NéfertariUn rire rauque s'échappe de mes lèvres entrouvertes par l'audace de ma demi-sœur Nesayem. Une réaction qui ne plaisait pas à ma belle-mère qui rejoint sa fille chérie venant à la rescousse de cette pauvre fille en détresse. Elle se place devant elle, face à moi, protégeant sa progéniture de ma prise.
Je la regarde avec une malice à peine dissimulée, avant de lui retorquer d'une voix modulée :
- Madame Zeyad, je constate qu'on défend sa petite protégée avec beaucoup de vigueur. N'ayez crainte, dès que je serai aux côtés de mon mari, c'est-à-dire dans exactement dix minutes et vingt-trois secondes, je disparais de votre existence à tous.
- Il est impossible de cacher ma joie de ne plus te revoir, chère belle-fille! Lance Madame Zeyad en me fixant de son regard vert et jaune avec des reflets bleutés.
- Je suis tellement excitée à l'idée de ne plus jamais croiser vos visages. Madame Zeyad, nous partageons des sentiments réciproques. Si je peux te donner une suggestion. Assures toi de marier Nesayem dès que possible, car elle a tendance à changer d'homme comme on change de tenue, afin de redorer l'image et l'honneur familial. Elle ne jouit pas d'une très bonne réputation dans la cour, et même si je suis la plus méprisée du royaume, je ne veux que du bien à mes sœurs. C'est ma dernière volonté à ton égard, chère belle-mère. Je lui fais savoir avant de me tourner vers Kaïs Al-Khazrajy, mon père et souverain de Ruwz.
- Père, suis-je autorisé à me rendre dans la salle de réception où Iyad Jawahir, l'émir de Jawdat, attend mon arrivée ?
En réponse à ma demande, il acquiesce d'un simple geste de tête avant de déclarer d'une voix autoritaire :
- Naturellement, Néfertari, mais tu seras escortée par Ania jusqu'à ton futur mari. Honore toujours ta famille, quelque soit l'endroit où tu te trouves. Ne ternis pas l'honneur de la famille, autrement je me ferai un plaisir de te tuer sur place !
- Je n'ai pas besoin d'être menacé par un père absent! Cependant, il n'y a aucune raison de craindre le déshonneur de ma part. Je resterai digne en toutes circonstances, sache-le ! Je conclus ma phrase avant de quitter la pièce, sans attendre l'indignation de mon père.
J'ai été accompagnée par ma servante personnelle dans le labyrinthe de couloir jusqu'à notre destination. Dès mon arrivée aux portes en marbre d'un noir intense, je remarque une plaque en verre portant l'inscription ''réception'' sur la première porte ouverte vers la gauche.
Juste à côté de la porte à droite se trouve un immense miroir. Je me rends à cet endroit pour m'assurer que mon apparence est impeccable. Je pousse un soupir de soulagement en constatant, avec surprise, qu'aucune trace de gifle ne se trouve sur mes deux joues. Je me précipite pour remercier mon Seigneur avant de franchir l'immense porte à gauche qui me mène à lui, mon futur mari.
Iyad
C'est enfin le jour tant espéré. Je me lève de mon immense lit vide avant de me précipiter vers la salle de bain pour prendre une douche agréable. Quelques minutes plus tard, j'en ressors avec une serviette nouée autour de mes hanches. Ma chevelure ondulée d'un brun ténébreux est mouillée, et quelques gouttes d'eau tracent plusieurs sillons humides sur mon torse robuste. Je m'approche de mon dressing pour enfiler ma tenue traditionnelle.
Je porte un qamis d'un blanc immaculé qui épouse parfaitement ma physionomie musclée, avec un keffieh blanc retenu par un agal argenté. Par-dessus ma tenue, j'enfile un bisht gris clair qui complète le tout. Je mets quelques touches de parfums sur certains endroits de mon corps, sur mon cou, mes poignets et sur les côtés de mes oreilles avant de quitter ma suite.
Arrivée dans le vaste salon du Palais, je fus surprise de voir mon frère, sa femme, ma sœur et mon beau-frère assisent sur le canapé onyx me regardant avec étonnement.
- J'ai loupé un épisode, Iyad ! Qu'est ce que tu fais habiller comme ça, tu vas te marier aujourd'hui ou c'est comment ? M'interroge Afzal en quittant à la hâte son siège pour se retrouver face à moi.
- C'est exact, répondis je en arrimant mes yeux verts aux siens avec détermination.
- N'as-tu pas déjà trois femmes à ta disposition ? Pourquoi prendre une quatrième épouse ? Demande Sirine en regagnant mon frère suivi de Rachid et d'Hind intrigués par ce revirement soudain.
- C'est Badr qui t'as révéler ça ! énonce je, agacé.
- On ne peux rien me cacher, tu le sais bien ! Tu comptais nous mettre au courant une fois le mariage achevé ! Expose mon frère aîné en me toisant de son regard bleuté.
- Je ne voulais pas vous déranger en plein voyage de noces, et ce fou de Kaïs Al-Khazrajy préparait une guerre derrières notre dos et j'ai agi en conséquence. Tu peux me blâme pour tous sauf pour mon action envers ma nation.
Afzal reste quelques instants silencieux ne me quittant pas du regard, les bras croisés contre son torse ferme. Sentant son irritation palpable, Hind pose une de ses mains délicates sur son avant-bras musclé ce qui l'apaisa instantanément.
- Ton frère a raison sur ce sujet, mon chéri. Iyad a agi avec bravoure pour protéger Jawdat et ses habitants. Cependant... Je ne saisis toujours pas pourquoi tu es vêtu en marié ?! Demande Hind en plongeant son regard miel dans le mien.
Je perçois tous les regards braqués sur moi, ce qui me fait légèrement courber les épaules en laissant échapper un souffle lourd de tension, avant de m'adresser à eux d'une voix pleine d'assurance :
- Comme je l'ai déjà évoqué il y a quelques instants, le roi de Ruwz a tenté d'envahir notre terre par la force, car une taupe a divulgué cette information cruciale à notre ennemi. Grâce à Badr, nous avons rapidement découvert qu'il s'agissait d'un serviteur de peu de valeur, soudoyé par ce dernier contre une somme d'argent faramineuse. Bien sûr, ce malheureux n'est plus de ce monde, si vous comprenez ce que je veux dire. Je dis cela en passant une main sous ma gorge, soulignant ainsi son sort fatal.
Puis je poursuis mon récit avec ces mots :
- J'ai immédiatement ordonné l'assaut contre Kaïs Al-Khazrajy, mobilisant nos troupes dans un périmètre de deux cents mètres autour de leur position. Ils ont été encerclés de toutes parts, et c'est ainsi que la guerre a été déclarée. La plupart des hommes de ce clan ennemi sont tombés sous le tranchant de nos lames aiguisées. Et tel un lâche, ce roi pitoyable a supplié ma clémence pour sauver sa misérable existence, ce que j'ai accepté en échange de l'une de ses filles, que je prendrai comme quatrième épouse. Aujourd'hui, je vais épouser Néfertari Al-Khazrajy, l'une des plus ravissantes filles de ce porc.
- Quoi ? Tu comptes épouser la fille de ton rival ?! Es-tu devenu fou, mon frère ! s'exclame Sirine en frappant ses mains sur ses hanches.
- On peut dire que c'est une manière de le garder sous mon emprise. Je lui fais croire qu'il a remporté cette bataille, alors qu'en réalité, il n'est qu'un simple pion que je manœuvre à ma convenance. Cependant, Néfertari a toujours été la femme que je désirais depuis longtemps, et je savais pertinemment que ce vieux crasseux allait me la refourguer, révèle-je en arborant un sourire carnassier.
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La Favorite De L'Émir [𝐀𝐫𝐚𝐛 𝐊𝐢𝐧𝐠𝐬 ᵗᵒᵐᵉ ³]
RomanceLa septième princesse de Ruwz est livrée en butin de guerre à l'Émir de Jawdat, Iyad Jawahir. Après cette défaite cuissante contre le royaume de Jawdat, le roi de Ruwz voulait solidifier leur relation ainsi que leur pouvoir en lui offrant la princes...