UN ROYAUME DE LAVE ET D'ETOILES | tome 2

FAMILIER

— Je suis désolé, d'accord ?

Mon cheval me tourne le dos dans son box en mauvais état, le confort lui manque. J'ai conscience lui avoir fait abandonner son confort à Sedith, et qu'il m'en veux de ne pas lui apporter la même douce nourriture tous les jours. Aujourd'hui est mon seul jour de repos de ce long premier mois de travail dans cet auberge. La fine armure écaillé de Kassian épouse parfaitement ma peau, je ne remercierai jamais assez Daphné. Elle aurait pu me dénoncer ce jour-là, pour tous mes mensonges, pour mon identité masquée, mais elle s'y est abstenue. L'idée qu'elle ait pu aider Kassian pour m'élaborer une telle protection corporelle, me réchauffe le cœur. Elle ne ressent aucune rancœur à mon égard, malgré tout ce qui a pu se passer à Harenae. L'armure est si fine, qu'elle est facilement masquée sous mon ample chemise. Je passe la lourde selle sur le dos de mon cheval, attirant son attention, se décidant enfin à tourner sa tête vers moi. Je vais enfin pouvoir lui prendre une nourriture de meilleure qualité dans l'un des villages voisins. Ici, personne ne produit de foin, ni de céréale, un simple village de passage permettant de s'y reposer et de déguster du poulet de l'un des habitants. Je grimpe sur son dos, lui indiquant le chemin s'offrant devant nous, en direction du Sud. J'ai eu vent d'un village fabriquant du foin, revendu sur leur marché pour quelques pièces, espérant pourvoir en dégoter pour mon cheval. Le soleil pointe enfin le bout de son nez, après ce long épisode pluvieux. Je profite des quelques rayon du soleil qui me réchauffe les joues, asséchées par le froid qui s'installe depuis peu. Heureusement, les écailles de phyton maintiennent mon corps au chaud, je remercie Kassian intérieurement. Elle me colle à la peau, tout en me laissant libre court à mes mouvements. J'étire mes muscles vers le ciel, espérant décoincer mon dos qui me tiraille depuis mon réveil ce matin. Je reste admirer un moment les paysages s'offrant à nous, comme si je les découvrais pour la première fois. J'ai changé de villages à plusieurs reprises le premier mois de mon bannissement, de peur d'être traquée sans relâche en restant dans ceux bien trop exposés au routes commerciales inter-royaumes. Je ne regrette pas d'avoir fait les poches de cet arrogant soldat de Nahera, cet argent me permettra de profiter de quelques malheureuses douches chaudes ainsi que de pouvoir offrir un peu de nourriture différente. Les sabots d'Arion s'éclaboussent dans toutes les marres d'eau, s'étant développé durant ces derniers jours de pluie intense. Je ne suis pas seule. Kassian se soucie pour moi, ainsi que Daphné, me redonnant un peu plus de courage. Le village se dessine à l'horizon, nous y arrivons. Mon cheval en profite pour couper quelques brindilles d'herbe gorgées d'eau, les mâchant vigoureusement. Je dois trouver un moyen de retourner à Sedith, une fois que je serai prête. Il faut que j'apprenne à me battre, pour espérer un jour m'être fin à la vie du roi. Une vie pour une vie, que m'avait dit les esclaves d'Harenae en les relâchant.

— Une vie pour une vie, répète ai-je à voix haute.

Nous nous engouffrons dans le petit village bordant l'entrée de l'une des nombreuses forêts menant à Sedith, très animé. Des dizaines de personnes se baladent à l'intérieur, accompagné pour la plupart, d'un panier au bras. Le marché a commencé. Quelques regards interrogateurs se posent sur mon cheval, dont la robe est particulière. Les habitations sont cloués de bois, sûrement ceux des arbres juste derrière. Je me demande si des créatures viennent semer la terreurs dans les ruelles, une fois la nuit tombée. Une pression dans mes bottes me rappelle que les couteaux de Kassian sont bien en place, contre mes chevilles. Mes seules armes, dont les lames commencent légèrement à s'effriter à force de les malmener. Je continue ma course à pied, me permettant de mieux observer les marchandises proposés à la vente aujourd'hui, trainant Arion par les rênes.

— Combien pour le foin ? Demande ai-je au vieux marchand.

Il me toise, avant de toiser mon cheval à mes côtés. Je ne semble pas être la bienvenue.