Angelo Gotti
Flashback, San Pedro Docks, 23h30.
Je revois encore cette soirée, chaque détail gravé dans ma mémoire comme un mauvais rêve dont on ne se réveille jamais vraiment. Mon frère et moi, on était inséparables, un duo improbable dans le chaos de Los Angeles, mais c'était notre monde.
On n'avait pas toujours eu une vie facile, mais on s'était toujours trouvé. Depuis qu'on était petits, on se disait qu'on irait loin, qu'on sortirait de cette ville un jour, qu'on construirait notre propre monde loin de l'ombre de nos cauchemars. Nos rêves avaient toujours été simples mais puissants : un endroit où on pourrait respirer, où on serait libres, sans plus jamais avoir à se cacher.
La soirée, tout juste commencée, glissait doucement vers la fin. On s'était retrouvés tous les deux près des docks, à discuter de tout et de rien, comme à notre habitude. Je me souviens de son sourire, de sa voix tranquille, de sa manière d'affirmer les choses avec cette certitude tranquille qu'il avait toujours eu.
— T'as déjà pensé à ce que tu ferais si t'avais plus à t'inquiéter de tout ça ? me demanda-t-il en balançant un caillou dans l'eau, comme si c'était la question la plus évidente du monde.
Je le regardais, assis sur le muret, sa silhouette contre le ciel étoilé. Il avait cette façon de rendre chaque moment important, de transformer même l'ordinaire en quelque chose de précieux. On avait partagé tellement de moments comme celui-ci.
— Ouais, je me suis déjà dit qu'un jour, on pourrait partir ensemble, quitter LA, se foutre du reste. Un truc tranquille, tu sais, juste toi et moi, loin des conneries de papa, loin de tout ça. On pourrait ouvrir un petit restaurant, ou un café. Un endroit où les gens viendraient juste pour discuter, boire un café, et oublier tout le reste. Un truc à nous.
Il éclata de rire, ce rire qui avait toujours eu le don de me rendre plus léger. C'était le genre de rire qui vous faisait croire que tout était possible.
— T'es sérieux ? Un café ? Moi qui pensais que t'allais devenir avocat ou médecin ou je sais pas quoi de respectable. Un café, c'est pas mal... mais je vois pas le grand Angelo derrière le comptoir.
Je haussai les épaules, l'air faussement indifférent.
— Bah j'ai pas envie de bosser pour d'autres personnes toute ma vie. Et puis, imagine, on pourrait avoir une petite salle secrète, avec des trucs qu'on aime, des livres, des vinyles... Je sais pas.. C'est juste un rêve, mais un rêve où on serait ensemble. Toi et moi, rien d'autre.
Il posa son caillou et me regarda, un peu plus sérieux cette fois, ses yeux remplis de cette même certitude qui me faisait savoir qu'il croyait en tout ça, qu'il croyait en nous.
— Je suis là. Tant qu'on a ce rêve, on peut pas vraiment se perdre. T'es pas tout seul. Jamais.
Cette promesse, ces mots, résonnaient dans ma tête. Je savais qu'il voulait dire ça d'une manière tranquille, presque anecdotique. Mais moi, ça me touchait. Parce que c'était plus qu'une promesse. C'était un pacte, une assurance que peu importe ce qui allait se passer, on était ensemble dans tout ça. On était une équipe, une unité. Et rien ne pourrait nous séparer. Pas même notre père, pas même les putains de malheurs.
Car c'était lui et moi contre le reste du monde.
Mais tout s'effondra d'un coup quand mon téléphone vibra, m'arrachant à ce moment de tranquillité. La voix rauque de notre père, brisée et tremblante, me parvint à travers le combiné. Je devinais déjà ce qui s'était passé avant même qu'il ne finisse sa phrase.

VOUS LISEZ
Sparks of Attraction [ terminé ]
RomanceThe National intelligence and Surveillance Agency appelé NISA est l'agence de renseignement la plus réputée d'Hawaï, son rôle est de faire tomber la mafia qui y s'est installée depuis peu et ainsi faire régner la justice. Aurora Lombardi a tout sacr...