Chapitre 4 - Le marché de Noël

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Je sens l'effervescence avant même de la voir. En longeant les rues pavées du centre-ville, je remarque une agitation inhabituelle, une sorte de frénésie douce qui se faufile dans l'air. Les premiers flocons de neige tombent doucement, recouvrant les pavés d'une fine pellicule blanche. La ville se couvre déjà de ses habits d'hiver, tandis que je resserre les miens contre mon corps pour me réchauffer. C'est comme si tout le monde se mettait en marche, prêt à plonger dans l'ambiance des fêtes. Je m'arrête un instant, l'air glacé vient s'écraser contre mon visage, laissant un petit sourire effleurer mes lèvres.

Pourtant... il me quitte aussi vite qu'il est arrivé alors qu'au loin, un chant de noël résonne entre les chalets du village.

Je n'aime pas Noël.

Pas du tout...

Je n'aime pas cette sorte de frénésie qui envahit la ville, cette obligation de célébrer quelque chose que je n'arrive pas à ressentir. Les foules qui se pressent pour acheter des cadeaux, les décorations excessivement brillantes, les chansons joyeuses... tout cela m'agace.

Et aujourd'hui, plus que jamais, la magie est à son apogée. Tous les passants que je croise ont des sacs colorés en main, montrant les achats qu'ils ont fait pour leur famille...

La famille...

J'hésite un instant à laisser cette pensée s'amuser avec mon esprit, mais je décide de la chasser le plus loin possible, au royaume de l'oubli.

Autant ne pas y penser, pour ce qu'il en reste.

Je continue ma marche, cherchant un petit commerce qui pourrait vendre des bûches. Celles du chalet ont toutes pris l'humidité et rien n'y fait, elles ne prennent pas feu. Je ne vais tout de même pas rester à attendre la mort ! J'ai été poussée, malgré moi, hors de mon plaid, dans ce village féérique... Près de moi, les étals commencent à se monter, les habitants mettent leur cœur dans ce marché. Je suis curieuse, bien que réticente. Ce marché de Noël, que tout le monde attend chaque année, m'intrigue tout de même. Je le vois, là, au bout de la rue, en train de prendre forme. Des tentes blanches se dressent lentement, des guirlandes de sapin sont accrochées çà et là, et déjà, les odeurs de vin chaud, de cannelle et de marrons grillés se mêlent dans l'air. Un parfum sucré, que je ne peux ignorer, comme les passants près de moi lorsque mon ventre émet un gargouilli.

Je comprends que je vais devoir faire un arrêt à un des stand qui vend de la nourriture de noël, car il n'y a que ça qui compte ici : noël...

Je m'approche de la place centrale. Le bruit de la ville est plus doux ici, presque apaisant. Un grand sapin trône au centre de la place, imposant, décoré de boules argentées et de guirlandes. Autour de lui, les stands sont installés, les artisans se préparent à commencer leur journée. Il y a des paniers de pain d'épices, des bougies parfumées, des jouets en bois, des écharpes tricotées à la main... C'est un spectacle de Noël comme les autres.

Rien de neuf.

Pourtant, quelque chose m'attire.

Je ferme les yeux un instant, respirant profondément. L'air est frais, presque glacé, mais la chaleur du feu de bois qui émane de la place me réchauffe. La fumée des marrons grillés se mêle au parfum de l'épice, et l'odeur du sapin frais envahit mes narines. Lentement, je m'approche du feu et commande un sandwich à la raclette, c'est ce qui fait le moins penser à l'esprit de noël. Parfait pour moi !

Je reste debout près du feu, où sont disposées des tables hautes, mais lorsqu'une famille avec trois enfants approche pour commander, j'en profite pour m'éclipser, de peur d'être dérangée par des petits lutins farceurs. Et moi... je n'aime pas ça. Ni les enfants, ni les farces.

Un noël sous les floconsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant