♕ 𝗖𝗵𝗮𝗽𝗶𝘁𝗿𝗲 𝟯

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Néfertari 

Assise sur le matelas de mon lit, je fixe la fenêtre en treillis où un magnifique couché de soleil surgit dans le ciel polychrome. Je laisse échapper plusieurs soupirs, priant mon Seigneur de m'accorder une existence meilleure aux côtés de cet homme qui a croisé ma route ici.

Mon père n'a jamais été tendre ni indulgent à mon égard. J'ai enduré son mépris sans raison, et je sais que madame Zeyad a joué un rôle dans cette triste histoire. Malheureusement, je n'ai aucune preuve pour l'accuser de tous ces griefs. Je risquerais alors d'être traitée de menteuse et d'être exilée loin d'eux, après avoir subi une humiliation cruelle devant une assemblée entière.

Kaïs Al-Khazrajy est un homme redouté dans cette contrée, mais depuis sa défaite humiliante face à l'Émir de Jawdat, de nombreux conseillers ont voulu le trahir. Hélas pour eux, ils ont tous été brûlés vifs sur la place publique, sous les cris horrifiés des habitants.

Je continue de méditer sur les événements récents et je dois avouer qu'Iyad Jawahir m'impressionne. À lui seul, il a réussi à faire plier le roi Ruwzain devant toute son armée. Un tel exploit frôle le miracle ; cet homme est sans doute un guerrier d'une force exceptionnelle. Notre Seigneur lui a accordé un don que la plupart des hommes de ce monde envieraient.

C'est sur cette réflexion que je m'étends une dernière fois dans mon lit, avant de quitter cette prison dorée à ciel ouvert. Mes paupières se ferment lentement, m'entraînant vers les profondeurs obscures du royaume des rêves.

Le lendemain, la même servante vient me tirer du sommeil avec sa voix stridente, insupportable. Seule moi connais le secret de cette créature vile. Ania, la maîtresse de mon père, n'est rien d'autre qu'un simple passe-temps pour lui, surtout lorsque madame Zeyad refuse de céder à ses désirs. Cette mégère se croit précieuse aux yeux de mon père, alors qu'en réalité, elle ne vaut guère plus qu'un jouet qui, une fois usé, sera jeté sans cérémonie.

Ania a deux ans de plus que moi, et je n'ai jamais croisé quelqu'un d'aussi imbu d'elle-même. Devant mon père, elle joue la fille modèle, mais dès qu'il a le dos tourné, elle se transforme en véritable peste. Ce qui préserve leur liaison secrète, c'est l'obsession de madame Zeyad à mon égard ; sinon, Ania aurait disparu depuis longtemps, ou pire. Honnêtement, je me moque de ce qui pourrait leur arriver, car ils méritent tous les deux de subir les conséquences de leurs injustices à mon égard pendant tant d'années.

Je fais un détour en contournant la dinde pour regagner la salle de bain pour prendre un bain. Une fois à l'intérieur, je tourne la clé dans la serrure, écartant ainsi toute chance qu'elle ne touche ma peau comme à son habitude. La sorcière se met à hurler derrière la porte, suppliant que je lui ouvre, mais je fais la sourde oreille, savourant chaque instant de mon bain chaud et réconfortant. Des pétales de fleurs aux fragrances délicates flottent autour de moi, me faisant presque oublié la folle qui tambourine à la porte.

Lorsque je pense avoir passé trop de temps dans la baignoire, je sors en enroulant une serviette autour de mon corps, atteignant mes genoux. En explorant l'espace, je cherche une paire de claquettes pour protéger mes pieds du froid glacial du carrelage en marbre blanc. Elle se trouvait près de la gigantesque baignoire en marbre onyx. Je les enfile rapidement avant de retourner aux côtés de la vipère.

