Alessandro Dimartino
Le silence est lourd. Pas de bruits, juste celui de ma respiration, plus lente maintenant que la douleur me laisse un peu de répit. Aurora est là, juste à côté de mon lit, toujours présente depuis l'instant où j'ai ouvert les yeux. Chaque jour, elle me rappelle que je suis encore en vie. Chaque jour, elle me redonne une raison de lutter. Mais à chaque fois que je croise son regard, une part de moi hésite à me laisser aller, une autre doute encore.
La brise qui entre par la fenêtre me fait frissonner légèrement, bien que la température dans la pièce soit agréable. J'observe ses cheveux, elle les a reteint en sa couleur d'origine, honnêtement c'est beaucoup mieux.
Assise sur une chaise près de moi, la ligne entre ses sourcils se fronce, signe qu'elle est complètement plongée dans son livre, mais au fond je sais qu'elle attend. Elle attend que je parle, que je fasse un mouvement, que je brise ce silence qui nous lie dans l'attente d'une guérison qui semble infinie.
Et pourtant, ce silence entre nous n'est pas pesant, il est confortable d'une manière étrange. Je suppose qu'après tout ce qui s'est passé, il reste une forme de complicité. Mais ce lien ne suffit pas pour effacer tout ce que j'ai traversé.
J'essaie de tourner la tête, mais la douleur dans mon cou me rappelle immédiatement ma condition.
« Encore trois semaines », je m'auto-persuade à voix basse.
Trois semaines avant de pouvoir marcher, trois semaines avant de retrouver un semblant de normalité. Mais le plus difficile reste à venir. La peur de revivre la scène, de revivre l'enlèvement d'Angelo, de revoir son visage froid, sans coeur, ses mains tremblantes d'une colère incontrôlable. J'ai vu les images de mon propre corps dans cet entrepôt, luttant pour respirer, coincé sous les débris, entouré de la promesse d'une mort violente.
J'ai vu aussi les souvenirs d'Aurora, ceux de notre époque à la NISA, avant tout ça. Ces souvenirs qui reviennent par éclats.
— Tu veux que je te parle de ce que j'ai lu ? Aurora me sort de mes pensées.
Elle n'a pas besoin d'attendre une réponse, elle sait que je vais répondre de toute façon. Elle a toujours su ce que je voulais avant même que je ne le dise.
— Je doute que tu puisses me donner le résumé d'un roman aussi bien que toi. Je souris légèrement, mais ma voix est faible, cassée. C'est elle qui me fait sourire, encore. Elle rit, un petit rire cristallin, une mélodie qui fait écho à quelque chose que je croyais oublié.
Je suis toujours aussi fan de son rire
— Tu dis ça parce que tu es jaloux de mon talent de narratrice. Elle fait mine de se redresser dans son fauteuil et imite un ton théâtral. Aurora, l'incomparable conteuse d'histoires.
Elle me lance un clin d'œil.
Cela me fait du bien, même si je n'arrive pas à chasser cette sensation de malaise dans mon estomac. Je veux croire que tout peut redevenir comme avant, que tout peut être léger, facile, sans cet horrible poids du passé. Mais c'est un combat quotidien contre les démons d'Angelo, contre la peur de ce qu'il m'a fait. Contre la peur de ne jamais réussir à dépasser ce traumatisme.
Je la fixe. Elle n'a pas changé, pas vraiment. La même détermination dans ses yeux, mais quelque chose a évolué. Est-ce moi qui la vois différemment, ou est-ce nous deux qui avons évolué sous le poids de tout ce que nous avons vécu ? Elle semble plus fragile, plus humaine, comme si le simple fait d'être là pour moi chaque jour l'avait marquée.
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Sparks of Attraction [ terminé ]
RomanceThe National intelligence and Surveillance Agency appelé NISA est l'agence de renseignement la plus réputée d'Hawaï, son rôle est de faire tomber la mafia qui y s'est installée depuis peu et ainsi faire régner la justice. Aurora Lombardi a tout sacr...