Sparks of Attraction [ terminé ]

43. Une deuxième famille

Alessandro Dimartino

La mer s'étend devant nous, tranquille et étincelante, mais l'air est lourd. Je fixe Aurora, son visage figée dans une expression que je n'aime pas. Elle serre son téléphone comme si c'était une arme.

Son silence est une torture.

— Dis-moi ce qui se passe.

Ma voix tremble, mais je m'efforce de rester calme. Elle ne me regarde pas, ses yeux fixés sur l'horizon comme si elle pouvait échapper à tout en plongeant dans cette mer infinie. Je la sens s'éloigner alors que je viens de lui confier mes sentiments.

— C'est ma mère. Lâche-t-elle en essuyant l'unique larme qui menace de tomber.

Un frisson me parcourt. Je connais assez cette femme pour savoir que rien de bon ne vient de ses messages.

— Qu'est-ce qu'elle veut encore ?

Aurora inspire, ses épaules se soulèvent sous le poids invisible qu'elle porte. Elle laisse passer un ange avant de répondre :

— Elle veut que j'exécute le sénateur.

Je reste interdit, mes pensées s'entrechoquent dans un chaos fébrile. Ce n'est pas possible, pas maintenant, pourquoi donner cette tâche horrible à sa propre fille ? Elle veut simplement la réduire à une âme sans coeur.

— Non, attends... tu parles du sénateur Leonard Reece ?

Elle hoche la tête, toujours sans me regarder.

Je me redresse, les poings serrés.

— C'est de la folie ! Aurora, tu ne peux pas faire ça !

Elle se retourne enfin vers moi, son regard brillant de douleur. Ses joues sont striées par les larmes, son menton tremble et je décèle un combat intérieur en elle.

— Si je ne le fais pas, elle s'en prendra à toi, à vous, Alessandro. Tu sais de quoi elle est capable.

— Et si tu le fais, c'est toi qu'elle détruira ! Tu crois que tu peux tuer un homme comme Reece et t'en sortir vivante ? M'écrié-je en passant nerveusement mes doigts dans mes cheveux.

Elle détourne les yeux, mais je m'avance, réduisant l'espace entre nous.

— Tu m'as promis qu'on affronterait tout ensemble. Pourquoi tu te tais maintenant ? Pourquoi tu te laisses manipuler comme ça ?

— Je n'ai pas le choix, Alessandro ! Sa voix éclate, écrasant le bruit des vagues. Tu crois que je veux faire ça ? Que je veux me salir encore les mains ? Mais elle me tient... Elle me tient et elle sait exactement où frapper. Si je désobéis, elle... elle...

Je prends son visage entre mes mains, l'obligeant à se relever et à me regarder.

— Non. Ça suffit. On trouve une autre solution. Tu ne vas pas te sacrifier pour ta mère.

Elle tente de se dégager en passant ses mains sur les miennes mais je ne la lâche pas.

— Ma colombe, écoute-moi ! Je t'ai déjà perdue une fois, je ne te perdrai pas encore. Pas comme ça. Je rétorque en collant mon front contre le sien.

Elle s'immobilise, mais je sens son corps trembler.

— Tu crois que c'est si simple ? Tu crois que je peux juste dire non et tout ira bien ? elle a déjà détruit tout ce que j'aimais une fois. Elle peut recommencer...