Dès que la porte s'ouvre sur Ania, son visage fin est parsemé de rides, montrant sa colère à mon égard. Je la dépasse en faisant mine de ne pas l'avoir vu, avant de rejoindre ma modeste coiffeuse en peignant mes longs cheveux avec un peigne à demi-cassé que j'ai obtenu de mon père à l'âge de dix ans. Il demeure l'unique cadeau que mon père a daigné m'offrir suite à ça j'ai vécue par mal de mésaventures. 

Aujourd'hui marque la fin de mon sacrifice au nom du souverain de ma nation. À un âge précoce, j'ai été soumis à toutes sortes de tortures, en dehors du viol et de l'accusation d'adultère. Je suis reconnaissante envers Allah Azawajjal pour cette bénédiction. Sous le regard insistant d'Ania, je continue de brosser ma longue chevelure de jais, silencieusement. Juste après, je me dirige vers le dressing pour enfiler ma tenue traditionnelle sans l'aide de cette pimbêche qui m'aide en tant que servante personnelle. Une attitude qui ne la réjouit guère, Ania continue de fulminer seule dans son coin.

Ma tenue est une robe en velours bleu royal, agrémentée d'une broderie au motif fleuri faite à partir de fil d'or blanc en haut et en bas. Dotée d'une ceinture brodée au fil d'or blanc, avec la même finition que la robe. Un bijou frontal en argent qui orne l'intégralité de mon front, avec des motifs anciens composés de nombreux losanges bleus, verts et blancs, ainsi que des perles nacrées. Une coiffure typique de notre culture, composée de quatre fines tresses de blé agrémentées d'un alliage de bijoux de cheveux similaire au diadème qui entoure le haut de ma tête. En supplément, il y a plusieurs bijoux similaires embellissent mes poignets, le haut de mon bras et mon cou. Pour rester naturelle, je mets du khôl et un trait d'eye-liner à chaque œil, le tout sublimé par un rouge à lèvres rouge corail.

La sorcière qui était restée assez proche de moi a été submergée par ma transformation spectaculaire. Elle était incapable de ravaler sa jalousie à mon encontre, ce qui me fit encore plus rire. Un geste qui ne passa pas inaperçu pour Ania, qui me fixe intensément. Je l'ai ignorée délibérément avant de sortir de la suite avec cette furie à mes côtés. Je l'ai volontairement provoqué tout le long du couloir qui sépare ma chambre de la salle du trône.

Dès notre arrivée, le souverain Kaïs Al-Khazrajy est confortablement installé sur son siège imposant, escorté de sa favorite, Madame Zeyad, assise comme à l'accoutumée au siège adjacent. Cette autre sorcière ne se départit pas de son sourire abject. Mon père, qui est le souverain de ce pays, ne sait vraiment pas comment sélectionner les femmes qui lui plaisent. Il semble qu'il ait une préférence pour les vipères de la pire espèce. Ania se prosterne avec respect envers son amant et souverain, tandis que je demeure indifférente à cette comédie immonde. Il semble que Monsieur Al-Khazrajy ne soit pas content de ma rébellion à son égard. 

Actuellement, c'est le cadet de mes soucis et je ne fais rien pour arranger la situation. Ma désobéissance envers lui persiste, ce qui a attiré les foudres de ma belle-mère. Elle a immédiatement quitté son siège pour me donner une gifle violente qui me fait perdre l'équilibre. 

- Comment un parasite comme toi peut-il se permettre d'insulter ton père? Tu dévaloris toute la famille Al-Khazrajy par tes actes honteux ! S'exprime madame Zeyad en exhibant fièrement sa poitrine plantureuse en ma présence.

Ayant marre d'être le punching-ball de tout le monde, je lui assène une gifle en dévoilant d'une voix blanche :

- Tu fais complètement confiance à l'homme qui n'a pas hésité à te tromper avec Ania quand tu as le dos tourné.

La Favorite De L'Émir [𝐀𝐫𝐚𝐛 𝐊𝐢𝐧𝐠𝐬 ᵗᵒᵐᵉ ³]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant