20 | 𝔖𝔱𝔞𝔫𝔦𝔰𝔩𝔞𝔴

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AFFECTION PURE

L'amour sain a un début et pas de fin.

Je suis sur un nuage. Littéralement. Les œufs au plat face à moi, je navigue dans le souvenir de notre dernière interaction, de son souffle chaud contre le mien, de ses lèvres contre les miennes et de mes bras enlaçant sa taille.

— Tu divagues ou quoi ?

Quittant ma léthargie, je découvre Oncle Laszlo. Cela fait des mois que nos échanges se résument à quelques mots si ce ne sont des salutations. A ma gauche, Tic ouvre sa gueule, se secoue et se remet sur pied.

Je lui fournis une caresse et il l'accepte, m'intimant à continuer en m'offrant son museau.

— As-tu le numéro du père de Beatrix ?

— Leander ? Il a proposé ses services quand tu as cassé la tronche d'un gamin avant que tu ne quittes Oslo pour l'Angleterre.

Je ne l'ai pas quitté de mon plein gré. Tu m'y as forcé.

— Tu as ses coordonnées ?

Il se gratte l'arrière de la tête, en pleine réflexion.

— Ouais, quelque part sous un tas de paperasse. Pourquoi ?

— Sa fille est enfermée en hôpital psychiatrique. Ça fait des mois qu'elle n'a plus de nouvelles de son frère et je doute que son père soit au courant pour son internement.

— On parle bien du même homme ? Leander Saeter ? Carrure imposante ? Barbe impeccable ? Un mètre quatre-vingt-cinq ?

— Je n'ai pas de description physique. Je sais juste qu'il s'appelle Leander Saeter et qu'il a disparu il y a plus d'un an.

— Pas possible. Il était dans le bar que je fréquente y a pas moins d'une semaine.

J'en tomberai presque de ma chaise.

— T'es pas sérieux ?

— Ouais, ça en bouche un coin venant d'un avocat aussi prestigieux que lui. Il parait qu'il a renoncé à tout et d'après les rumeurs, ça fait quasiment un an qu'il n'a pas de domicile fixe. Il passe ses journées d'hôtel en hôtel. Sa femme l'aurait quitté. Depuis leur divorce, il ne s'en serait jamais remis, mais je ne pensais pas que c'était le genre d'hommes à abandonner ses enfants.

Ce qu'a dit Beatrix se confirme : Leander et Agatha ne sont plus ensemble, mais ce qui me titille c'est que d'après la version de Beatrix, le choix de la séparation vient de son père et non de sa mère. Pourquoi en serait-il accablé si cette décision, c'est lui qui l'a prise ?

— Tu as la liste des hôtels qu'il fréquente ?

— Ouais, mais ce ne serait pas plus simple que tu lui passes un coup de fil ?

— Je préfère qu'on échange de vive voix.

Laszlo hoche la tête et disparait derrière l'encadrement donnant sur le couloir. Il n'est de retour qu'une heure plus tard, après que j'ai promené les chiens. Tic et Tac s'en vont, jouant avec ma balle que Tic tient dans sa gueule. Laszlo caresse le museau de Tac et arrive à ma hauteur.

Sur un bout de papier qu'il me tend, au moins dix hôtels de la ville sont listés. Je le prends, mais Laszlo m'y empêche à la dernière seconde.

— J'ai ma condition.

Je réprime un sifflement.

— Tu veux quoi ?

— Que tu ailles en cours.

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