✘ QUESTIONNEMENT DOULOUREUX ✘
Certains maux n'ont pas d'origine.
Nous avons perpétué nos sorties avec Stanislaw, Sabine et Zaviyar jusqu'à ce que ma camarade n'en puisse plus. Sa fatigue a fini par l'emporter au bout de deux semaines. Ses insomnies ont été vaincues et son poids grimpe lentement, mais surement.
Entre Stanislaw et moi, tout va bien. Nous sommes amis. Enfin, si on omet ses déclarations à connotation amoureuses. Il prend soin de moi et, malgré que je ne puisse rien faire, enfermée dans cette cage, je fais de mon mieux pour lui rendre la pareille. Je n'ai pas d'argent et, par conséquent, pas de cadeaux à lui offrir. Il n'y a que moi et j'espère que ma personne lui suffira.
Je lui restituerai sa bonté aux centuples. C'est une promesse silencieuse que je me jure d'accomplir.
Je ne suis pas en compagnie de Sabine ce soir, et Zaviyar n'est pas présent non plus, faute d'un manque de sommeil pour tous les deux. J'ai insisté pour que Stanislaw ne vienne plus pendant quelques jours afin qu'il puisse se reposer, mais il s'y est refusé. Posté devant sa voiture, je le contemple. Une vitre nous sépare. Du côté conducteur, sa tête est appuyée contre son siège et ses pupilles sont fermées. Je crois qu'il dort jusqu'à ce que ses lèvres remuent et qu'une voix féminine s'extrait de la bagnole pour rejoindre la neige silencieuse. Je suis frigorifiée quand il délaisse sa paralysie et qu'il porte son regard sur moi. Stanislaw opère un mouvement de la main, m'invitant à entrer et je quitte ma léthargie en ouvrant la portière.
Un sentiment de gêne s'infuse en moi en notifiant l'existence d'une tierce personne ; des cheveux châtains aux maigres reflets blonds, des lippes charnues et des iris bruns. Lavinia est sur la banquette arrière. Sa veste en fausse fourrure la réchauffe et quelques plumes frôlent son visage.
— Ça fait longtemps !
Elle m'octroie un sourire éclatant auquel je réponds timidement. Mes yeux dévient sur Stanislaw qui démarre la voiture. Nous échangeons un regard qui en dit beaucoup sur l'avis que je tais à propos de la présence de cette femme.
— Ne t'inquiète pas, me rassure-t-elle aussitôt comme si elle lisait dans mes pensées. Je ne suis là que pour t'offrir quelque chose à la place de ce gaillard.
Par le rétroviseur, son ami annonce :
— Tu n'as pas quelque chose à faire, Lavinia ?
Il éveille ma curiosité, mais je n'en laisse rien paraitre, fixant la route devant moi, l'attention malgré tout portée sur ce qui se déroule à l'arrière.
— Je ne me suis pas réellement excusée pour mon silence, articule-t-elle avec difficulté, comme si s'absoudre lui demandait de fournir un travail hors norme sur elle-même. Alors, voilà... Je suis désolée pour tout.
Entre nos deux sièges, elle y passe sa tête, tournée vers moi. Sa paume suit le même chemin. Je la saisis plus par réflexe que par pardon.
— On va au lac ?
Sa proposition m'arrache un frisson désagréable. Je pensais que c'était notre cocon à Sabine, Zaviyar, Stanislaw et moi-même, mais il faut croire que Lavinia a volé beaucoup de premières fois à Stanislaw. Elle me précède dans tout.
— On va chercher un truc à grignoter d'abord, ajoute-t-elle.
Sans le réaliser, comme à chaque fois que cette pulsion me vient, Stanislaw m'envoie un léger coup de coude discret et ma main quitte mes cheveux pour s'entremêler avec l'autre, positionnée sur ma cuisse.
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UMBRA
Romance𝔇𝔞𝔫𝔰 𝔩𝔞 𝔠𝔩𝔞𝔯𝔱𝔢́ 𝔡𝔢 𝔱𝔢𝔰 𝔱𝔬𝔲𝔯𝔪𝔢𝔫𝔱𝔰, 𝔧𝔢 𝔰𝔢𝔯𝔞𝔦 𝔩'𝔬𝔪𝔟𝔯𝔢 𝔡𝔢 𝔱𝔞 𝔧𝔬𝔦𝔢 L'hôpital psychiatrique d'Oslo est le nouvel habitat de Beatrix Sæter. Exclue du monde extérieur, ses pensées poussées par son imagination...