Je glisse la clé dans la serrure, une clé lourde et vieillie par les années, et je me fige un instant avant de la tourner. En entrant, une vague d'humidité et de poussière m'envahit. L'air est glacé à l'intérieur, et le silence pesant m'accueille, comme si le chalet lui-même s'était figé dans l'attente. Je referme la porte derrière moi, tandis que je ne peux m'empêcher de tousser, mon nez me piquant à cause de la poussière.
La pièce principale est telle que je me l'étais remémoré, bien que plus sombre que dans mes souvenirs. Le mobilier modeste semble usé par les années. Le canapé en tissu est couvert d'un plaid écossais qu'on lui avait offert dans sa jeunesse et dont elle ne voulait pas se séparer, les vieilles chaises de bois entourent une table en bois ancien, et la cheminée en pierre, froide et vide, semble me fixer.
Tout respire l'abandon, comme si l'âme de ma grand-mère s'était envolée en laissant cet endroit orphelin.
Je reste debout un instant, incertaine de ce que je dois faire, submergée par une foule de sentiments contradictoires. Ce chalet, avec son odeur de bois et de cendre, évoque en moi tant de souvenirs. Des hivers passés ici, mais ces souvenirs me semblent flous, presque irréels. Comme si je les avais déjà laissés derrière moi il y a longtemps, sans savoir qu'ils étaient encore quelque part en moi.
Une brise glaciale s'infiltre par une fenêtre mal fermée, et je frissonne. Je réalise qu'il va falloir que je fasse un minimum de réparations si je veux trier les affaires de grand-mère. Mais le travail semble colossal... Le plancher craque sous mes pas, le bois des murs a besoin d'être traité, et certains volets sont à moitié arrachés. Sans oublier la cheminée, que je vais devoir rallumer pour réchauffer un peu cet endroit si je ne veux pas finir gelée !
Je décide finalement de poser mes affaires dans un coin et d'allumer un feu pour commencer. La cheminée est encrassée, et les bûches dans le panier semblent humides. Je fouille un peu pour en trouver une sèche et retrouve des allumettes et quelques morceaux de papier. Mes premières tentatives sont terribles, mais au bout de quelques minutes, des flammes vacillantes commencent enfin à réchauffer la pièce. Victoire ! La lueur du feu illumine doucement les murs, projetant des ombres qui dansent sur les vieux meubles tout en réchauffant enfin mon corps.
Je m'assieds sur le canapé, enveloppée dans mon manteau, et laisse mon regard errer sur les détails de la pièce. Quelques photos jaunies ornent les murs, des clichés de famille, des paysages enneigés, des fragments de vie figés à jamais. J'aperçois une photo de moi, enfant, sur les genoux de ma grand-mère, et quelque chose se serre dans ma poitrine. Je détourne les yeux, incapable de faire face à son visage que j'aimais tant, préférant me concentrer sur la chaleur qui émane de la cheminée.
Soudain, j'entends un bruit de pas dans la neige dehors. Mon corps se tend, guettant l'arrivée de quelqu'un. Peut-être un voisin ? Ou simplement un passant curieux de voir si quelqu'un a finalement repris le chalet. Je reste immobile, écoutant. Les pas s'éloignent. Le silence retombe, aussi épais que la neige dehors. Je ne m'essaie ni à sortir ni à regarder par la fenêtre, préférant imaginer que personne n'est au courant de ma présence pour l'instant.
Je me cale un peu plus confortablement sur le canapé, les yeux rivés sur le feu. Ce chalet a désespérément besoin de réparations. Je laisse mon regard errer autour de moi, détaillant chaque recoin du chalet pour évaluer ce qui m'attend. La liste des rénovations me semble infinie, et une vague d'appréhension me submerge. Chaque détail qui me saute aux yeux me fait comprendre que mon temps ici va être plus long que prévu...
D'abord, les murs. Le bois sombre, à l'origine réconfortant, a pris une teinte terne et abîmée par les années sans entretien. L'humidité s'est infiltrée à l'intérieur, y laissant une drôle d'odeur. Mon regard glisse ensuite au sol. Les planches grincent et se déforment sous mes pas, certaines lames de bois sont même légèrement décollées, et je devrai les recoller ou peut-être les remplacer. Puis, je jette un œil aux fenêtres. Il n'y en a que trois dans cette pièce, mais elles laissent entrer un froid mordant, s'insinuant par chaque interstice. Je m'approche de l'une d'elles et touche le verre : glacé, presque givré à l'intérieur. En regardant de plus près, je m'aperçois que le joint est craquelé, laissant l'air extérieur s'infiltrer sans entrave. Pour l'instant, je note mentalement "isolation des fenêtres" en haut de ma liste.
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Un noël sous les flocons
RomanceClaire, une citadine accomplie, revient dans sa petite ville natale de Winterbrook pour vendre le vieux chalet qu'elle a hérité de sa grand-mère. Bien décidée à ne pas s'attarder, elle retrouve cependant la chaleur du village, ses souvenirs d'enfanc...