Chapitre 1

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10 minutes. C'est le temps qu'il reste avant d'arriver chez mon frère.

L'assistante sociale m'accompagne chez lui. De ce que j'ai compris, puisque mon frère ne répondait pas au téléphone, il n'est pas au courant que je vais arriver. Ni même la raison pour laquelle je serai là. La loi a fait abstraction de son âge pour qu'il soit mon tuteur légal comme il est irréprochable aux vues de la justice et qu'il vit seul depuis ses 16 ans.

Quand il avait mon âge, il est parti de la maison sans aucun mot et sans jamais donner de nouvelles. Je suppose que c'est parce que nos parents étaient bien trop exigeants envers lui.

Malheureusement, en ayant agi ainsi, il y a eu des répercussions sur moi. Mes parents me répétaient sans cesse que tout était de ma faute, que je n'ai jamais été désirée et que je suis bonne à rien.
Ils ont commencé à lever la main sur moi à peine quelques semaines après son départ.
Je ne lui en veux pas du tout mais je sais que j'aurais du mal à le regarder dans les yeux ou à lui parler pendant un temps.

Le coup que fait la voiture en s'arrêtant me sort de mes pensées. En sortant de celle-ci, j'admire la maison. Elle est splendide.

En franchissant les quelques pas qui me séparent de la porte, je me demande s'il va me reconnaître. Ça ne fait que deux ans qu'on ne s'est pas vu mais j'ai énormément changé depuis. Je me suis coupée les cheveux en un carré court, j'ai pris 6 ou 7 cm et mes formes se sont développées. En effet j'ai une taille bien marquée et de belles fesses. J'ai une petite poitrine mais c'est ce qui fait mon charme. J'ai aussi de nombreuses cicatrices. La marque de brûlure du lisseur à ma mère est encore présente sur ma joue gauche, les cicatrices de brûlures sur mon cou causé par les cigarettes de mon père sont moins voyantes mais remarquables et les cicatrices sur tous mes bras et mon cou causées par les couteaux de cuisine me rendent tout droit sortie d'un film d'horreur.

Mme Macaulay, mon assistante sociale, frappe à la porte de la maison. J'entends des bruits de pas et mon pouls s'accélère. J'enfile ma capuche et je baisse la tête en jouant avec mes doigts.

La porte s'ouvre mais je préfère ne pas lever la tête.

-Bonjour, lance-t-il, je peux vous aider ?

-Bonjour, je me présente, je suis Eliana Macaulay, assistante sociale.

-Je ne comprends pas. Ça fait deux ans que je vis ici et c'est la première fois qu'on me fait le coup.

-Détrompez-vous je ne suis pas là pour vous faire revenir vers vos parents mais pour vous parler sérieusement. Vous avez dû remarquer que je n'étais pas venu seule. Pouvons-nous rentrer pour que je puisse tout vous expliquer ?

-Euh oui bien sûr entrez, dit-il confus.

Nous traversons l'entrée et nous nous assaillons dans un canapé. Il nous demande si on veut quelque chose à boire mais je ne réponds pas et Mme Macaulay refuse.

Elle lui a reproché que l'agence a essayé de le contacter ces trois derniers jours mais qu'il ne répondait jamais et il s'est défendu en expliquant qu'il était beaucoup occupé et qu'il n'avait pas reçu de notification d'appels manqués.

Je sens la main de Mme Macaulay sur mon dos et je sais que ça va être le moment de relever la tête. Depuis le début, elle est baissée. Je crains de revoir mon frère. Ou plutôt de voir son expression vu mon état.

-Bon, il est peut-être temps que vous sachiez la raison de notre venue.

Quand elle termine sa phrase, je lève la tête. Je croise ses yeux bleus qu'il tient de mon père et je perçois également son choc.
Je me retiens de pleurer. J'en ai l'habitude maintenant alors ce n'est pas vraiment compliqué.

InterditWhere stories live. Discover now