Le lendemain matin Cerise partît au travail de très bonne humeur
puisque ce jour était celui de son rendez-vous avec Christophe.
Les parisiens avaient été plutôt sages dans le métro et aucune musique interprétée par une quelconque personne dans le
besoin n'était venue perturber ses pensées.Ce n'était pas qu'elle détestait les mendiants, bien au contraire, Cerise était de nature généreuse, mais elle ne supportait plus d'entendre éternellement les reprises de la Vie en
Rose, d'Edith Piaf, dans un français plus qu'approximatif.En revanche, elle aimait le spectacle de marionnettes joué à la station Kléber
de la ligne 6, où un Gaston Lagaffe faisait rire les voyageurs sur la
chanson « Gaston y'a téléphon qui son...».En arrivant au travail, une ambiance lourde et pesante régnait dans
l'openspace. Elle trouva un post-it posé sur son bureau sur lequel était noté : «Rdv dans le bureau de Michaela 13h ».Mais que pouvait bien lui vouloir sa «n+3 » ? Cerise se disait qu'une
nouvelle mission allait certainement lui être confiée. Un
nombre important de VIP devait surement y assister pour que tout cela nécessite un face à face avec Michaela.Sa patronne était connue pour son exigence.De plus elle sortait d'un récent divorce qui l'avait beaucoup malmenée et lors duquel elle avait perdu la garde de ses enfants... pour des raisons dont Cerise ignorait tout.
Une boulette de papier lui percuta la tête, alors qu'elle était concentrée à rédiger un email professionnel.
Elle ouvrit le projectile et reconnut immédiatement l'écriture de Jonathan, son collègue.*Hey ma puce j'ai deux places pour le concert des Lumineers ce soir, tu m'accompagnes? Tu sais que ce petit chemisier rose te va à merveille ! Tu es radieuse.
Cerise échappa un petit rire en se pinçant le nez. C'était une technique imparable qu'elle avait mis en place pour éviter de pleurer. Le corps de Cerise avait parfois des réactions très étranges, si elle ne pouvait laisser sortir une violente crise de rires, ses yeux se mettaient à pleurer ! Un seul remède pour faire face à ce moment humiliant devant tous ses collègues: se pincer le nez.
"Je vois que je viens de te faire rire, puisque tu te pinces le nez ! Tu sais que tu es vraiment choux quand tu fais ça? lui dit Jonathan tout en s'appuyant sur son bureau."
" Arrêtes ta drague, c'est peine perdue, je ne souhaite pas être ajouté à la longue liste des désespérées de cette boîte qui t'ont donné une chance."
"Désespérées? Le mot que tu recherches est comblées, reprit - il avec un sourire colgate dont Cerise avait envie d'arracher les dents une par une".
"Tu es vraiment désespérant, tu ne sais pas prendre un non pour réponse."
"Ne jamais se satisfaire d'un non Cerise, jamais ! Lui dit-il en quittant son bureau, je t'aurai un jour, je t'aurai !"
Cerise lui adressa son regard le plus méprisant, mais fut finalement trahie par un petit sourire. Il était toujours plaisant pour une femme de se savoir appréciée par un homme, même si elle ne décrirait pas Jonathan en ces termes mais plutôt comme un homme affamé, déambulant de bureaux en bureaux jusqu'à trouver sa proie.
Il était presque onze heures et il était temps de saluer les copines. Un petit tour sur Whatsapp lui permit de découvrir que Cassie avait largué le journaliste et que Lynn éprouvait de la peine pour ce pauvre garçon. Déborah avait pour sa part ajouté un selfie avec son mari sur le chemin en allant acheter des macarons. Sofia agrémenta le tout d'une note vocale : "Cassie a largué, Cassie doit payer une tournée ! Moi je dis rendez vous au Marrai! S'écria Sofia."
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Remboursé! [Pause]
RomansLa trentaine bien passée, des amies formidables, un voisin encombrant, des ovocytes congelés, un inconnu un peu trop collant, un amant trop distant... Voilà ce qui fait de la vie de Cerise un défi permanent qu'elle relève avec plus ou moins de succè...