♕ 𝗖𝗵𝗮𝗽𝗶𝘁𝗿𝗲 𝟳

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Iyad

Et quel spectacle fascinant ! Un vaste marché, où chaque objet brille de mille feux, est soigneusement agencé sur des dalles de marbre enchâssées dans le sol, faisant office de tables. Les habitants, visiblement fortunés et épanouis, semblent tous baignés dans l'opulence ; il est curieux de ne croiser aucune âme en détresse ici. Peut-être est-ce dû au fait que nous sommes dans la capitale de Ruwz, me dis-je en poursuivant mon exploration suivi par les membres de ma famille.

À l'issue du marché, nos regards sont attirés par l'imposant Palais de Shawkatu Alfawläthi. Cette somptueuse bâtisse, érigée en forme de pique, se dresse avec éclat, révélant une architecture splendide.

Alors que nous nous rapprochons de la structure imposante, une multitude de soldats se profile, veillant sur cet endroit pour en assurer la sûreté.

Nous garons nos véhicules à proximité du bâtiment, quand l'un d'eux s'approche, exécutant un salut militaire avant de s'exprimer d'un ton résolu :

- Bonjour, monsieur Jawahir. Le roi de Ruwz vous attend avec impatience. Ne perdons pas de temps. Si vous le permettez, je vais vous amené jusqu'à lui.

J'acquiesce de la tête en signe d'approbation avant de le suivre.

Badr a dû demeurer au palais pour assurer le maintien de l'ordre à Jawdat pendant les festivités de mon nouveau mariage. D'ailleurs, je n'ai pas l'intention de m'éterniser ici indéfiniment. Mon désir est simplement de retrouver Néfertari et de quitter cet endroit qui me semble trop superficiel.

Bien que la façade extérieure soit d'une beauté saisissante, l'intérieur de ce château est d'une prétention et d'une opulence excessives à mon goût. Cet endroit regorge de potentiel, mais il est alourdi par une profusion de lustres et une décoration opulente qui lui ôtent son charme.

Je n'aspire pas à devenir un décorateur d'intérieur pour métamorphoser ce palais ; mon propre espace me comble amplement.

En réfléchissant à cela, nous sommes escortés dans des suites réservées aux invités. Chaque membre de ma famille a eu une suite qui leur convient parfaitement : Afzal et sa petite famille ont leur propre espace, tout comme Sirine et Rachid. Quant à moi, je suis le seul à profiter d'une suite en toute intimité, et je dois dire que c'est un vrai bonheur.

Je permets à ma famille de se détendre tandis que je suis le garde jusqu'à son monarque. Nous gravissons les escaliers, parcourant un long couloir, jusqu'à nous retrouver devant une imposante porte en bois de chêne marron.  En passant ce grand seuil, je me retrouve en face du souverain de Ruwz Kaïs Al-Khazrajy, confortablement installé sur son siège en cuir derrière un immense bureau en acajou d'un marron identique à la porte.

En faisant un geste de la main, il m'a convié à m'installer près des fauteuils, dans les mêmes nuances que son bureau en face de lui. Je m'installe dans l'un des sièges confortables sans faire plus de cérémonie.

En s'asseyant en face de moi, mon futur beau-père se rapproche de moi. Ensuite, d'un ton paternaliste, il me révèle ceci :

- Je suis conscient de ma lâcheté et de mon échec dans l'éducation de mes enfants, en particulier celle de Néfertari. Mon seul souhait est que tu prennes soin de ma fille de la manière dont tu aimerais qu'on prenne soin de la tienne plus tard. 

- Pour quelle raison réalises-tu maintenant que tu as été en tort pendant tout ce temps? J'ai posé la question en lui reprochant toutes les souffrances que sa dernière fille a dû endurer de sa part.

Il émet trois soupirs avant de mettre ses deux mains sur sa tête, le visage baissé.

- Je suis conscient du tort que j'ai perpétré de mes mains, j'ai été trompé par la femme qui est aujourd'hui ma favorite. As-tu remarqué le récipient posé sur la table basse?

