1. 𝙿𝙾𝚄𝚁𝚀𝚄𝙾𝙸 ?

9 3 3
                                    

"𝙿𝚊𝚛𝚏𝚘𝚒𝚜, 𝚕𝚊 𝚟𝚒𝚎 𝚎́𝚙𝚞𝚒𝚜𝚎 𝚝𝚊𝚗𝚝 𝚚𝚞𝚎 𝚖𝚎̂𝚖𝚎 𝚗𝚘𝚜 𝚛𝚎̂𝚟𝚎𝚜 𝚜𝚎𝚖𝚋𝚕𝚎𝚗𝚝 𝚝𝚛𝚘𝚙 𝚕𝚘𝚞𝚛𝚍𝚜 𝚊̀ 𝚙𝚘𝚛𝚝𝚎𝚛, 𝚖𝚊𝚒𝚜 𝚒𝚕 𝚜𝚞𝚏𝚏𝚒𝚝 𝚍'𝚞𝚗𝚎 𝚙𝚎𝚝𝚒𝚝𝚎 𝚎́𝚝𝚒𝚗𝚌𝚎𝚕𝚕𝚎 𝚙𝚘𝚞𝚛 𝚛𝚊𝚕𝚕𝚞𝚖𝚎𝚛 𝚕'𝚎𝚜𝚙𝚘𝚒𝚛."

✂ ----


ARIA
Angleterre - Londre
Février 2011

Assise sur mon lit, écouteurs dans les oreilles et volume au maximum, j'écoute Lana Del Rey, la seule musique que je considère comme vraiment émotionnelle.

Dehors, il pleut. Le vent ramène les quelques feuilles qui traînent au sol contre la baie vitrée de mon balcon, enfin, ce qui reste d'un balcon à ce stade.

Depuis mon lit, je regarde l'hiver se déchaîner. Le vent souffle, l'humidité est présente, visible même. Londres est magnifique en hiver, mais moi, je trouve aussi que Londres fait peur.

Il ne reste plus qu'une semaine avant la reprise des cours, et déjà, la peur m'envahit, le stress monte, et cette envie de tout laisser tomber n'est pas loin. Mourir, rendre mon corps, mon âme.

Mais il ne faut pas que je lâche. C'est ma dernière année de lycée, et il faut impérativement que je la réussisse. J'ai déjà failli redoubler la première, hors de question de rater celle-ci.

L'année prochaine, le lycée c'est fini, place à la vie d'adulte. Je n'ai pas le droit de faiblir. Je suis déjà fragile, mais je vais faire tout ce que je peux pour passer cette année. Au moins, sans blessures physiques, juste du mental.

Une notification vient perturbé ma musique, curieuse de savoir ce que ça dit, je clique sur et surprise de voir qui est l'auteur.

Asael
𝚂𝚊𝚕𝚞𝚝, 𝚓𝚎 𝚝𝚎 𝚍𝚎𝚛𝚊𝚗𝚐𝚎 ?

Moi

𝙽𝚘𝚗, 𝚙𝚘𝚞𝚛𝚚𝚞𝚘𝚒 ?

Asael
𝙼𝚊 𝚌𝚘𝚞𝚜𝚒𝚗𝚎 𝚊𝚒𝚖𝚎𝚛𝚊𝚒𝚜 𝚚𝚞𝚎 𝚝𝚞 𝚙𝚊𝚜𝚜𝚎 𝚊̀ 𝚕𝚊 𝚖𝚊𝚒𝚜𝚘𝚗, 𝚝'𝚎𝚜 𝚍𝚒𝚜𝚙𝚘 ?

Moi
𝙾𝚞𝚒, 𝚖𝚊𝚒𝚜 𝚙𝚘𝚞𝚛𝚚𝚞𝚘𝚒 𝚌'𝚎𝚜𝚝 𝚙𝚊𝚜 𝚎𝚕𝚕𝚎 𝚚𝚞𝚒 𝚖𝚎 𝚍𝚎𝚖𝚊𝚗𝚍𝚎 ?

