Chapitre 3 : Brume

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Septembre, New Haven

Nyx

- Merci pour la visite, ta maison est vraiment magnifique. Tu as très bon goût.

- Merci beaucoup, réponds-je avec un sourire. Je te sers un verre de vin ?

Isabelle s'installe tranquillement sur une chaise de la table à manger, posant délicatement son sac à main à côté d'elle, ses mouvements mesurés, empreints de cette élégance naturelle qui la caractérise.

- Avec plaisir.

Je me dirige vers la cuisine ouverte et attrape une bouteille de vin rouge que j'avais réservée pour l'occasion. Tandis que je la débouche avec soin, le léger "pop" du bouchon rompt le silence confortable entre nous. Isabelle me tend son verre, ses jambes élégamment croisées sous la table. Elle me remercie une fois servie puis je remplit le mien et m'assieds en face d'elle.

Elle attend que je sois installée pour lever son verre en ma direction, son regard empreint de complicité.

- À ta nouvelle vie de femme indépendante et au succès de ton premier livre.

Je souris et nous trinquons, le tintement des verres résonnant légèrement dans l'espace. Nous prenons toutes deux une première gorgée, savourant le vin. Je sens le liquide riche et velouté descendre lentement dans ma gorge.

Après avoir reposé son verre sur la table, Isabelle verrouille son regard au mien, son expression passant de détendue à plus attentive, presque perçante.

- Alors ce roman ? demande-t-elle enfin, d'une voix bienveillante, comme si elle savait déjà que ma réponse ne serait pas simple.

Je reste un instant silencieuse, faisant tourner le vin dans mon verre, observant les reflets rouges danser à la surface, comme si les réponses pouvaient y apparaître. Le poids de sa question réveille une tension latente en moi, celle qui ne me quitte plus depuis quelques semaines. Je finis par soupirer, levant les yeux vers elle.

- Je n'ai même pas encore écrit un mot, j'avoue enfin, ma voix marquée par la frustration. Je n'arrive pas à ordonner mes pensées. Je ne sais même pas par quoi commencer.

Mon éditrice et amie ne dit rien pendant un moment, absorbant mes mots, ses doigts jouant doucement avec le pied de son verre. Son silence n'est pas un jugement, mais une invitation à explorer ce qui me retient, comme si elle me donnait l'espace pour que mes propres pensées se déroulent lentement.

- Peut-être parce que celui-là est plus délicat à écrire pour toi, finit-elle par dire.

Je soupire en renversant la tête en arrière. Elle a raison. Ce livre n'est pas comme le premier. Il est différent. Il me touche plus profondément.

- J'ai cette histoire dans la tête, je la vis, je la ressens, mais dès qu'il s'agit de la mettre sur papier... c'est comme si elle se dérobait.

Isabelle me fixe, un mélange de compassion et de détermination dans son regard. Elle sait à quel point ce projet est important pour moi.

- Commence simplement par une scène qui te parle, un passage et ça débloquera peut-être la suite.
Je hausse les épaules, incertaine.

- Je ne suis pas sûr de pouvoir écrire cette histoire.

Elle ne bouge pas, mais ses yeux se fixent plus intensément dans les miens. Il n'y a aucun jugement dans son regard.

- Moi je pense que tu peux le faire. J'en suis sûr même. Regarde ton premier roman. Ça a été un succès. Tu as créé quelque chose de spécial et les gens l'ont ressenti.

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