En observant la table, je constate la présence d'une théière posée avec une seule tasse à l'extrémité de celle-ci. Ensuite, j'arrime mon regard au sien en le questionnant d'un ton moins dur.

- Qu'est-ce que cela signifie?

- Un poison mortel, particulièrement venimeux. Je suis au courant qu'elle a un complice au palais, et il s'agit d'Ania, mon amante.

- Comment pouvez-vous être si convaincu de votre fiabilité sur ce sujet ? Qu'est-ce qui vous pousse à me révéler tout, moi, votre ennemi ?

Il se redresse en me regardant avec moins de sévérité, avant de dire d'une voix brisée :

- Un certain Badr m'a fait parvenir un fichier. À l'intérieur, tous les chefs d'accusation ont été rapportés, accompagnés de preuves à l'appui. Ne manquez pas de le remercier de ma part. C'est un homme digne de confiance et fiable.

- Je ne manquerai pas de lui faire savoir. Soyez tranquille. Pourquoi me confier tout cela maintenant ?

- Il est important que tu veilles sur ma septième princesse, l'un des seuls joyaux encore purs de cette famille. Les demi-sœurs de Néfertari, Nesayem, Batoul et Rajiya, lui vouent une haine profonde et réclament sa mort.  En qualité de père, j'ai ignoré cela auparavant et j'ai réprimandé ma fille et la femme que j'aime pour un acte qu'ils n'ont pas perpétrés. Elles ne sont pas en mesure de me pardonner. Malgré tout, je vais faire un dernier geste pour la protéger, elle et ses autres sœurs.

- Autres sœurs ? Je l'interroge avec une mine surprise sur le visage qu'il y ait autant de filles.

Il rit doucement avant de dévoiler, d'une voix suave :

- Mes autres filles, Hajar, Mumtaz et Zaïna, ne sont pas du même avis que leur mère, Kamila Zeyad. C'est pour cette raison que je m'efforce de les marier afin de les éloigner de tous ces problèmes et de les protéger.

- Ça ne va pas suffire pour les sauver d'une mère aussi calculatrice qu'est Madame Zeyad. Il ne s'agit pas d'une mince affaire, avec tout le respect que je vous dois. Tout comme Wassila et Safiya, votre concubine est rusée. Expliquer la raison de cet empressement ne sera pas une tâche facile pour toi. Toutefois, un homme que je connais bien est actuellement à la recherche d'un remariage avec une femme de bonne famille. Mon oncle, Samir Hafeez, est un commandant exceptionnel qui a prouvé sa loyauté envers la famille Djalal pendant de longues années. Cependant, cet homme appartient à la même tranche d'âge que vous. Cela pourrait vous poser un problème.

- Effectivement, l'écart d'âge est trop important, et aucune de mes filles ne serait disposée à accepter un tel engagement, surtout s'il est arrangé.

Dès que le roi a fini son dire, une jeune femme à la chevelure brune et aux yeux polychromes fait son entrée dans la pièce. Elle s'assoit près du roi, en lui disant d'une voix pleine d'assurance :

- Père, je serais prêt à l'épouser si cela te convient. Je sais que tu endures depuis des années les conséquences de ton jugement hâtif envers notre jeune sœur Néfertari. Je perçois que tu ne veux que notre bien en nous liant à des hommes respectables.

Elle s'arrête un instant en ancrant son regard au mien avant d'affirmer d'une voix rassurante :

- Il a été dit par ton futur beau-fils qu'il était digne de confiance. Que te faut-il de plus pour que tu acceptes d'unir l'une d'entre nous à cet homme ?

- Mumtaz, mon enfant, crois-tu que le mariage est une affaire facile à gérer ? Cela demande beaucoup de réflexion. Un engagement représente une responsabilité qu'on doit assumer. Serais-tu prête ma fille à t'unir à l'oncle de cet homme, Samir Hafeez.

- Oui, je le suis, répond Mumtaz, ses yeux scintillant d'une détermination ardente.

La Favorite De L'Émir [𝐀𝐫𝐚𝐛 𝐊𝐢𝐧𝐠𝐬 ᵗᵒᵐᵉ ³]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant