Modèle d'un jour 〈Eijiro × Katsuki〉

Chapitre 7 : Discussion

Point de vue d'Eijiro

Le moins que l'on puisse dire c'est que le dernier mois a été plus que rocambolesque. On pourrait presque dire que j'ai changé une bonne partie de ma vie. Pour commencer, la salle à réouvert au début de la semaine. J'ai évidemment d'abord eu une grande discussion avec Crimson quant à mon horaire que je voulais absolument changer avant de recommencer à travailler. Nous en sommes venus à un compromis. Je taff maintenant du dimanche au jeudi avec seulement deux soirs le mardi et mercredi pour garder les clients qui avait un horaire plus fixe que les autres. Durant la fermeture il en a profité pour engager deux autres entraîneurs qui ont débuté à la réouverture. Et je dois dire que je suis bien heureux d'avoir, pour une fois, mis un peu plus mon pied à terre et obtenu quasiment un horaire de travail que je qualifierais de parfait pour le moment. Le retour à un rythme de vie un peu plus normal sera plus facile de cette façon.

Ce qui me laisse du temps pour ma nouvelle occupation du vendredi soir. Jouer au top model à poil devant une classe entière composée d'une vingtaine d'étudiants. Car oui, j'ai accepté, avec plaisir cette fois, d'être le modèle principal jusqu'à la fin de leur session. Ce qui veut dire, en clair, que pour encore quelques mois je vais me foutre nu comme un ver à chaque fin de semaine et taper la pose. Parfois, pour changer un peu, Izuku viendra prendre ma place. C'est important pour les artistes de varier leur esquisse. Et le pire, ou le mieux, je ne me suis réellement pas senti obligé de répondre par l'affirmative quand leur professeur m'en à fait la demande il y à quelque jours. Après les dernières séances je me suis fait une drôle de réflexion et j'en suis venu à une évidence étrange. J'aime bien poser et inspirer leur travail du jour. Même si certains ont été chamboulés des changements au départ, plusieurs m'ont affirmé, comme Katsuki l'avait fait, que c'était super de pouvoir se perfectionner avec les détails de la musculature humaine comme la mienne. Je dois avouer que c'est un deux en un pour le coup. Si ma passion peut impacter celle des autres de façon positive, j'en suis plus qu'heureux. Peut-être y a-t-il une autre raison qui m'a poussé inconsciemment un peu plus vers le fait d'accepter cette situation saugrenue.

Ça n'a pas spécialement évolué entre nous durant les dernières semaines. Je le vois tous les vendredis au cours du soir bien sûr. Ensuite, comme la première fois, il me ramène avec  Denki au bar ou ont rejoint une bonne partie des autres élèves. On continue de discuter en apprenant à se connaître lentement mais sûrement. J'ai vite compris qu'il n'avait pas beaucoup de temps pour une relation dans l'immédiat. Il travaille dans le restaurant de ses parents plusieurs fois par semaine et le reste du temps, l'école prend beaucoup de place. Et c'est tout à son honneur. Il sait ce qu'il veut et ce qu'il doit faire pour arriver à ses fins. Ça ne me dérange pas non plus car je n'ai pas envie de me poser dans l'urgence. Ça me convient bien de se voir chaque semaine ainsi et l'endroit où je termine ma nuit n'est bien sûr pas à mettre de côté. Je crois que même sans se concerter, l'envie de continuer d'approfondir la connaissance du corps de l'autre s'intensifie de rencontre en rencontre. Il n'y à rien de mal la dedans après tout. Je suis jeune, je profite des occasions qui se présentent et dans l'instant celle-ci est tout particulièrement tentatrice.

C'est maintenant, alors que nous sommes en route pour le bar, que je me confirme dans le fait que ma nouvelle routine me va étonnamment mieux que celle d'avant.  Ça m'a permis de faire un max de nouvelles rencontres et, il faut le dire, après plusieurs mois à ne rencontrer que des nouveaux clients, tout ça me fait le plus grand des biens. Pendant mes vacances forcées, j'ai également profité de l'occasion pour revoir Hanta et Mina, qui avaient déménagé à quelques heures de notre ville. Quand le noiraud s'était fait offrir un poste qu'il attendait impatiemment, il n'avait pu le refuser, malgré la distance qu'il allait dorénavant devoir faire pour revenir à sa ville natale. Et bien sûr, comme mes seuls jours de congés avant se situaient en pleine semaine et que les leurs étaient plutôt classiques, il nous avait été impossible de nous voir dans les derniers mois. J'étais donc très heureux de pouvoir les voir après tout ce temps, il faut dire qu'ils m'avaient bien manqués ses deux crétins. Avec Denki, nous nous étions tous rencontrés en primaire et étions également allés au même collège et lycée. Ce n'est que lors de leur déménagement que nous avons dû nous séparer réellement pour la première fois. Ces deux jours passés avec eux avait été super! Et c'était avec une promesse de se revoir rapidement que j'avais reprit le train vers chez moi.

