Assise dans la salle de réunion, je sentais les salutations courroucés de mes parents sur mon dos. Leurs mines froncées et désapprobatrices, si typiques, semblaient peser plus lourd que d'habitude. L'atmosphère était tendue. Seul le tapotement des doigts de mon père contre la table en ou massif venait briser le silence écrasant.
Ma mère faisait les cent pas, son serpent rampant derrière elle, peinant à suivre son rythme nerveux. Elle portait à sa bouche ses ongles, mordillant l'extrémité avec frénésie. C'était un tic qu'elle avait toujours eu quand l'angoisse la submergeait.
— Qu'est-ce qui t'a pris de foncer dans cette ruelle, Aerin ?, s'emporta ma mère, brisant le silence de sa voix sèche et glaciale.
Je levai les yeux au ciel, exaspérée. Mes poings se serraient sur mes genoux, mais je tâchai de garder mon calme.
— J'aurais mieux fait de rentrer au château et de me terrer comme un oisillon ? De l'attendre bien sagement pour qu'il récidive ? Comment aurais-je pu savoir qu'il faisait partie de l'Ordre de la Lame Écarlate ? dis-je, ma voix tremblante de colère contenue.
La voix dans mon esprit ricana.
Ta mère est faible d'esprit. Elle croit que tu l'es aussi. Mais nous sommes bien plus fortes qu'elle ne le saura jamais.
—Cet homme aurait récidivé, penses tu que que je serais encore là pour en parler ?, je grommelai entre mes dents.
Ma mère arrêtera un instant de mutiler ses pouces. Le serpent, à ses pieds, relève la tête et émet un sifflement discret, comme pour traduire sa propre nervosité.
— Ce n'est pas qu'un simple meurtrier, répliqua-t-elle d'une voix plus aiguë. Il fait partie de l'Ordre de la Lame Écarlate, Aerin. Sais-tu seulement ce que cela signifie ? Tu as eu de la chance que ta tête soit toujours attachée à tes épaules.
Ce n'est pas parce que nous suivons pas toujours les cours du vieux sage que nous sommes stupides.
J'intimai à cette voix de se taire.
—C'est une guilde d'assassins venu des basfonds. Le seuls des six royaumes à n'être gouvernés que par l'anarchie et le pouvoir. On entend simplement des rumeurs sur eux, qu'ils sont rapides, invisibles et qu'on ne peut voir que le sang écarlate de leur lame avant de mourir. Ils s'enrichissent par le conflit et tue pour le plus offrant. Ils sont les seuls que la Grande Guerre a aidé. Je crois que j'ai bien appris ma leçon ?, je susurre agacée, ne cachant à peine mon mépris dans ma voix.
Pourquoi devait t'on me tenir un procès pour avoir ramener un hors la loi ?
Pourquoi fallait t'il toujours que l'on trouve un reproche ?
Je venais de battre un assassin de l'ordre de la lame écarlate, considérez comme invaincu et je n'obtenais encore une fois que dédain et mépris.Correction : je l'ai battu, affirma la voix dans mon esprit.
Je l'ignorerai.
Le visage de ma mère vira au rouge, sa frustration éclatant enfin. D'un geste brusque, elle balaya les papiers étalés sur la table.
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Crystal sorrow [TOME 1]
FantasiaSi le monde voyait votre ombre au lieu de votre lumière, qui seriez-vous ? Aerin le sait mieux que quiconque : princesse en apparence, rejetée en secret, elle cache une double personnalité qui ne cesse de la hanter. Alors qu'une nouvelle guerre se...