CHARME FATAL

Chapitre 12

                  « La tempête des émotions »

[Sophia d'Almeida Ndiaye]

Je suis réveillée, les premiers rayons de soleil filtrant à travers les rideaux, mais quelque chose en moi refuse de bouger. Avant même de poser le pied à terre, je sors la clé USB que Demba m'a confiée. La sensation froide du métal entre mes doigts me rappelle la nuit de notre rencontre secrète, les mots lourds qu'il m'a laissés en même temps que ce petit objet.

Je prends une profonde inspiration et l'insère dans mon ordinateur, mes doigts tremblants légèrement. L'écran s'illumine, et un seul dossier apparaît : "Confidentiel". Juste ce mot, sobre et pourtant chargé de mystère. Mon cœur s'emballe ; je n'ose imaginer ce que je vais découvrir, mais une part de moi sait que ces fichiers contiennent des vérités sombres, celles qui hantent Demba depuis si longtemps.

Je clique sur le dossier, et une série de documents s'affiche. Des rapports, des photos, des enregistrements audio. Je défile les premiers fichiers, mon souffle se suspend. Les noms qui y figurent me sont familiers. Ils appartiennent aux personnes les plus puissantes du pays, ceux qu'on pense intouchables. Des traces de transactions bancaires, des transferts mystérieux de fonds, des comptes cachés. Et là, en première ligne : le nom du président.

Chaque fichier que j'ouvre me plonge un peu plus dans une réalité que je n'aurais jamais cru possible. Des preuves de malversations, des deals secrets, des décisions prises dans l'ombre par ceux censés servir le peuple. Ce que je découvre dépasse tout ce que j'aurais pu imaginer. La gravité de ces informations m'écrase, et je réalise l'importance de ce que je tiens entre mes mains. Ces preuves, Demba aurait pu les garder pour lui, les utiliser comme une arme ou une protection, mais il m'en a confié la garde.

Je referme doucement l'ordinateur, sentant une lourdeur s'installer en moi. Demba ne m'a pas seulement donné une clé USB ; il m'a transmis un fardeau, un secret, un morceau de sa propre bataille. Un lien invisible mais inévitable s'est tissé entre nous, et je comprends maintenant qu'il m'a fait entrer dans son monde, dans son combat.

Maria est assis avec ma mère dans la salle à manger. Je ne savais pas qu'elle était rentrée.

Je m'approche de Maria, un sourire doux éclairant mon visage. Je déposai un baiser affectueux sur sa joue.

— Bonjour, ma Maria d'amour. J'espère que tout as bien dormi ?

— Toujours, ma chérie, me répondit-elle avec un sourire chaleureux, ses yeux pétillant d'affection.

Je me redressais ensuite, et d'un regard rapide, je me tournais vers ma mère. Mon visage se durcit instantanément, et je lui lançais un simple :

— Bonjour.

Le ton était sec, presque tranchant, et la tension qui émanait de ce mot si court se ressentit dans toute la pièce. Ma mère leva un sourcil, feignant d'être surprise par cet accueil glacial.

— Sophia, j'aurais espéré un accueil un peu plus chaleureux, murmura-t-elle, presque amusée par cette froideur.

Je la regardais, sans émotion apparente, le regard perçant.

— Ça aurait peut-être été différent si tu avais été plus présente, répondis-je, ma voix toujours empreinte de froideur.

— Je fais de mon mieux...

— Ton mieux ? répliquais-je, une lueur de colère dans mes yeux. Ton mieux, c'est de partir à chaque fois sans te retourner ?

Les mots semblaient peser, comme s'ils avaient été retenus trop longtemps. Ma mère resta silencieuse, ne sachant quoi répondre.