Katsuki :
Terminus les nuls!

Shoto :
Ta gentillesse me surprendra à chaque fois.

Katsuki :
T'as vu hein? Ba en attendant ma gentillesse, comme tu le dis si bien, ramène ton cul à chaque semaine!

Shoto :
Un point pour le grincheux.

Katsuki :
T'as dit quoi toi là?

Trop tard, Shoto était déjà filé sous les rires impossibles à dissimuler de Denki et moi-même. Qui ne firent d'ailleurs que redoubler après son regard qui ne faisait que confirmer le compliment, si l'on peut dire ça comme ça, de Shoto. Avant de lui laisser le temps de répliquer Denki et moi on emboîte le pas du bicolore. Mais à peine à l'intérieur que je reçois un message de Katsuki justement. Tiens? Je le croyais juste derrière nous.

〚  Conversation avec Katsuki Bakugo  〛

Y'a une urgence au resto de mes
parents. J'dois y aller. Tu peux faire
passer le message aux autres?
Reçu, 20:51

Ouais, sans problème.
✓ Remis, 20:52

J'voulais t'inviter en personne mais
vu la situation, demain matin, t'es
libre?
Reçu, 20:53

J'ai rien de prévu, nah. Pourquoi?
✓ Remis, 20:54

Ça t'dit de me rejoindre au café à
coté de l'uni à 9H? J'ai quelque
chose à te demander.
Reçu, 20:55

Bien sûr! On se voit demain alors!
✓ Remis, 20:56

À demain, tête d'ortie.
Reçu, 20:57

Eijiro :
Kats a du partir! Il y a une urgence au resto apparemment.

Denki :
Kats hein? J'crois qu'on va avoir une petite discussion toi et moi. Avant de rejoindre les autres on va aller s'asseoir un peu au bar tiens!

J'imagine qu'il ne me laissera pas éviter cette conversation. Alors je lui emboîte le pas et on s'installe à l'extrémité du bar. On commande la même chose que d'habitude et à peine assis que le blond me fixe intensément.

Eijiro :
Qu'est-ce qu'il y a? J'ai quelque chose sur le visage ou quoi?

Denki :
Mais non crétin. J'attends.

Eijiro :
Hein? T'attends quoi?

Denki :
Raconte-moi! Qu'est-ce qui s'passe avec Kats?

Eijiro :
Absolument rien. Pourquoi tu me demandes ça?

Denki :
Absolument rien tu dis? J'imagine que c'est pour rien qu'à chaque vendredi on vous voit vous éclipser ensemble alors? Sans compter qu'heureusement que t'est déjà à poil quand il s'pointe parce que je crois qu'il te déshabillerait lui-même!

Eijiro :
Très drôle, très drôle.

Denki :
Non mais c'est vrai quoi. Et tu crois que j'ai pas remarqué comment tu le regardais?

Eijiro :
Bon d'accord, c'est vrai qu'on se voit le vendredi après le bar pour eum, profiter. Mais ça s'arrête là. On ne sait jamais revu à un autre moment. Il a pas le temps d'avoir une relation et ça me convient parfaitement. Je profite de l'occasion avec lui le temps que ça dure.

Denki :
J'te parie c'que tu veux que ça s'arrêtera pas là tout ça.

Eijiro :
Personne ne sait ce que l'avenir nous réserve, c'est sûr.

Je ne peux m'empêcher de penser au message que Katsuki m'avait envoyé il y a quelques minutes. C'est bien la première fois qu'il me donne rendez-vous hors la sortie habituelle du vendredi. C'est intriguant, et même en y réfléchissant, je ne sais pas trop ce qu'il peut bien vouloir me demander. Je vais devoir attendre demain à mon grand damne.