mit en position.
Dès les premières minutes, Gabriel me confia la présentation des stratégies de communication. D’un geste assuré, je fis défiler les diapositives tout en expliquant les grandes lignes de notre plan, chaque mot soigneusement choisi. Mon assurance sembla surprendre les investisseurs, leurs regards passant de Gabriel à moi, intrigués par mon aisance.
L’un d’eux, un homme d’une cinquantaine d’années, me posa une question pointue sur la rentabilité de notre campagne.
— Madame… Rose, c’est bien cela ? J’ai quelques réserves quant à vos projections. Pouvez-vous expliquer la stratégie financière derrière ce choix ?
Je ne perdis pas une seconde.
— Bien sûr, Monsieur Dubois. En prenant en compte l’évolution des tendances actuelles et les statistiques de marché, nous avons identifié une opportunité qui pourrait porter nos taux de conversion à un niveau supérieur. Ce choix vise à maximiser l’impact tout en minimisant les coûts. Nos estimations de rentabilité sont donc conservatrices, mais parfaitement alignées avec les attentes de notre public cible.
Les investisseurs échangèrent des regards approbateurs. Gabriel, lui, restait silencieux, attentif à chacun de mes mots, presque fasciné. Je sentais son regard peser sur moi, une admiration silencieuse qui trahissait une surprise qu’il n’arrivait plus à dissimuler.
Après un long moment, la réunion se termina sur une note positive, les investisseurs semblaient rassurés et même impressionnés. Gabriel se leva, me laissant passer devant lui pour saluer les invités. Une fois la porte refermée, il se tourna vers moi.
— Vous avez été… remarquable, Rose. Je savais que vous aviez du potentiel, mais aujourd’hui, vous m’avez vraiment surpris.
Je haussai un sourcil, croisant les bras avec un sourire en coin.
— Vous pensiez vraiment que je n’étais qu’une simple exécutante ?
Il esquissa un sourire.
— Disons que je n’avais pas mesuré toute votre capacité à dominer une salle entière, répondit-il calmement. Vous avez un talent pour captiver l’attention, pour défendre vos idées avec une précision redoutable.
Je le regardai, un peu décontenancée par cette franchise. C’était la première fois que Gabriel me complimentait sans détour, sans froideur dans son regard. Cela me fit un effet étrange, presque déstabilisant.
— Eh bien, j’espère que la prochaine fois, vous me laisserez au moins le temps de me préparer, ajoutai-je pour rompre la tension.
Il hocha la tête, un léger sourire en coin.
— Je vous le promets.
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Le lendemain, je décidai de prendre ma matinée. Après l’intensité de la veille, j’avais besoin de souffler, de retrouver un peu de légèreté. J’enfilai une tenue décontractée, attrapai mon sac et sortis flâner en ville. Les rues étaient animées, et je m’arrêtai prendre un café dans une petite boulangerie que j’aimais particulièrement. Assise en terrasse, je laissais les rayons de soleil caresser mon visage, savourant cet instant de calme.
Mon téléphone vibra. Un message de Gabriel. Un instant d’hésitation avant d’ouvrir.
Gabriel : « Merci pour votre performance d’hier. Les investisseurs sont enchantés. On se voit demain au bureau. Reposez-vous. »
Un sourire me vint malgré moi. Je le sentais plus… humain, presque attentionné. Son message était concis, certes, mais il y avait quelque chose de différent, une chaleur timide, dissimulée sous ses mots.
Je pris une profonde inspiration, laissant mon esprit vagabonder. Je réalisais que, sous son masque de rigidité, Gabriel cachait peut-être une complexité que je n’avais pas perçue jusqu’à présent. Il me défiait, mais d’une certaine manière, il semblait aussi chercher un allié, quelqu’un qui pourrait comprendre sa vision.
Le reste de la journée passa tranquillement. Je rentrai chez moi, un sentiment de sérénité m’envahissant peu à peu. Alors que le soir tombait, je décidai d’écrire, comme pour mettre des mots sur les émotions contradictoires que je ressentais. Gabriel, cette rencontre inopinée, la dynamique étrange qui s’installait entre nous…
Mon téléphone vibra à nouveau. Cette fois, c’était un message d’Émilie.
Émilie : « Alors, comment ça se passe avec ton fameux glaçon ? »
Je souris en répondant :
Moi : « Disons qu’il commence doucement à fondre. Mais il reste glacial. »
Émilie répondit par une série de emojis rieurs, et je ris en silence. Gabriel restait un mystère, un défi constant. Mais pour la première fois, l’idée de continuer à le découvrir ne me semblait plus désagréable, au contraire. Cette collaboration, que j’avais d’abord perçue comme un fardeau, devenait un terrain de jeu où se mêlaient tension et fascination.
Je posai mon téléphone, un léger sourire aux lèvres, et me préparai à affronter la suite.
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TENSION MAGNÉTIQUE.
RomanceRose est une jeune femme intrépide, aussi vive et audacieuse que les flammes qu'elle semble avoir dans le regard. Elle vit chaque moment avec une intensité rare, rêvant d'aventures et de liberté. Lorsqu'elle rencontre Gabriel, un homme au tempéramen...