Asael
𝙴𝚕𝚕𝚎 𝚊̀ 𝚙𝚕𝚞𝚜 𝚍𝚎 𝚝𝚎́𝚕𝚎́𝚙𝚑𝚘𝚗𝚎.
𝙹𝚎 𝚙𝚊𝚜𝚜𝚎 𝚝𝚎 𝚙𝚛𝚎𝚗𝚍𝚛𝚎 𝚍𝚊𝚗𝚜 30 𝚖𝚒𝚗.

Moi
𝚍'𝚊𝚌𝚌𝚘𝚛𝚍.


Je pose mon téléphone sur le côté, je respire profondément, j’expire. J’aurais pu dire que j’étais occupée, mais non, comme une imbécile, j’ai accepté.

Je ne suis pas idiote, elle va vouloir que j’aille chez elle, ensuite que je reste manger, puis, pour finir, que je reste dormir.

Je l’aime bien, Olivia, mais parfois, je trouve qu’elle abuse de ma vulnérabilité. Je passe mes mains dans mes cheveux et souffle, frustrée.

Comment dire ça à mes parents ?

Je prends une grande inspiration, me lève et quitte mon cocon pour descendre dans le salon. Normalement, il n’y a que maman, papa, lui, est encore au travail.

Les escaliers grincent sous mon poids. Je ne vais pas passer inaperçue si je pars d’ici sans prévenir, il vaut donc mieux prévenir au moins ma mère.

Je passe dans le salon. Le silence règne, la télé est allumée mais aucun son n’en sort. Je me dirige vers la cuisine, la lumière est allumée, mais personne.

Je sors dehors, dans le jardin, et la retrouve, debout au milieu des feuilles mortes et humides, un gilet en laine sur le dos et une tasse fumante dans les mains.

Je m’approche doucement d’elle; elle semble plongée dans ses pensées.

— Maman ? demandé-je, pensant qu’elle ne m’a pas entendue. Je l’appelle une seconde fois, elle se retourne vers moi et son sourire m’inquiète.

— Aria ? Rentre, tu vas tomber malade.

— Toi aussi, pourtant, tu es dehors, sous le vent.

Elle me sourit et vient vers moi. Nous rentrons toutes les deux dans la maison, l’air chaud frappe doucement mon corps, la différence de température est flagrante.

— Tu veux une tasse de thé ? demande maman, pensive.

— Non merci, en fait, je suis venue te demander quelque chose.

Elle sort de ses pensées et m’accorde maintenant toute son attention; je vois dans son regard qu’elle est curieuse.

— Olivia veut me voir. Et tu sais comment elle est…

— Tu peux, ma chérie, mais demain, tu reviens ici avant 10 heures, tu ne dois pas manquer les courses.

— Je serai là bien avant, merci, maman.

Je la prends dans mes bras et la serre fort, puis je réalise que dans à peine trente minutes, mon chauffeur arrive.

— Quelqu’un vient de sonner, dit maman.

— Je n’ai pas entendu.

Ding ding ding.

— Tu peux aller ouvrir, s’il te plaît ? Je n’ai pas encore fait mon sac.

Elle acquiesce en me disant de me dépêcher. Je fonce à l’étage et prends mon sac. Je mets des vêtements un peu au hasard, ma brosse à dents, ma brosse à cheveux, mon sweat.

Je descends rapidement les escaliers et, en arrivant en bas, je trouve Asael. Il discute avec maman. Ils tournent leurs regards vers moi, je souris, gênée, et salue le cousin de mon amie.

— C’est bon, il ne manque rien ?

— Pour une nuit, je pense que j’ai tout.

Un dernier au revoir à ma mère et je sors, suivie de mon chauffeur. Il s’approche de la voiture et l’ouvre. Je pose mon sac à l’arrière et prends la place de devant sur son ordre.

— T’aimes toujours pas être devant.

C’est plus une affirmation qu’une question, j’opine d’un signe de tête.

Il démarre la voiture mais, avant, monte le chauffage. Une fois sur la route, mon regard se perd dans le paysage londonien.

𝐀𝐑𝐈𝐀 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant